Le Mali dans sa diversité était mobilisé, ce vendredi 18 septembre 2020, pour rendre un dernier hommage de la nation à l’ancien président de la deuxième République qui s’est éteint le mardi 15 septembre. C’était sur la place d’armes du Génie militaire. Moussa Traoré a dirigé le pays de 1968 à 1991.
Ils étaient tous là : Assimi Goïta, président du Comité national pour le salut du peuple (Cnsp), des anciens présidents de la République, des anciens Premiers ministres, des anciens collaborateurs du défunt président, sa famille biologique et politique, des simples concitoyens et même des adversaires politiques pour accompagner l’enfant de Sébétou à sa dernière demeure, au cimetière de Hamdallaye. Une fois encore, le premier président démocratiquement élu dans l’histoire politique du Mali, Alpha Oumar Konaré a brillé par son absence.
Comme pour dire aux Maliens que la réconciliation et le pardon ne sont pas pour demain.
Une fanfare mortuaire a marqué l’arrivée du corps drapé aux couleurs du Mali, en présence d’un piquet d’honneur, constitué des soldats des différentes unités de l’armée malienne, en tenue d’apparat. Le corps de l’ancien secrétaire général de l’Union démocratique du peuple malien (Udpm) a été placé près de la tribune présidentielle, sous le regard impuissant du secrétaire exécutif du BEC, Djibril Diallo, l’un des fidèles compagnons du défunt général. L’émotion et la tristesse étaient au rendez-vous. Ce n’est pas Abraham Doua Cissoko dit « Ramos », beau-frère de Moussa Traoré, qui dira le contraire. Le porte-parole de la famille du défunt n’avait ni la force pour des témoignages sur l’homme. Ce beau-frère qui, d’ailleurs, fut directeur général des douanes du Mali sous le règne de Moussa Traoré a insisté sur son l’intégrité morale, sa pratique de la religion et son souci pour le devenir de son pays.
A la suite de Ramos, le secrétaire exécutif du BEC de l’Udpm, Djibril Diallo, a planté le décor d’un témoignage élégant pour étaler aux yeux de ses concitoyens les actions du régime de l’Udpm, sous la conduite de Moussa Traoré. Comme pour dire aux détracteurs de son compagnon politique que le général Moussa Traoré n’est pas le monstre. Mais un patriote qui, durant 23 ans à la tête du Mali, a engagé des actions de développement qui sont aujourd’hui au service de la nation. C’est le cas des barrages de Sélingué et de Manantali, la route Sévaré-Gao, l’organisation du monde rural pour le développement de l’agriculture, le renforcement de l’éducation, la sauvegarde de la souveraineté nationale et l’intégrité du territoire national avec la construction d’un outil de défense répondant aux besoins du moment. Djibril Diallo n’a pas manqué d’évoquer le bilan de Moussa Traoré sur le plan de la diplomatie.
Avant de mettre le corps à la disposition de la famille et le défilé militaire, le grand chancelier des Ordres nationaux a porté les condoléances du Cnsp, au nom du colonel Assimi Goïta, en tenue de camouflage et béret vert.
Ex-présidents présents à la cérémonie
L’ancien président Amadou Toumani Touré (1991-2012), qui a renversé, en 1991, le président Moussa Traoré ; le dirigeant de la transition en 2012, Dioncounda Traoré, ainsi que des anciens Premiers ministres dont Cheik Modibo Diarra, également beau-fils du défunt, étaient présents à la cérémonie. La seule personnalité publique qui a brillé par son absence est sans nul doute cet autre ancien président de la République. Il s’agit d’Alpha Oumar Konaré.
L’ancien président Amadou Toumani Touré dit ATT a salué ‘’un homme de confiance’’ qu’il a servi notamment comme chef de la garde présidentielle, avant que les évènements ne décident autrement en 1991, suite au soulèvement populaire de mars.
Le vieux général repose désormais au cimentière de Hamdallaye. Il était devenu durant les dernières années de sa vie un sage que des politiciens allaient consulter.
N.D
Le Prétoire