Ainsi pourrait-on le dire de l’histoire du FCFA quand les pays utilisateurs ignorent que le FCFA est la deuxième monnaie de France, comme son devancier, l’écu, était la deuxième monnaie du Roi de France. …
…Une tradition française ignorée : une autorité, deux monnaies, un piège…
L’histoire de la France nous révèle que de 1360 à 1795, le régime monétaire établi dans le Royaume de France était bâti sur deux monnaies : la Livre Tournois et l’écu. Pendant que la Livre tournois était une monnaie fictive, définie en quantité d’or, soit par exemple à 5 grammes d’or, la seconde monnaie, était une monnaie matérielle circulante, appelée l’écu, définie en quantité de Livre tournois, soit par exemple, 1 écu = 2 Livres tournois.
A la pratique, l’écu, la seconde monnaie, était conçue pour être un piège contre la population utilisatrice. Pour le comprendre, considérons que le système après un temps de fonctionnement aura permis à la population de disposer auprès de l’hôtel des monnaies une quantité de 1 000 000 écus en circulation dans les portefeuilles.
Comme ces Rois, en ces temps, portés vers des guerres, étaient en permanence dans un besoin urgent de financement, alors, ils avaient trouvé à travers l’écu une troisième source de financement du Trésor Royal en plus des voies offertes par les impôts et par l’endettement.
… L’écu, une troisième source de financement du Trésor royal …
Ainsi, il suffisait pour le Roi, de décider que désormaisson écu ne vaut plus 2 Livres Tournois, mais plutôt 1 Livre Tournois. Ce faisant, il retirait les pièces d’écu de la circulation et les refrappait en conformité avec leur nouvelle définition. Par conséquent, il encaissait une différence de 5 grammes d’or sur chaque écu en circulation et gagnait ainsi 5 000 000 grammes d’or. Ainsi le tour était joué, les révoltes des populations à la suite des bouleversements des prix étaient fortement réprimées.
A la faveur de la révolution française, l’écu, la seconde monnaie du Roi, a été interdit par le décret du 18 Germinal An III (7 avril 1975) et la Livre Tournois remplacée par le Franc, une pièce de monnaie fabriquée en or, qui existait comme preuve de paiement de la rançon due aux anglais pour la libération du Roi français, Jean II Le BON.
…. La France, une autorité, une monnaie unique…
Ainsi, de 1795 à 1945, la France noue avec le régime de monnaie unique en vigueur dans les pays anglo-saxon.
…. La France, un retour à une autorité, deux monnaies, un piège…
Cependant, depuis 1945, la France est revenue au système à deux monnaies en créant à nouveau l’écu, non plus en France métropolitaine, mais en le mettant à la disposition des populations des colonies en l’appelant FCFA, profitant ainsi de l’ignorance de ces populations pour les condamner à répéter l’histoire, comme nous le rappelle Karl Marx qui écrit, dans son manifeste que : » Celui qui ne connait pas l’histoire est condamné à la revivre « .
En 74 ans, de 1945 à 2019, la France a pu appliquer une fois la diminution del’écu sous l’appellation de dévaluation du FCFA en 1994, répétant ainsi dans ces pays africains indépendants une pratique d’expropriation des populations héritée de l’histoire française.
Cependant, depuis cette date, la population africaine aura appris à se méfier de cette monnaie qui a été décriée comme étant une monnaie coloniale, une monnaie nazie, une monnaie d’appauvrissement.
Cependant, vantant les mérités de cette monnaie, le Ministre français Bruneau le Maire, trouve que « La zone franc est un espace de stabilité et de prospérité », et qu’elle permettait « à tous les Etats membres de travailler ensemble, d’être solidaires, de faire converger davantage les économies ». De même, il a insisté sur la stabilité des taux de change pour la zone franc, qualifiée d’acquis « fondamental », à « un moment où l’on voit resurgir le risque d’une guerre des monnaies et des changes » comme pour mettre en garde les 15 pays de la Cédéao sur la création de leur monnaie commune selon un régime de change flexible à l’aune de l’annonce faite fin juin 2019 par les chefs d’état des pays concernés.
….. Les pays de la zone franc, de fait dans la zone euro, mais avec des inconvénients en plus…..
