Le Niger et la Mauritanie veulent d’une force à l’image de la Monusco en RDC (avec sa brigade d’intervention rapide) alors que le Mali et le Burkina Faso veulent aller le plus vite possible.
Sur la question de la tutelle, les pays du G5-Sahel sont fortement divisés sur la qualité de la Force conjointe du G5-Sahel. Dans une interview accordée à Jeune Afrique le 4 juillet 2017, le président du Niger, Mahamadou Issoufi, a fait part de son scepticisme par rapport à l’efficacité de la Force conjointe du G5-Sahel.
“Les Nations unies ont adopté une résolution stipulant la nécessité de recourir à des bailleurs de fonds pour régler la question du financement. Personnellement, elle ne me satisfait pas pour la simple raison que la situation urge, cette force d’intervention doit être opérationnelle dans les plus brefs délais. J’ai proposé en ce sens que la Force du G5-Sahel devienne une brigade au sein de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), suivant l’exemple de la Mission onusienne du RD Congo. Le Mali et le Congo se trouvent dans la même configuration. Dans les deux cas, il y a des mouvements qui veulent la paix et d’autres qui prônent la violence. L’intégration de la Force d’intervention du Sahel dans la Minusma nous permettra à la fois d’appliquer les accords de paix d’Alger et, en même temps, de combattre le terrorisme”, a-t-il argumenté.
Des profondes divergences
A côté des inquiétudes du Niger, officiellement, la Mauritanie observe un silence sur l’efficacité de la Force conjointe du G5-Sahel mais le discours est autre avec les militaires. “Comment peut-on avoir des résultats avec un financement au ralenti et au cas par cas ?”, s’est interrogé un haut cadre de l’armée mauritanienne.
Plus loin, il faisait le parallèle entre la position de la Mauritanie et celle défendue par le président nigérien. Selon lui, la Force conjointe du G5-Sahel ne pourrait pas avoir des résultats s’il n’est pas sur le chapitre 7 des Nations unies à l’image de la Monusco au Congo.
Ce qui ne sonne pas bien dans la démarche des pays membres du G5-Sahel, c’est le manque de communication. Le constat est que chaque chef d’Etat a sa propre démarche qui ne cadre pas avec l’ensemble. En plus du Nigérien Mahamadou Issoufi, un certain temps, le Tchadien Idriss Deby Itno avait exprimé d’autres inquiétudes notamment sur la fourniture des hommes pour rendre la force opérationnelle.
“On ne peut pas avoir des forces dans le G5-Sahel et en même temps dans une autre mission sur le même théâtre. Pour les chefs d’Etat de la région, le plus important ce sont les forces du G5. Le Tchad ne peut pas avoir 1400 hommes au Mali dans la Mission des Nations unies et en même temps 2000 soldats dans le G5. Même si les financements arrivaient, il y aura un choix à faire”, a lancé Deby dans le 25 juin 2017 dans l’émission “Internationales”.
Pour l’opérationnalisation de la Force conjointe, le Mali et le Burkina semble être plus engagés que les autres. Peut-être une autre faiblesse dans son effectivité sur le terrain ? Mais, que peut-on attendre d’une force qui ne travaille que sur les forces communes, s’est demandé un responsable militaire de la Mauritanie.
Une certitude : tout le monde s’accorde à la nécessité de voir la FC-G5 en marche mais la question de la tutelle pose véritablement problème et nombre des pays souhaitent qu’elle soit parrainée par l’ONU.
Alpha Mahamane Cissé
Source: L’indicateur du Rénouveau-Mali