L’honneur rendu au général Moussa Traoré (paix à son âme) par les plus hautes autorités de la transition à travers son choix comme parrain de la 45e promotion de l’EMIA (École militaire interarmes) de Koulikoro vendredi dernier semble avoir du mal à passer dans certaines chapelles vindicatives. Ruminant rancœurs, aigreurs et éternel désir de vengeance, ils pensent que c’est une faute de la Transition de «réhabiliter un dictateur comme Moussa Traoré» et un pied de nez aux Martyrs de la répression.
Dans cette récrimination politicienne infondée, votre journal, le Quotidien des sans voix, est brulé sur le bucher de l’inquisition pour apologie de la dictature. Mais comme par le passé, Info-Matin assume ses prises de position et reste intraitable sur les faits. Ni invention ni distorsion, uniquement les faits. Et sur les faits, nous persistons et signons que le général Moussa Traoré (paix à son âme), ancien président de la République, a été un patriote et un républicain.
Voilà une semaine qu’a lieu la cérémonie de sortie de la 45e promotion l’École militaire interarmes (EMIA) de Koulikoro, cérémonie qui s’est déroulée solennellement sur l’esplanade du Centre de Formation Boubacar Sada Sy, sous la haute présidence du Président de la Transition, le Colonel Assimi Goita, qui avait à ses côtés le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga ; le président du Conseil National de Transition (CNT), le colonel Malick Diaw ; le ministre de la Défense et des anciens combattants ; le colonel Sadio Camara, plusieurs autres membres du gouvernement et hauts responsables militaires.
Au-delà des invectives des réseaux sociaux ou téléphoniques, à notre connaissance, aucune chapelle hargneuse n’a daigné porter sur la place publique sa contestation et outrage qu’elle ressent pour les Martyrs à travers le choix du général Moussa Traoré comme parrain de cette promotion. Est-ce par peur de contester la décision du chef suprême des armées ou de pouvoir porter la contradiction sur le patriotisme et républicanisme de l’ancien président du Mali ?
En tout cas, à Info-Matin, nous n’avons pas peur d’affirmer et d’assumer, sur les faits et suivant notre conviction, que l’ancien président du Mali, le général Moussa Traoré (paix à son âme), était un patriote et un républicain ; puisque démocrate est un terme subjectif nous en faisons économie.
Témoignant à la suite du décès de son vieux compagnon d’armée, le général Moussa Traoré (paix à son âme), le 15 septembre à Bamako à l’âge de 83 ans, le colonel Missa Koné a dit la nation a «(Nous avons) perdu en lui (Moussa Traoré) un homme de vérité, un homme complet, un homme réellement patriote» et le général Amadou Toumani Touré (paix à son âme) qui l’a renversé le 26 mars 1991 a salué en lui «un homme de confiance». Loin du narratif prêt à réciter comme un perroquet des démocrates convaincus et patriotes sincères, beaucoup s’accordent à dire qu’au-delà de tout ce qu’on peut lui reprocher, Moussa Traoré aimait son pays et l’a servi avec dévouement et loyauté, intégrité et rigueur. Grand chef militaire, il a été un formateur et un conducteur d’hommes.
Pour les plus hautes autorités militaires, le choix de feu Général d’Armée Moussa Traoré (paix à son âme) comme parrain de la 45e promotion de l’EMIA rend hommage non seulement à un officier de mérite, mais aussi à un digne fils du Mali, qui a consacré sa vie à l’œuvre nationale pour le bien-être de son peuple. C’est pourquoi le chef d’état-major des armées a invité les jeunes officiers à s’approprier les qualités et les valeurs de cet homme d’État et de cet Officier général.