A l’analyse, les pays de la zone franc sont en fait intégrés dans la zone euro sans le savoir. Ainsi, ils sont soumis aux mêmes turbulences monétaires que ces pays, ce qui ne signifie guère, notamment au cours des années 2018 et 2019 une quelconque stabilité puisque la monnaie européenne a été fortement malmenée pendant cette période sur les marchés face aux autres monnaies internationales, comme le dollar.
Donc non seulement ces pays africains subissent les inconvénients de la faiblesse de la monnaie européenne dans laquelle de surcroit ils sont tenus de convertir une bonne partie de leurs devises, mais, en plus, ils sont régulièrement menacés par le FMI venant en renfortde la France afin de faire pression pour dévaluer leur monnaie du FCFA. Ces pays sont donc dans la zone euro en cumulant plusieurs inconvénients qu’on oublie de citer.
De plus, plusieurs analystes oublient de savoir que le Franc FCFA aura été acheté en devises auprès de la France comme une quantité donnée d’euro. Par conséquent, ces FCFA sont en réal0ité des papiers souverains délivrés par la France pour avoir reçu de la part des pays africains des devises. Par conséquent, le FCFA est tout au plus un papier de reconnaissance de la France qui ne saurait donner lieu à aucune diminution de valeur, sous quelque appellation que ce soit puisqu’il a été acheté.
En ce qui concerne la prospérité, il n’est plus un secret que ces pays de la zone franc sont plutôt classés parmi les derniers pays du monde en termes d’indice de développement humain. Ainsi, en 2018, un seul de ces paysde la zone franc, le Gabon, apparaît dans les dix premiers en Afrique alors que sur les dix derniers pays africains du classement, on compte le Niger, la Centrafrique, le Tchad, le Burkina Faso, le Mali, tous pays de la zone franc et dont les sous-sols sont parmi les plus riches et convoités du monde.
Lorsque les faits importants de l’histoire ne sont pas analysés, la répétition malheureuse de l’histoire ne pourrait être évitée. Il en est ainsi de la pratique des Rois de moyen-âge français en ce qui concerne la diminution de l’écu.
…. Analyse des Droits de seigneuriage par la refonte …
Dans l’histoire de France, le gain attribué au Roi à la suite de la refonte de l’écu, est appelé » droits de seigneuriages par la refonte ». Nous allons analyser ce gain afin de comprendre et d’expliquer, concrètement, comment ce gain a pu être réalisé. Nous allons voir que ce gain qui était réalisé par le Roi, était assorti des conséquences d’une rare gravité tant les conséquences économiques et sociales sont incommensurables. Nous allons voir qu’une telle décision ne pouvait être prise que dans l’ignorance de telles conséquences gravissimes, ce qui permet de saluer l’esprit du décret 18 Germinal An III (7 avril 1795) qui aura permis d’interdire l’écu.
…. une autorité, deux monnaies, voire trois monnaies …
A cet effet, nous allons présenter un autre fait historique relevant des faits posés en toute autonomie par les mêmes autorités monétaires françaises. Ainsi, dans la période 1983-1984, le Mali, pour préparer son retour parmi les pays utilisateurs du FCFA, sous l’instigation de la France, a mis en circulation deux monnaies, l’une, le FM qui valait 0,01 FF et l’autre, le FCFA, 0.02 FF. Sur les marchés, lorsque le prix d’un objet est fixé à 200 FM, au même moment, il était administré pour 100 FCFA, laissant apparaître clairement un rôle d’instrument de mesure pour les instruments monétaires alors en circulation.
Ainsi, le FM et le FCFA jouaient le même rôle, l’un, le FCFA, étant simplement le double de l’autre, le FM. Ainsi, les montants de 200 FM et de 100 FCFA désignent des prix en FM et en FCFA, c’est-à-dire les mesures de la valeur de l’objet. Le FM et le FCFA sont appelés des numéraires, et le FF qui permet de les comparer est appelé étalon de valeur. Les prix désignent la mesure de la valeur dans les numéraires donnés, la valeur elle-même étant une quantité d’étalon.
Ainsi, 200 FM et 100 FCFA sont les mesures de la valeur commune de 2 FF. Voilà donc pourquoi, il est important de comprendre le rôle d’instrument de mesure assigné aux instruments monétaires, un rôle qui n’aura jamais été autant mis au clair avant nos travaux.
