La piste terroriste est étudiée “sérieusement” dans l’enquête sur la tuerie qui a fait trois morts lundi dans un tramway à Utrecht (Pays-Bas), ont annoncé mardi les enquêteurs, assurant n’avoir trouvé “aucun lien” entre le suspect principal d’origine turque et les victimes.
Ce dernier a été arrêté lundi à l’issue d’une chasse à l’homme de huit heures. Une arme à feu a été saisie lors de son interpellation, ont précisé les enquêteurs.
Lundi, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte avait affirmé qu’on ne pouvait “exclure” d’autres pistes que la motivation terroriste, notamment celle d’une dispute familiale.
“Les autres motifs ne sont pas exclus”
“Il y a beaucoup de questions et de rumeurs”, a-t-il dit lors d’une conférence de presse à La Haye. “Quel est le motif, terroriste ou autre, nous ne le savons pas encore, mais nous ne pouvons rien exclure”, a-t-il ajouté.
“Les autres motifs ne sont pas exclus, ils sont aussi l’objet d’investigations”, ont renchéri mardi le parquet et la police.
Outre le suspect principal, deux autres hommes âgés de 23 et 27 ans étaient encore en garde à vue mardi après leur arrestation lundi soir. Aucune précision n’a été donnée sur leur degré d’implication présumé.
On en sait également un peu plus sur les victimes de la fusillade. Il s’agit de Rinke Terpstra, un père de famille de 49 ans, et de Roos Verschuur, une jeune femme de 19 ans, employée dans un snack à Vianen, en banlieue d’Utrecht, selon le quotidien néerlandais Algemeen Dagblad. Ce mardi, la police d’Utrecht a indiqué que la troisieme victime était O. M., un jeune homme de 28 ans.
“Rinke était un entraîneur très apprécié”
L’annonce du décès de Rinke Terpstra dans le club de football où il entraînait des équipes de jeunes est également tombée comme un véritable coup de massue. Le père de famille laisse derrière lui une épouse et trois jeunes enfants.
“C’est terrible”, confie le président du club Frits Velthuijs. “Nous verrons dans les prochains jours si nous jouerons au football samedi. (…) Rinke était un entraîneur très apprécié. Nos condoléances vont à sa famille. Rinke a longtemps été impliqué dans le club, où il a lui-même joué au football et au tennis. Il y a également entraîné ses fils et sa fille avec passion.”
Deux de ses enfants fréquentent une école située à quelques pas de la place du 24-Octobre, où la fusillade a eu lieu. Ils sont en 4e et 6e primaire. La direction a fait part de la nouvelle à tous les parents et une aide psychologique a été mise en place pour les élèves. Tous les tests prévus ces deux prochains jours ont été annulés.
La tuerie a fait trois morts et sept blessés dont trois grièvement, selon un bilan actualisé. Les personnes décédées sont une femme de 19 ans et deux hommes de 28 et 49 ans, tous originaires de la province d’Utrecht, a-t-on appris mardi.
Les trams roulent à nouveau
Au lendemain du drame, les trams roulaient à nouveau après l’interruption du service, le temps que la police scientifique achève son travail sur la scène de crime, une place très fréquentée du centre-ville.
Alors que les drapeaux étaient en berne sur de nombreux bâtiments du pays, Mark Rutte a présidé une réunion de cabinet la tuerie, qui fait craindre pour la sécurité publique à la veille d’importantes élections provinciales aux Pays-Bas.
Lundi le niveau de menace terroriste avait été porté à cinq à Utrecht (son plus haut niveau), dans la foulée de l’attaque. Il avait été abaissé après l’interpellation de Gokmen Tanis.
Les services de renseignement turcs rassemblent des informations
Sur cet homme déjà connu de la justice néerlandaise, considéré comme le suspect principal, les services de renseignement turcs sont en train de “rassembler des informations”, a indiqué lundi soir le président turc Recep Tayyip Erdogan.
“Certains disent que (la fusillade) est un différend familial, d’autres disent que c’est un acte terroriste”, a-t-il ajouté lors d’un entretien avec la chaîne de télévision turque Ulke TV.
Selon la radio-télévision publique néerlandaise NOS, Gokmen Tanis avait comparu il y a deux semaines en justice aux Pays-Bas dans une affaire de viol.
Certains membres de sa famille auraient des liens avec des groupes de musulmans radicaux, mais, a précisé NOS, Gokmen Tamis est également connu pour son comportement instable depuis la séparation d’avec sa femme il y a deux ans.
Des témoins de la tuerie dans le tramway ont rapporté que le tireur avait pris pour cible une femme et des personnes tentant de l’aider, selon des médias.
Ecoles et mosquées avaient été fermées lundi jusqu’à l’arrestation de Gokmen Tanis par des policiers d’élite lourdement armés.
L’Union européenne, les Etats-Unis et la Russie notamment ont exprimé leur solidarité avec les Pays-Bas.