L’annonce du décès dimanche de l’ancien leader de l’opposition gabonaise, André Mba Obame, a suscité la colère de ses partisans à Libreville, qui ont incendié des voitures et des bâtiments dont celui de l’ambassade du Bénin, selon des témoignages concordants. La mort d’André Mba Obame, à l’âge de 57 ans, a été annoncée par sa formation, l’Union nationale (UN), le principal parti d’opposition. L’UN a appris « avec une profonde affliction le décès de Mr André Mba Obame, secrétaire exécutif du parti survenu ce dimanche 12 Avril 2015 à 12 heures à Yaoundé au Cameroun », a annoncé dans un communiqué le président de l’UN, Zacharie Myboto, sans préciser les circonstances du décès. « C’est une immense perte pour l’Union Nationale, l’opposition gabonaise et pour notre pays le Gabon. Les compagnons de lutte du Parti s’inclinent devant la mémoire de ce patriote émérite qui n’a jamais ménagé aucun effort pour le combat de la libération du Gabon du système dynastique actuel », a-t-il ajouté. A l’annonce de sa mort, des heurts ont éclaté dans différents quartiers de la capitale, où des manifestants ont laissé éclater leur colère avant d’être dispersés par un important dispositif policier. Ils accusent le pouvoir d’avoir « jeté des sorts » à l’opposant, qui seraient à l’origine de ses problèmes de santé. Près du siège de l’UN, les opposants ont érigé des barricades et incendié plusieurs voitures, a constaté une journaliste de l’AFP. Selon les témoignages d’habitants et de syndicalistes, ils ont également mis le feu à l’ambassade du Bénin, dont le bâtiment était en flamme aux environs de 20H30 locales (19H30 GMT) dans le quartier Ancienne Sobraga. L’opposition est très critique à l’égard du directeur de cabinet de la présidence, Maixent Accrombessi, d’origine béninoise et naturalisé gabonais. Une forte pluie, ainsi qu’un important dispositif de sécurité, ont contribué à disperser les manifestants en milieu de soirée. Ancien baron du régime passé dans l’opposition – il a notamment été ministre de l’Intérieur – M. Mba Obame, dit AMO, avait contesté la victoire à la présidentielle d’Ali Bongo, le fils de l’ancien président Omar Bongo décédé en 2009, et s’était proclamé président de la République en 2011. L’UN avait alors été dissous, et n’a été réhabilité que le 4 février 2015. Figure charismatique de l’opposition, André Mba Obame n’était presque plus apparu en public depuis trois ans en raison de lourds problèmes de santé. Sa dernière apparition remontait à juin 2013. Affaibli et fatigué, l’opposant arrivé en boitillant avec des béquilles, avait participé à une messe à la cathédrale Sainte-Marie de Libreville, devant près de 3.000 sympathisants. L’origine de ses problèmes de santé demeurait floue. « J’ai été à plusieurs reprises dans un état de coma avec une paralysie presque totale et des difficultés d’élocution. Ça ressemble à un AVC (accident vasculaire cérébral) mais il n’y pas de traces d’AVC au niveau du cerveau », avait déclaré AMO dans une interview à l’AFP en janvier 2013. Il avait alors assuré avoir « été l’objet d’attaques mystiques répétées ». Depuis lors, il séjournait à l’étranger pour des soins. Selon ses proches, il s’était rendu au Niger et en Tunisie.