Voici donc pourquoi, le citoyen a donné deux unités du FM au système bancaire pour obtenir une unité du FCFA. Ce qui est normal, comme nous l’avons dit, la monnaie de 0,02 FF étant le double de la monnaie de 0,01 FF, c’est ainsi qu’en 1983-1984 un compte bancaire de 1 000 000 FM a été remplacé par un compte de 500 000 FCFA, ce qui ne constitue qu’une simple équivalence, ces deux montants représentant la même quantité de 10 000 FF. De même un salaire de 400 000 FM en 1983 a été enregistré pour 200 000 FCFA en 1984.
… la diminution de l’écu une histoire répétée au 20ème siècle …
Enfin, en 1994, soit dix ans après l’adoption du FCFA par le Mali, la décision a été prise de ramener le FCFA à 0,01 FF au lieu de 0,02 FF au nom de la dévaluation du FCFA, comme le Roi le faisait en diminuant l’écu. Nous nous proposons d’observer et d’analyser ce troisième fait à la lumière des acquis techniques précisés ci-dessus.
Nous rappelons que la monnaie est un bien particulier qui met en situation d’échanges un individu avec la banque sans toutefois que cela donne lieu à un échange physique direct entre agents physiques comme dans les biens et services.
Si, comme 1984, la Banque avait demandé directement à la population de lui apporter une unité de FCFA pour qu’elle leur retourne en échange une unité de 0,01 FF, la population allait refuser un tel échange inéquitable, car le souvenir serait encore présent dans l’esprit de cette population comme quoi, l’unité monétaire, que la Banque veut lui reprendre en 1994, vaut en réalité le double de ce qu’elle veut lui rendre. Un tel échange n’aurait certainement pas lieu.
Par conséquent, la Banque a été contrainte de trouver des astuces pour mettre devant le fait accompli la population qui aura fini par disposer d’une monnaie de 0,01 FF après en avoir cédé le double. Ainsi, la banque va enregistrer au compte de la population le FCFA comme étant sa propre moitié, l’autre moitié lui étant comptée pour une perte que le système bancaire va récupérer comme profit revenant au système bancaire et à son garant, le Trésor français.
C’est ainsi qu’il est facile de comprendre qu’en 10 ans, le compte de 1 000 000, dans la monnaie de 0,01 FF en 1984, aura été remplacé par un compte 500 000 dans la même monnaie, en 1994, soit donc la destruction de moitié de la valeur du compte initial, sans aucune justification quelconque en dehors de la volonté semblable du Roi, remplacé dans son rôle par le Trésor français.
….. Analyse concrète des enregistrements dans les comptes bancaires…
Au plan de l’analyse, il convient d’expliquer, concrètement en quoi cette dévaluation du FCFA, ou sa devancière la dépréciation de l’écu, aura consisté à faire.
En réalité, elle aura consisté pour la Banque à manipuler frauduleusement les instruments de mesure. C’est ainsi que l’équivalent du FM a été créé en 1994, la monnaie de 0,01 FF qu’on a continué à appeler toujours FCFA tout en retirant de chaque FCFA détenu par la population la moitié de sa valeur, que le Trésor Français va récupérer à travers le système bancaire, ainsi que le Roi le faisait lors de la diminution de l’écu. Voici une des raisons de connaitre l’histoire et d’en tirer profil, afin d’éviter de la répéter à son détriment.
Cette pratique de fraude revient tout simplement à la diminution des poids et mesures, une pratique qui est connue dans les pesées sur les marchés, mais qui reste peu connue en économie avant nos travaux qui auront permis d’établir que les instruments monétaires, comme le FM ou le FCFA sont en réalité des instruments de mesure en économie, instruments dont il convient de maitriser le fonctionnement et l’utilisation efficace.
Les conséquences de cette pratique de diminution des poids et mesures sont, certes, nombreuses. Outre le premier choc d’expropriation des populations détentrices du FCFA au moyen d’un simple transfert d’argent de leurs comptes vers le Trésor français, exactement de la même manière que le produit de la fraude engrangé par le Roi au moyen-âge français, il y a aussi des problèmes d’enregistrement des grandeurs nominales.
En effet, compte tenu des règles d’utilisation des instruments monétaires dans l’économie, la pratique de diminution de mesure affecte l’expression de tous les prix dans l’économie, ainsi que l’expression des dettes et créances, des salaires etc.
