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Franc CFA : l’Afrique se rebiffe contre une monnaie dépendante de l’euro

 

Le dossier concernant le franc CFA prend de l’ampleur chaque jour, avec en toile de fond le projet de mettre en place une monnaie unique en Afrique.  Plusieurs centaines de manifestants se sont réunis le week-end dernier dans plusieurs villes d’Afrique francophone, à l’appel du mouvement Urgences panafricanistes, pour dire non au franc CFA. Ils estiment en effet que la monnaie est un frein au bon développement. La polémique grandit chaque jour un peu plus, notamment au Sénégal et au Bénin.

 

front anti franc cfa marche manifestation france paris

Deux cents personnes se sont réunies à Cotonou, la capitale économique du Bénin, quatre cents à Dakar. Un mouvement de moindre ampleur a également vu le jour à Libreville (Gabon) où la manifestation a été aussitôt dispersée ainsi qu’à Bamako (Mali).

Simon Kouka, responsable de groupe de société civile sénégalaise Y’en a marre – qui s’était fait connaître du grand public lors des élections présidentielles au Sénégal opposant la famille Wade et l’actuel chef d’Etat Macky Sall – a estimé à cette occasion qu’il était contradictoire pour un pays de se prétendre souverain et de dépendre d’une monnaie comme le franc CFA. Enfonçant le clou, il a martelé : « la souveraineté implique d’avoir sa propre monnaie. »

« Le franc CFA nous empêche de nous développer », a déclaré quant à lui Keeman Diouf, qui a fait sensation samedi en avalant un billet de 500 francs CFA.  Un geste qui vaut provocation, et qui fait écho à celui de de Kémi Seba, militant plusieurs fois condamné en France pour incitation à la haine raciale, qui avait brûlé publiquement le mois dernier un billet de 5.000 francs CFA (7,6 euros). Des agissements qui lui ont valu d’être expulsé en France pour « menace grave à l’ordre public ».

Pour Amadidjè Sèmevo Mondésir, qui se désigne comme « premier ambassadeur » au mouvement Non au franc CFA, la monnaie africaine constitue « un handicap sociologique, économique, politique et social ». Selon lui, il « s’agit du combat de la jeunesse et de l’Afrique ». Le mouvement populaire réunit en effet essentiellement des jeunes, lesquels dénoncent l’héritage colonial. Même si la question fait débat depuis de longues années parmi les économistes.

Le Béninois Lionel Zinsou, candidat malheureux à la dernière présidentielle au Bénin, pointé du doigt pour ses supposées accointances avec les anciennes forces coloniales, a regretté que la question du franc CFA soit perçue comme « un tête-à-tête entre la France et l’Afrique, la dernière phase de la colonisation. » Selon lui, la stabilité d’une monnaie « commune » est plus importante que les débats « populistes » et les questions de « narcissisme politique ».

Rappelons qu’à la mi-septembre, alors que la CEDEAO venait de reporter une nouvelle fois la mise en oeuvre d’une monnaie unique, le président ivoirien, Alassane Ouattara avait déclaré quant à lui envisager d’étendre le franc CFA à tous ses membres. Une volonté affichée par le dirigeant à son retour en Cote d’Ivoire … après une visite de travail à l’Elysée auprès du président français, Emmanuel Macron.
Une manière de démontrer la pertinence des propos de l’économiste altermondialiste  Demba Moussa Dembélé, qui estime que les dirigeants de l’Uemoa (l’union économique et monétaire Ouest Africaine) retardent l’avènement de la monnaie unique car ils demeurent attachés à la France.

Lors dans une conférence de presse le 31 août dernier à l’Elysée, le président ivoirien a ainsi mis en avant la nécessité d’étendre la zone monétaire du franc CFA à l’ensemble des pays de la CEDEAO, estimant que « la monnaie commune » de l’UEMOA était « une monnaie qui rend service au peuple africain », et qu’elle était « appréciée. » « C’est une monnaie qui circule dans les pays voisins alors qu’aucune monnaie des autres pays ne circule chez nous. C’est dire que c’est une monnaie qui a une certaine attractivité », s’est ainsi félicité le président ivoirien.

“Nous avons considéré qu’il nous appartient de voir les évolutions que nous voulons entreprendre » a-t-il fait valoir, se montrant moteur sur le sujet. Ajoutant : « nous considérons qu’aujourd’hui, notre monnaie est solide, elle est appropriée, elle est couverte à 75% par les devises que détiennent la banque centrale ». Pour au final déclarer : « nous avons l’ambition bien sûr d’élargir cette union et d’aller vers une monnaie de la Cedeao en temps opportun.  »

Devançant les éventuelles inquiétudes, il a par ailleurs tenu à préciser que l’UEMOA couvrait les trois quarts de ses émissions monétaires et que la banque centrale détenait l’équivalent de plus de cinq mois d’importations.

Emmanuel Macron avait quant à lui montré son soutien au projet d’Alassane Ouattara tout en concédant que si la zone franc offrait une stabilité monétaire, elle devait néanmoins faire face à certains défis, observant des « tensions politiques » chez certains. « Nous partageons, je crois, une vision commune sur l’intérêt de la zone » a-t-il déclaré. Ajoutant néanmoins qu’il fallait oeuvrer vers une modernisation, et ouvrir « une nouvelle voie avec beaucoup de pragmatisme. ».

– Un franc CFA qui est loin de faire l’unanimité

Reste tout de même au président ivoirien à convaincre populations et chefs d’Etat africains, alors que nombre d’entre eux estiment que le franc CFA plombe les économies nationales en raison de sa parité fixe avec l’euro. Selon l’économiste et ancien ministre togolais Kako Nubukpo, le franc CFA nuirait ainsi au développement des pays africains qui l’utilisent. Une opinion largement partagée au sein du continent africain.

Kako Nubukpo estime pour sa part que l’usage de cette monnaie garantie par le Trésor français, engendre quatre problèmes principaux. Il constate tout d’abord que les échanges entre économies de la zone franc sont très faibles, ne représentent que 15 % contre 60 % pour l’Union européenne. De plus, selon lui, une monnaie arrimée à l’euro s’avère trop forte pour l’économie locale. Elle nuit à la compétitivité, car « elle agit comme une taxe sur les exportations et une subvention sur les importations ». En dehors du cas notable de la Côte d’Ivoire, premier exportateur mondial de cacao, « toutes les balances commerciales des économies de la zone franc sont déficitaires », précise enfin l’économiste.

Sources : APA, presse africaine, France24

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