Pour le chef suprême des armées, le colonel Assimi Goïta, chaque génération doit avoir des repères, des modèles qui leur serviront de sources d’inspiration dans les actions qu’elle doit poser. Une génération en manque de modèle réussira difficilement son ascension. L’armée ne fait aucunement exception à cette règle. D’où l’importance de leur choisir pour parrain des hommes valeureux qui se sont sacrifiés pour la reconstruction de l’outil de défense. C’est pourquoi le chef suprême des armées a exhorté les récipiendaires de cette 45e promotion à plus d’engagements, de détermination, d’abnégation et aussi de don de soi afin de mériter la confiance du peuple malien. Ils doivent surtout servir de modèle pour leurs subordonnés.
Selon lui, feu Moussa Traoré (paix à son âme) était un général très valeureux, intègre, patriote et qui a consacré son temps au renforcement de l’outil de Défense de son pays. Le Chef suprême des Armées a précisé à cet effet que « la reconnaissance du mérite est l’une des valeurs cardinales au sein des Forces Armées Maliennes, raison pour laquelle nous avons souhaité honorer le général d’armée Moussa Traoré, car nous retenons de lui un général valeureux, intègre, patriote ; un général qui a consacré son temps au renforcement et à la construction de notre outil de défense ».
Est-ce par populisme que le Président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, a soutenu ce vendredi 1er septembre que le général d’armée Moussa Traoré (paix à son âme) était un officier général qui a consacré sa vie à l’œuvre nationale pour le bien-être de son peuple ? Incapables d’opposer la rengaine à Assimi Goïta, on veut s’en prendre à Info-Matin d’avoir rendu hommage à l’ancien président ! La courte échelle. ‘’Bo be kari a yoro fegueman de la’’, disent les bambara. Mais ils ne perdent rien pour attendre.
Ceux qui se livrent à des esclandres, Moussa Traoré est un dictateur, Moussa Traoré est un autocrate, Moussa Traoré est un tortionnaire… peuvent-ils seulement contester qu’il a été un patriote. Si on s’accorde bien sur ce que c’est le patriotisme : un sentiment partagé d’appartenance à un même pays, la patrie, sentiment qui en renforce l’unité sur la base des valeurs communes. Il conduit à ressentir de l’amour et de la fierté pour sa patrie. Le patriote est prêt à se dévouer ou à se battre pour elle afin d’en défendre les intérêts. Pour le soldat, le patriotisme est le sens moral qui le pousse à combattre pour défendre son pays, plutôt qu’à céder aux attaques de l’ennemi.
Peuvent-ils contester que le général Moussa Traoré (Paix à son âme) était connu pour sa rigueur professionnelle et son respect des principes militaires et qu’il a toujours répondu au nombre des premiers présent chaque fois que la patrie lui a fait appel ? Jeune officier de l’armée française, c’est lui qui a conduit en 1961 le contingent des soldats maliens qui ont envoyé un message de soutien aux nouvelles autorités du Mali indépendant, avant de conduire personnellement le groupe de militaires qui avaient démissionné de l’Armée française pour rejoindre celle du Mali. A la naissance de notre armée nationale, le lieutenant Moussa Traoré a été ensuite envoyé en Afrique australe, notamment en Tanzanie, pour former les combattants des Mouvements de Libération dont ceux de l’ANC, la SWAPO, le MPLA, FRELIMO, etc.
Peut-on contester que c’est lui, le lieutenant Moussa Traoré qui, pour la création de la monnaie national (franc malien), a été chargé de convoyer dans le plus grand secret les premiers billets du nouveau franc jusqu’à destination, juste avant le discours historique du président Modibo Keita (30 juin 1962) sur le changement de monnaie qui sera effectif dès le lendemain 1er juillet 1962. Ce n’était pas sûrement à un officier félon que le président Modibo Keïta allait confier cette mission hautement patriotique.
Panafricaniste convaincu, le président Moussa Traoré (paix à son âme) a été à l’initiation ou fondateur de la plupart des Organisations sous régionales, régionales ou africaines (CEDEAO, LIPTAKO- GOURMA, OMVS, CILS, ANAD etc.). Il contribuera à renforcer, à diversifier et à densifier le soutien du Mali à tous les Mouvements de Libération nationale en Afrique, par des soutiens multiformes (armements, humains, finances et autres matériels, diplomatie, politique, etc.).
