Pour la toute première tournée africaine de son quinquennat du 27 au 30 novembre, le président français se rend tout d’abord au Burkina Faso où il prononcera mardi un discours à l’université d’Ouagadougou, la capitale.
Emmanuel Macron espère moderniser les relations franco-africaines mais c’est surtout la jeunesse qu’il espère convaincre.
Ses deux prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et Francois Hollande avait opté pour la capitale sénégalaise tandis qu’Emmanuel Macron a choisi Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso pour esquisser sa vision des relations franco-africaines.
Il prononcera un discours devant 800 étudiants et élèves pour présenter sa “vision des relations entre la France et l’Afrique, et entre l’Union européenne et l’Afrique”, précise-t-on à l’Elysée.
Il devrait également profiter de cette visite pour rencontrer plusieurs de ses homologues africains.
Mitterrand et le néocolonialisme
Avec l’arrivée au pouvoir à Ouagadougou en 1983 de Thomas Sankara, le président Mitterrand s’est retrouvé confronté à une nouvelle vague de dirigeants politiques en contraste avec les leaders de l’époque coloniale
François Mitterrand entretenait des relations houleuses avec son homologue du Burkina Faso.
Le plaidoyer de Thomas Sankara devant le président français avait laissé ce dernier médusé. Au point que beaucoup ont lu les instructions de la France dans l’assassinat du « père de la révolution » burkinabè.
La colère et l’indignation avec Sarkozy
Le discours prononcé par Nicolas Sarkozy le 26 juillet 2007 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, au Sénégal, avait provoqué la colère et l’indignation dans toute l’Afrique.
L’ancien président français avait déclaré sans détours que “l’Homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire.”
Il avait poursuivi son propos en relevant que “le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance.”
“Dans cet imaginaire où tout recommence, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès”, avait-il ajouté.
Le partenariat entre la France et l’Afrique d’Hollande
En octobre 2012, le président François Hollande s’était prononcé en faveur de la fin de la “Françafrique” lors d’une visite à Dakar.
Dans un discours devant le parlement sénégalais, le président français avait déclaré que “le temps de la Françafrique est révolu: il y a la France, il y a l’Afrique, il y a le partenariat entre la France et l’Afrique, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité.”
Hollande avait alors déclaré ne pas être en Afrique pour “imposer un exemple, ni pour délivrer des leçons de morale”.
La colonisation remise en cause par Emmanuel Macron
Emmanuel Macron avait consacré dans son programme “0,7 % de la richesse française à la coopération avec l’Afrique”.
Ce taux de 0,7 % du PIB devait englober aussi bien l’aide au développement que l’assistance sécuritaire.
Il s’agit en fait d’un des objectifs fixés par l’ONU envers l’union Européenne et sa coopération avec l’Afrique.
D’autre part, Emmanuel Macron avait qualifié la colonisation de “crime contre l’humanité” lors de son voyage en Algérie à la mi-février.
Il avait continué en évoquant une “barbarie” qui fait partie “de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes”.
Cette position reste inédite dans l’histoire politique française même si l’ancien ministre de l’Économie, quelques jours plus tard, était revenu sur sa position. Au lieu de “crime contre l’humanité”, il avait parlé de “crime contre l’humain”.
La Françafrique
La Françafrique est un réseau parallèle mêlant politique et affairisme entre la France et ses ex-colonies africaines.
L’ancien ministre de l’économie n’a aucune attache sur le continent.
S’il entend redorer l’image de la France et convaincre la jeunesse, Emmanuel Macron devra donc d’abord s’atteler à changer les relations franco-africaines.
Les Africains sont de plus en plus hostiles à la présence de l’ancien colon sur son sol sur fond de menace terroriste dans Sahel et des conditions inhumaines vécues par des migrants trop nombreux refoulés aux portes de l’Europe.
En 2013, Emmanuel Macron défendait la modernisation de la vie économique.
Il disait que “la gauche moderne est celle qui donne la possibilité aux individus de faire face, même aux coups durs.
Elle ne peut plus raisonner en termes de statuts”.
Pour montrer qu’il apporte un vent nouveau et moderne éloigné du passé colonial, Emmanuel Macron ne convaincra qu’en évoquant des projets concret autour de partenariats économiques, de projets d’entreprenariat, de projets basés sur l’éducation et les énergies durables.
Le “conseil de politique africaine” de Macron
Pour mener à bien sa politique africaine, le président français s’est entouré d’un comité composé principalement de jeunes entrepreneurs binationaux.
La mission de cette équipe est d’apporter une nouvelle vision du continent.
Depuis son élection en mai 2017, les défis d’Emmanuel Macron sont nombreux.
Mais par-dessus tout, le plus jeune président européen devra éviter tout impair sociétal et faire oublier quelques maladresses.
En effet, il avait déclaré lors du G 20 qu’il est difficile de stabiliser l’Afrique quand la natalité y est “encore de 7 à 8 enfants par femmes”.
Il y a quelques jours, Emmanuel Macron a invité une immigrée marocaine sans papiers à rentrer au Maroc où elle n’est “pas en danger”.