A l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère ce mercredi 17 octobre, l’ONG Médecins du Monde a publié son 18e rapport sur l’accès aux soins des plus pauvres. Le constat est alarmant : en France, les plus démunis sont aussi les plus mal soignés.
En 2017, les centres de santé de Médecins du Monde ont reçu plus de 24 300 personnes. En extrême pauvreté, sans domicile ni ressources, pour la plupart ces patients venaient de loin.
« Ce sont principalement des personnes d’origine étrangère, presque la moitié vient d’Afrique subsaharienne, des hommes en majorité, mais on voit aussi de plus en plus de mineurs. En 2011, on avait vu une soixantaine de mineurs, en 2017 c’est 1 700, explique Yannick Le Bihan, l’un des responsables de l’association. Ce n’est pas un choix mais un constat de voir que ce public migrant est parmi le plus précarisé en France. »
« Ce sont des gens qui sont toujours dans la souffrance »
En arrivant en France, les migrants sont plutôt en bonne santé, mais comme le souligne le docteur Christian Bensimon, sans une véritable couverture médicale et dans des conditions de misère, leur état se dégrade rapidement : « C’est une dégradation à la fois physique et psychique. Ce sont des gens qui sont toujours dans la souffrance. Les pathologies sont les pathologies de la rue, les gens souffrent beaucoup de leur dos, ont des douleurs abdominales, ont des problèmes de peau. L’autre catégorie, ce sont les maladies chroniques, de plus en plus compliquées et graves. »
Dans son rapport, Médecins du Monde plaide pour une assurance santé simple, inconditionnelle et ouverte à tous.
Les femmes en première ligne
En France, plus de 8 millions de personnes vivent sous le seuil de la pauvreté. Les familles monoparentales sont les plus touchées, avec en majorité des femmes qui doivent subvenir aux besoins de leurs enfants. En février dernier, 3 000 sans-abris avaient été recensés dans la capitale. Parmi eux, 12% sont des femmes qui se cachent pour éviter les agressions sexuelles.
En conséquence, la mairie de Paris va ouvrir cet hiver des places d’hébergement spécialement dédiées aux femmes. Elles y seront prises en charge que par des femmes pour éviter de réveiller des traumatismes chez les victimes de viol.