Trente ans (30) après sa chute, ne faut-il pas tourner la page, le temps ayant fait depuis longtemps la prescription, et lui-même faisant désormais face au jugement d’Allah ?
Du fond de sa tombe, Moussa Traoré, a pour oreiller quelques versets du Coran dont : « Dis: «Je m’appuie sur une preuve évidente de la part de mon Seigneur, et vous avez traité cela de mensonge. Ce (le châtiment) que vous voulez hâter ne dépend pas de moi. Le jugement n’appartient qu’à Dieu: Il tranche en toute vérité et Il est le meilleur des juges» (6 : 57 ) et «Est-ce donc le jugement du temps de l’Ignorance qu’ils cherchent? Qu’y a-t-il de meilleur qu’Allah, en matière de jugement pour des gens qui ont une foi ferme ? » (5 : 41-50).
Mais avant de le rejoindre là où les preuves sont implacables et où nulle malice ne prospère, qu’on prenne la peine de vérifier les listes des victimes et des Martyrs de Moussa Traoré pour les expurger des mensonges et des calomnies. Après cette opération de salubrité morale, qu’on ait le courage de les comparer à la longue liste des victimes du régime socialiste de Modibo Keita. Nous n’évoquons pas seulement la mémoire de Fily Dabo Sissoko, de Kassoum Touré, de Hamadoun Dicko et de leurs compagnons assassinés froidement et qui jusqu’ici (60 ans) n’ont pas eu de sépulture ; nous parlons aussi du massacre de Sakoïba qui n’a rien de commun avec les faux-cadavres du 22-26 mars, dont certains ont été écrasés par des sacs qu’ils tentaient de voler.
On ne règne pas innocemment ni impunément. Mais clameur publique ne devrait pas l’emporter sur les faits et la vérité historique. La plupart de ceux qui ont dirigé les pays africains au temps de Moussa Traoré sont taxés d’être des dictateurs. Ils ont été déboulonnés, jugés et condamnés. Ils ont pour la plupart payé leurs dettes à la société.
Ce n’est pas le colonel Assimi Goïta qui a commué sa peine en détention à perpétuité en décembre 1997 après sa condamnation en février 1993 à la suite du procès crime de sang. Mais bien Alpha Oumar Konaré, le candidat du Mouvement démocratique. C’est lui également qui l’a gracié en 2002 après sa condamnation à la peine capitale pour «crimes économiques» en 1999.
Le président réélu pour un second mandat dans la douleur et la contestation (presque seul dans la course), Alpha Oumar Konaré avait annoncé le lundi 8 décembre 1997 soir qu’il avait commué la peine de mort touchant au Mali 21 détenu, dont l’ancien président Moussa Traoré, en détention à perpétuité et donnait les raisons : «Je suis de façon absolue contre la peine de mort et je demande à Dieu de ne jamais me donner la force de l’appliquer», a déclaré le chef de l’État dans un discours télévisé».
Mais voilà, derrière la rhétorique vertueuse et généreuse, et sa conviction abolitionniste que nul ne lui dénie, il y avait l’équation morale de Moussa Traoré, pour le président Alpha comme une patate chaude dont il fallait se débarrasser pour son image de démocrate accompli. La question est pourquoi ceux qui s’opposent aujourd’hui à l’hommage rendu au général Moussa Traoré (paix à son âme) n’ont pas cru devoir protester contre cette remise de peine ?
Condamné à nouveau à la peine capitale pour «crimes économiques» le 12 janvier 1999, il est gracié en 2002. Prérogative présidentielle par laquelle est remise la totalité ou une partie de la peine, mais la condamnation reste néanmoins inscrite au casier judiciaire et diffère ainsi de l’amnistie, qui est étymologiquement un « oubli ». Elle n’a pas fait l’objet de contestation à notre souvenance. Alors, pourquoi aujourd’hui des esprits rancuniers pensent que la République ne devrait pas honorer le général Moussa Traoré ?
La Rédaction
Info Matin