Quitter Gao pour Sévaré par la route relève d’une « mission commando ». Après un voyage de 3 jours sur une route pleine de crevassée, boueuse, avec un risque d’attaque aux engins explosifs, le blogueur Anassa Maïga nous propose le récit du périple des tous les dangers.
Gao, cité des Askia. Il est 5h30. Les premières lueurs du jour laissent place à une pleine lumière. Nous quittons Gao pour le poste de Wabaria où nous devons attendre l’escorte militaire qui doit accompagner le convoi d’une dizaine de bus.
A 7h30, nous quittons le poste de Wabaria après une attente de plus d’une heure. « Nous avons été très chanceux aujourd’hui. D’habitude, l’escorte ne quitte le poste qu’aux environs de 11 heures. Souvent, l’après-midi. Les militaires prennent tout leur temps avant de rejoindre les bus à escorter », me dit un ami, qui a l’habitude d’emprunter cet axe.
Cela est compréhensible, parce que les militaires n’ont pas le temps de se reposer lorsqu’ils reprennent la route. Ceux qui conduisent les bus jusqu’à Hombori retournent à Gao avec d’autres bus qui les attendent des jours durant pour passer.
Le problème de tous les bus
Quelques temps après avoir quitté Hombori, un des bus du convoi tombe en panne. Les autres sont obligés d’attendre sa réparation. Cette panne a duré plus de trois heures. Ce qui réduit nos chances de passer la nuit à Hombori. Nos chances d’arriver à Bamako le lendemain sont aussi compromises. Nous arrivons enfin à Gossi, dans le cercle de Gourma Rharous, aux environs de 16 heures. Nous apprenons malheureusement qu’on doit y passer la nuit avant de continuer le matin. « Ce n’est pas sûr d’arriver à Hombori avant la tombée de la nuit et nous ne pouvions pas prendre le risque de rouler en pleine nuit. La zone située entre Gossi et Hombori est la plus dangereuse du tronçon », me chuchote un autre passager.
Nous avons repris la route à 6 heures après une nuit épouvantable à Gossi, sous la pluie, les moustiques, la fatigue et l’insomnie. En plus des risques d’attaque, c’est aussi la partie la plus impraticable de l’axe Gao-Sévaré, difficile de rouler aisément.
Nous avons atteint Hombori vers 11h30. Nous y avons juste pris le temps de laisser ceux qui y descendaient, prendre ceux qui y embarquaient et faire le ravitaillement en carburant.
Hombori – Sévaré sans escorte
Nous reprenons la route pour Sévaré à 11h50, cette fois-ci, sans nos amis militaires qui doivent rebrousser chemin pour retourner avec ceux qui vont à Gao.
Nous ne risquions peut-être plus de nous faire attaquer, braquer ou pire sauter sur une mine. Mais la piste détériorée ne vaut guère mieux. Avec la pluie, c’est encore pire. La route risque d’être impraticable. Entre Hombori et Boni, nous avons fait deux heures pour 40 kilomètres. C’est à partir de Konna, dans la région de Mopti, qu’on commence enfin à voir la vraie route, la route goudronnée sans crevasses.
Des pickups proposent aux passagers un transport en toute sécurité pour arriver à Gao et éviter de passer des jours à Hombori. Certains soupçonnent ces derniers d’être derrière cette insécurité sur l’axe pour en profiter. « Une chose est sûre, ces pickups ne sont jamais attaqués contrairement aux bus. », me confie un ami avec lequel j’ai fait ce périple.
Source: Benbere