Paris – La patronne de l’extrême droite française, Marine Le Pen, a dénoncé mercredi une “décision de basse politique politicienne” après la levée de son immunité parlementaire par l’Assemblée nationale pour la diffusion sur Twitter de photos d’une victime du groupe Etat islamique.
“La liberté d’expression et de dénonciation, qui est consubstantielle au rôle de député, est morte avec cette décision de basse politique politicienne”, a réagi la présidente du Front national auprès de l’AFP.
“Mieux vaut être un jihadiste qui rentre de Syrie qu’une députée qui dénonce les abjections de l’EI”, a-t-elle ajouté.
Le bureau de l’Assemblée nationale a décidé mercredi de lever l’immunité parlementaire de Marine Le Pen qui avait diffusé sur Twitter des photos d’exactions du groupe État islamique. Cette levée d’immunité doit permettre qu’un “mandat d’amener” soit délivré et que l’élue se rende aux convocations du juge.
Le bureau ne s’est pas prononcé sur le fond du dossier mais sur le caractère sérieux, loyal et sincère de la demande de la justice.
En décembre 2015, Marine Le Pen avait posté trois photos sur Twitter avec pour commentaire “Daech; c’est ça!”: un homme vêtu d’une combinaison orange sous les chenilles d’un char, un homme vêtu de la même manière enflammé dans une cage et un corps d’homme décapité avec la tête posée sur le dos. Elle avait ensuite retiré une des photos, celle de James Foley, qui avait “profondément choqué” la famille de l’otage américain décapité par l’EI.
Une enquête préliminaire avait alors été lancée pour “diffusion d’images violentes”, visant un autre député apparenté FN, Gilbert Collard, pour les mêmes raisons, ainsi que Mme Le Pen, alors eurodéputée, puis deux informations judiciaires distinctes ouvertes.
Par ces images publiées sur Twitter, les deux élus ont expliqué vouloir protester contre un “parallèle ignoble” EI-FN dressé selon eux par un journaliste, Jean-Jacques Bourdin, sur la chaîne BFMTV et la radio RMC.
Le parlement européen avait accepté en mars de lever l’immunité de Mme Le Pen. Celle-ci a été élue députée en France en juin et a donc quitté le parlement européen.
Fin septembre, le bureau de la chambre basse du parlement français avait déjà levé l’immunité de Gilbert Collard, qui a depuis annoncé avoir déposé un recours au tribunal administratif.
En France, le Code pénal punit de trois ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende le fait “de diffuser (…) un message à caractère violent, incitant au terrorisme, pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine” lorsque ce message est “susceptible d’être vu ou perçu par un mineur”.
AFP