Au Gabon, la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap), réunie en plénière, vendredi 15 juillet, à Libreville, a validé 14 candidatures sur les 19 dossiers déposés en vue de l’élection présidentielle du 27 août. Le chef de l’Etat sortant, Ali Bongo, et ses principaux rivaux politiques seront ainsi sur la ligne de départ. Le pouvoir donne, par ailleurs, des signes de fébrilité et multiplie les arrestations d’activistes de la société civile opposés à une nouvelle candidature du président gabonais.
A 57 ans, le président Ali Bongo devrait affronter notamment d’anciennes figures du régime, aujourd’hui dans l’opposition. C’est le cas de l’ancien président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama et de deux anciens Premiers ministres, Raymond Ndong Sima et Casimir Oyé Mba.
Concernant la candidature du chef de l’Etat, la commission électorale, faute de consensus, a dû recourir au vote. Les commissaires de l’opposition ont en effet contesté l’acte de naissance présenté dans le dossier d’Ali Bongo.
« Encore un nouvel acte de naissance », s’insurgent les opposants qui affirment qu’Ali Bongo est un enfant nigérian adopté par l’ex-président Omar Bongo, à la fin des années 1960, et l’accusent d’avoir falsifié son état-civil. Selon cette thèse, il ne peut pas être président en vertu de la Constitution qui impose d’être né Gabonais.
Les commissaires de l’opposition sont au nombre de trois sur huit. La candidature a, par conséquent, été validée. Les opposants disposent de 72 heures pour déposer un ultime recours devant la Cour constitutionnelle.
Paul Marie Gondjout critique la liste établie par la Cenap
Pour le moment, une seule voix s’est officiellement élevée pour critiquer la liste établie par la Cenap : celle de Paul Marie Gondjout, commissaire de l’opposition au sein de la Cenap qui conteste la validation de la candidature du chef de l’Etat sortant.
C’est en présence de l’ancien ministre et candidat de l’opposition Casimir Oyé Mba que Paul Marie Gondjout a contesté la validation de la candidature d’Ali Bongo en mettant en avant deux arguments : il dénonce une nouvelle fois des irrégularités autour de l’acte de naissance du président sortant et il met en cause l’impartialité du président de la commission électorale.
Paul Marie-Gondjout estime que le fait que le président ait voté en faveur de la validation de la candidature du président sortant pose la question de sa partialité et « n’augure rien de bon pour la suite du processus ». Aucune autre voix ne s’est élevée pour le moment pour commenter la liste des 14 personnalités retenues. Mais une réunion de plusieurs candidats de l’opposition est annoncée pour demain dans l’après-midi.
Nouvelles arrestations
D’après des membres de la société civile, la police recherche toujours deux responsables de mouvements de jeunes : Enrique Manboundou et le rappeur Bung Pinz qui font partie des animateurs de la manifestation de samedi 9 juillet.
Ce samedi matin, aux premières heures, la police est intervenue au domicile de Bung Pinz. Comme il n’était pas chez lui, ils ont arrêté deux de ses frères, selon un membre de la famille qui nous a, par la suite, précisé que les deux hommes avaient été relâchés.
La société civile dénonce un nouvel acte de harcèlement et d’intimidation.
Source: rfi