Le Maroc et la France ont décidé de repartir sur de bonnes bases, un an après une brouille diplomatique qui aura eu de nombreuses incidences.
Il aura fallu plusieurs offensives diplomatiques de la part de Paris, pour que finalement la hache de guerre puisse être enterrée entre la France et le Maroc. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s’est rendu à Rabat, la capitale du royaume Chérifien, pour y rencontrer son homologue Salaheddine Mezouar. Après l’entretien, les deux hommes ont annoncé le renouvellement des relations entre les deux Etats amis. La coopération ne passera pas uniquement par ce qui était déjà à l’ordre du jour ces dernières années, de nouveaux sujets ont été abordés. C’est notamment le cas de la lutte contre le réchauffement climatique.
La Conférence de Paris qui doit se tenir au Bourget en décembre prochain a été abordée. Pour Paris il est en effet absolument nécessaire de mettre en œuvre un accord international pour lutter contre la hausse de la température mondiale. Le Maroc s’engagera donc aux côtés de la France dans cette lutte contre le réchauffement. Il a aussi été question de la lutte contre le terrorisme puisque Rabat et Paris ont décidé d’intensifier leur partenariat sur ce niveau là. Laurent Fabius s’est aussi entretenu avec le roi Mohamed VI lors de sa visite.
La fin d’une brouille inédite
Avec cette réaffirmation bilatérale des relations, les deux pays mettent donc un terme à plusieurs mois d’une brouille inédite dans l’histoire contemporaine. Depuis l’année dernière les tensions sont régulières entre le Maroc et la France. Tout a commencé début 2014 avec un incident faisant suite à des plaintes déposées par une ONG contre le directeur de la Direction général de la surveillance du territoire, Abdellatif Hammouchi pour « torture et complicité de torture ». Le ministre de l’Intérieur, Mohammed Hassad avait alors été très clair, agissant au nom de l’Etat marocain, il avait chargé des avocats de déclencher des poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs des plaintes mettant en cause des hauts responsables marocains. D’autant que d’après les premiers éléments de l’enquête les accusations émanent d’une victime dont certains considèrent les propos comme non crédibles, surtout en raison de ses antécédents.
Ces dépôts de plaintes ont entraîné dans la foulée une crispation des relations entre Rabat et Paris. Traditionnellement alliés sur tous les plans, les deux pays ont eu du mal à passer l’éponge sur cette histoire. D’autant que le Maroc ne digère toujours pas l’humiliation faite lorsque le 20 février dernier, des policiers se sont rendus à la résidence de l’ambassadeur du Maroc à Paris, pour notifier les plaintes à Abdellatif Hammouchi. Ce dernier avait même reçu une convocation de la part d’un juge d’instruction. Une procédure inhabituelle concernant une personne si haut placée sur l’échiquier marocain. Pour calmer les choses, le président français, François Hollande avait téléphoné au roi du Maroc, Mohammed VI mais rien n’a pu calmer la colère de Rabat qui a décidé immédiatement de suspendre tous les accords de coopération avec la France concernant le judiciaire.
Un autre incident a provoqué la colère de Rabat quelques temps après lorsqu’un opposant marocain, ancien capitaine de l’armée, du nom de Mustapha Adib, s’est rendu à l’hôpital du Val-de-Grâce pour transmettre un courrier lourd de reproches et d’accusations au général Abdelaziz Bennani qui n’est autre que l’ancien numéro deux des militaires. Dans les quelques mots qui ont été adressés, Adib accusait le général d’être « un criminel ». Il en profitait au passage pour laisser des mots très durs à l’encontre du roi du Maroc Mohammed VI. D’après plusieurs sources, suite à cette prise de connaissance des faits, l’ambassadeur de France, Charles Fries, aurait été reçu par Mohamed Yassine Mansouri, qui n’est autre que le chef des services du contre-espionnage. Ce dernier aurait fait part de sa profonde indignation et considérant que le général avait été la victime d’une agression injustifiée. Ce n’est pas la première fois que l’opposant Mustapha Adib et le pouvoir s’opposent. Il a été condamné et emprisonné dans les années 2000 après avoir dénoncé des faits de corruption au sein de l’armée, à travers une lettre adressée au roi.
Après plus d’une année de difficiles relations, Rabat et Paris devraient selon toute vraisemblance, désormais entamer une véritable lune de miel. Les deux savent que leur coopération bilatérale est essentielle pour leurs pays respectifs. Elle devrait donc se poursuivre et même se renforcer.
La rédaction
Source: afriqueinside.com