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Gabon : Quelle chance de succès pour la médiation de l’Union africaine?

C’est ce jeudi 8 septembre que l’Union africaine (Ua) se rend finalement au Gabon, pour tenter de dénouer la crise post-électorale. Idriss Déby, président en exercice de l’Union, conduit lui-même la délégation dans laquelle émergent Denis Sassou N’Guesso et Macky Sall, avec la lourde mission de ramener la paix entre les frères ennemis gabonais. Mais la composition de cette médiation laisse pantois. Que peut-on attendre de Déby et de Sassou dans une crise post-électorale gabonaise?

 idriss deby itno president tchad union africaine ua

Après plusieurs jours de tergiversation, l’Afrique a fini par se décider à aller au chevet du Gabon malade. Le silence radio des observateurs de l’organisation et son communiqué à la tonalité douteuse laissaient planer un doute sur la position de l’Ua. Jusqu’ici, c’est l’Union européenne, qui a déployé une impressionnante artillerie d’observateurs sur place, qui lui dame le pion, dans une élection qui concerne l’Afrique au premier chef. Suffisant pour certains observateurs de traduire le silence retentissant du continent comme une sorte d’embarras, convaincu des jeux flous du camp présidentiel. Au demeurant, on se demande quels moyens l’Ua a pu mettre à la disposition de ses observateurs, souvent à la solde des chefs d’Etat sortants. Après quelques jours de ping pong entre la commission et la présidence, le président en exercice a fini par se résoudre à conduire lui-même la mission de bons offices, secondé de Denis Sassou N’Guesso et de MackyDall Sall.

Un paradoxal attelage de médiation

“Si la cour du mouton est sale, il ne revient pas au cochon de lui demander d’aller balayer” dit un adage populaire africain. C’est Ali Bongo qui va se frotter les mains, pour savourer ce pain béni que lui envoient Idriss Déby Itno et compagnie. En effet, dans cette composition pour le moins curieuse, on retrouve deux présidents en mal avec leur peuple, en matière électorale. Quelle crédibilité pour une médiation de Denis Sassou N’Guesso  et Idriss Déby Itno, deux présidents récemment proclamés vainqueurs à l’issue d’élections calamiteuses et largement contestées dans leur pays respectif? En outre, quelle hauteur d’esprit espérer de Denis Sassou N’Guesso, beau-frère d’Ali Bongo, face au frère de son épouse et fils de son ami? A y voir de près, la présence dans cette délégation de Macky Sall, seul chef d’Etat d’origine ouest-africaine et seul élu dans les règles de l’art, n’est qu’un gadget. À l’analyse, cette médiation forcée de l’Union africaine est une comédie de mauvais goût avec des acteurs dont on peut prédire la ligne de défense, au regard de leur propre parcours. L’Union africaine, considérée par nombre d’observateurs comme un syndicat de chefs d’Etat mal élus, s’en irait ainsi entériner la réélection de Bongo fils. Au meilleur des cas, elle pourrait négocier avec Jean Ping, l’intégration de ses éléments dans un gouvernement d’union nationale comme c’est souvent le cas. Une nouvelle couleuvre a faire avaler au peuple gabonais, qui voit apparemment venir le spectre d’une autre longévité au pouvoir du fils de celui dont il n’a pas pu se débarrasser un demi-siècle durant. Le timing choisi pour cette médiation paraît d’ailleurs bien orchestré. Anticipant la confirmation de l’élection de Bongo par la cour constitutionnelle dont le verdict est attendu pour le même jour, Idriss Déby et Sassou N’Guesso vont eux aussi emboucher la trompette de la légalité. A moins d’un miracle, l’Union africaine s’en va ramer à contre-courant. Ainsi va l’Afrique.

Bruno O. OTEGBEYE

Source :beninmondeinfos

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