A la veille du sommet ordinaire de la CEDEAO qui devait se tenir, le lendemain 12 décembre 2021 à Abuja, AFRIKAJOM CENTER a adressé, le 11 décembre 2021, une recommandation de 16 points à l’endroit des chefs d’états et de gouvernements afin de revoir la gestion de l’organisation sous régionale sur les multiples défis que fait face l’espace commun. C’était en marge d’un webinaire organisé en partenariat avec OSIWA à Dakar, pour évaluer les 20 ans de pratique du Protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance.
Dans sa présentation, AFRIKAJOM CENTER a d’abord tenu à dépeindre toutes les lacunes et les difficultés dans le disfonctionnement de l’organisation de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Une situation qui place, selon lui, l’urgence et la nécessité de repenser son mode de fonctionnement au regard des données géopolitiques, technologiques, économiques, sociales et environnementales des pays membres de l’organisation. Pour faire face aux crises multiformes et complexes dont souffre la sous-région en générale, à savoir, la crise de l’état de droit, des droits humains, de la bonne gouvernance, de la sécurité, la crise sanitaire, environnementale qui menacent gravement la survie de certains Etats membres de la CEDEAO, AFRIKAJOM CENTER a fait une série de seize recommandations à l’endroit des chefs d’Etats et de Gouvernements de la CEDEAO qui doivent se réunir le 12 décembre 2021, en marge d’un Sommet ordinaire à Abuja.
Dans ces recommandations, AFRIKAJOM CENTER demande principalement aux décideurs de la zone CEDEAO de prendre, lors de cette occasion, des dispositions concrètes permettant définitivement de : repenser et réformer le modèle institutionnel de la CEDEAO qui ne répond plus à sa fonction et qui de plus en plus menace la viabilité des États et la capacité du leadership politique à faire face à ses obligations régaliennes de protection des populations civiles et d’assurer la sécurité des biens ; Renforcer les mécanismes de surveillance et de mise en œuvre des dispositions pertinentes du Protocole sur la gouvernance et la démocratie, relatives à la protection des droits humains et de l’espace civique, à la lutte contre la corruption et l’impunité ; Redynamiser et renforcer par des moyens conséquents sur tous les plans la force en attente de la CEDEAO, afin de donner une réponse régionale collective, coordonnée et efficace qui tienne compte fondamentalement de la sécurité humaine et qui est attendue par les populations de la CEDEAO contre les menaces terroristes ; Coordonner l’action des interventions multilatérales sur le terrain et garantir une meilleure coopération sécuritaire de la communauté internationale entre les forces de défense et de sécurité pour éviter les compétitions géopolitiques qui pourraient contribuer à la dégradation de la sécurité dans la région ; Intégrer le principe de la limitation des mandats présidentiels à deux afin de renforcer l’Etat de droit et de prévenir les crises liées à l’instrumentalisation de la Constitution pour faire sauter le verrou de la limitation de mandats, qui constituent des sources profondes d’explosion des violences et tensions politiques et pire des coups d’états militaires ; Considérer les coups d’états constitutionnels et les coups d’états électoraux comme des ruptures de l’ordre constitutionnel au même titre que les coups d’états militaires et d’en tirer toutes les conséquences. L’opinion africaine considère comme un paradoxe de voir un leader politique qui arrive au pouvoir par un coup d’état constitutionnel ou électoral, participer aux sanctions infligées aux auteurs de coups d’états militaires ; Renforcer les capacités et l’indépendance de la commission de la CEDEAO et notamment de la commission paix et sécurité pour lui permettre d’agir efficacement sur les atteintes de toutes natures au Protocole sur la gouvernance et la démocratie, relativement aux questions politiques touchant l’état de droit, la démocratie et les élections, les droits humains et l’espace civique qui subissent dans la sous-région des attaques sans précédent ; Renforcer l’intégration régionale et la solidarité des Etats face aux mutations géopolitiques et sécuritaires en nommant un ministre des relations extérieures et un ministre de la défense de la CEDEAO ; Développer un leadership du Président de la Commission ; Renforcer les prérogatives du Parlement de la CEDEAO par l’élection des membres au suffrage universel afin de leur donner plus de légitimité et plus de pouvoirs de contrôle de l’exécutif de la CEDEAO ; Renforcer les règles de sélection des juges communautaires et augmenter la durée de leur mandat et garantir absolument la mise en œuvre effective des décisions de justice de la Cour par un mécanisme plus approprié ; Réduire de façon significative les inégalités et fractures sociales par l’élaboration de politiques publiques qui prennent en compte de façon effective la redistribution équitable des ressources par l’inscription de la démocratie budgétaire dans un acte législatif de la CEDEAO ; Promouvoir de façon effective les droits des femmes par une politique qui garantit la parité effective au sein de tous les organes de la CEDEAO, et au sein des institutions de Etats membres ; Promouvoir une politique communautaire efficace et effective d’accès à l’éducation et à l’emploi des jeunes ; Promouvoir et protéger une société civile ouest-africaine, dynamique, responsable, compétente et représentant les communautés, les sensibilités et lui permettre d’assister et d’intervenir aux différentes manifestations de la CEDEAO et Assurer à la société civile ouest-africaine les moyens conséquents de son fonctionnement et de son indépendance d’action par une ouverture de l’espace civique sur tout l’espace de la CEDEAO.
Issa Djiguiba
Source: LE PAYS