Guillaume Ancel, un ancien officier de l’armée française, auteur du livre « Rwanda, la fin du silence », a révélé, au cours d’un de ses passages sur France 24, le funeste rôle de la France dans le génocide rwandais en 1994. Cette France doit-elle encore mériter la confiance des peuples du Sahel qu’elle dit vouloir sécuriser ?
Sans tabou, cet ancien officier de l’armée française a dévoilé comment son pays a déstabilisé le Rwanda. Dans son intervention, même si Guillaume Ancel reconnait qu’il y a eu un aspect humanitaire dans l’intervention française au Rwanda, il affirme que l’intention était de remettre au pouvoir le gouvernement qu’elle soutenait depuis quatre ans. Plus grave encore, il affirme que le camp que la France soutenait était le seul pouvoir qui commettait de génocide. « Nous sommes entrés du côté des génocidaires. Et moi, ma première mission, qui était ma spécialité à l’époque, c’était de guider les frappes aériennes sur le terrain », explique M. Ancel qui ajoute que les frappes aériennes fonctionnent.
L’ancien officier français va loin dans les révélations. « J’avais été intégré dans une unité de combat de la légion étrangère et l’ordre préparatoire que nous avions reçu c’était de mener un raide terrestre sur Kigali pour reprendre la capitale du Rwanda et remettre en place le gouvernement de l’époque en faisait totalement abstraction que ce régime était génocidaire », a-t-il déclaré. Il ajoute : « On a essayé de rentrer du côté des génocidaires, on a essayé de les remettre au pouvoir et assez tard dans l’opération, on arrête ces actions offensives contre le FPER au moment où ils vont se déclencher ».
Selon lui, l’Élysée, en ce moment, a pris peur que la France soit condamnée pour complicité de génocide. « Et on a fait quelque chose de terrible, on a créé une zone humanitaire qui n’était sûre que pour les génocidaires et qui leur a permis de partir se réfugier tranquillement en RDC », relate Guillaume Ancel. Selon lui, la France a livré « des armes aux génocidaires dans les camps de refugié alors qu’on était sous embargo de l’ONU ». Selon cet ancien officier, l’Élysée donnait des ordres pour continuer de livrer des armes dans les camps des réfugiés en allant contre la plus évidente éthique des officiers français. « Ce que nous avons fait est qualifié de complicité de génocide », précise-t-il.
Guillaume Ancel a exprimé son regret d’avoir participé au seul génocide qu’on aurait pu éviter. « Moi, ce que je voudrais est qu’on ait le courage de regarder la réalité en face et de reconnaitre nos erreurs. Ce que j’espère est que le président Macron aura le courage d’ouvrir les archives et de laisser les Français juger de ce qui s’est passé dans une opération menée en leur nom. Cela nous permettra aussi d’honorer la mémoire des millions de victimes que nous n’avons pas su empêcher », a-t-il laissé entendre.
Aujourd’hui, le Sahel, confronté à un défi sécuritaire, doit-il avoir confiance en cette France ?
B. Guindo