Cette fraude, qui vient du moyen-âge français, résulte d’une ignorance du rôle d’instrument de mesure en économie :
– D’abord, il n’y a pas deux pays en présencepour pouvoir parler de dévaluation du FCFA, comme on serait tenté de le penser avec la France, d’une part, et les pays africains utilisateurs du FCFA, d’autre part. En effet, il n’y a qu’un seul pays avec ses propres instruments de mesure. De plus, il est évident que le Roi, dans sa manipulation frauduleuse, n’avait pas affaire avec l’étranger mais avec ses sujets.
– En décidant d’appeler FCFA ce qui n’est que sa propre moitié, on détruit par ignorance, tous montants cumulés au cours du temps au titre des investissements quand les recettes attendues seront indéfiniment confondues avec leur propre moitié. L’avenir est compromis. Chaque individu dans ces pays, chacun des pays concernés vont connaître une régression, chacun par rapport à lui-même. Vous comprenez que la compétition internationale n’aura plus aucun sens puisque ces pays vont naturellement se retrouver en queue des classements mondiaux.
– En effet, les autres pays avancent, pendant que les pays utilisateurs du FCFA reculent en étant toujours en discussion avec la France qui voudra toujours les amener à détruire inconsciemment et par ignorance leurs valeurs créées. En effet, si la France ne voit que le transfert gratuit qu’elle reçoit de la manipulation frauduleuse, elle n’a surement aucune conscience des dangers de la destruction des valeurs créées dans les pays utilisateurs du FCFA, une destruction qui est liée à la diminution des poids et mesures en économie.
…. Sans tirer les leçons de l’écu, puis celles du FCFA, l’éco ne suivra d’autre voie que celle de l’écu…
En ce qui concerne les contours de l’Eco, la nouvelle monnaie CEDEAO, il est facile de vérifier, que, comme l’écu qui était rattaché à la Livre tournois, le FCFA est rattaché au FF qui a remplacé la Livre tournois et que l’éco, cette monnaie projetée, est prévu être rattaché à l’euro, la monnaie qui a remplacé le FF en France.
De manière constante, il est facile donc de comprendre que sans tirer les leçons du passé, la France tiendra à la survie de sa deuxième monnaie qu’elle fait utiliser par les pays du FCFA, quand, au même moment, elle fait semblant d’avoir oublié qu’en 1795, le 7avril, elle a fait interdire sur son territoire, cette même seconde monnaie qui était appelée l’écu.
Par conséquent, il appartient aux Chefs d’Etat africains de se montrer regardants de l’intérêt de leurs propres populations. La France n’aura jamais cessé de se montrer impitoyable et sans état d’âme lorsqu’il s’agit d’infliger à nos populations africaines les pires souffrances et autres injustices.
En effet, N. Copernic a établi que la dépréciation monétaire est pire que la mortalité, la discorde et la stérilité des terres qui mènent tous à la mort et même à une très grande échelle. Or, c’est à travers la dépréciation du FCFA ou rien d’autre que la France entend trouver la seule alternative concernant nos pays.
L’éco est identique à l’écu, par ricochet au FCFA. En postulant l’hypothèse de 1 euro = 1 200 Eco, cette appellation consacre la dévaluation impossible, mais de fait du FCFA, donc un second hold-up contre les populations qui ont refusé la dévaluation du FCFA après celle de 1994.
Il ne faut pas confondre la dévaluation, même s’il s’agit pour certains, d’une douloureuse opération chirurgicale qui s’est imposée en son temps, avec la diminution des poids et mesures.
Le FCFA étant un instrument de mesure, ne doit pas être confondu avec la valeur. Quand un pays a des difficultés, ce n’est pas en lui retirant des ressources monétaires et en l’appauvrissant par la diminution des poids et mesures qu’il se portera mieux.
Quand vous avez mal aux yeux, il ne faut pas croire se soigner en recevant une grosse gifle sur la joue. En effet, quand la douleur liée à la violence de la gifle aura pu vous faire oublier momentanément le mal des yeux, quand la douleur de la gifle aura disparu, vous vous retrouverez encore en face de votre mal des yeux.
Le sentiment d’avoir oublié momentanément le mal des yeux, n’est pas une réalité, mais une illusion et la gifle n’a jamais été une solution.
* Consultant indépendant
tél : 76443947
Source: l’Indépendant