Ce lundi, près de 300 personnes ont assisté à une rencontre sur une future « monnaie unique » ouest-africaine à la Fondation nationale des Sciences politiques, à Paris. Les organisateurs souhaitaient un débat « dépassionné » autour de cette monnaie arrimée à l’euro. Cela ne l’a pas empêché d’être enflammé.
Le débat opposait l’ex-Premier ministre du Bénin, Lionel Zinsou, à un ancien ministre togolais, Kako Nubukpo. Le premier a plaidé pour une réforme d’une monnaie qui a le mérite, à ses yeux, de garantir la stabilité des taux de change, notamment. Pour le second, le franc CFA contribue à « asservir » l’Afrique parce que cette devise est, pour lui, « une taxe sur les exportations et une subvention aux importations ».
Comme les origines du franc CFA remontent au colonialisme et à l’esclavage, les participants n’ont pas esquivé, lundi soir, la dimension symbolique du sujet. Mais la question qui est le plus souvent revenue sur le tapis était d’ordre pratique : pourquoi les pays de la zone CFA doivent-ils confier 50% de leurs réserves de change à la Banque de France ?
« Indécent »
Lionel Zinsou a eu beau rappeler que cet argent servait à payer les importations, une troisième panéliste, la cheffe d’entreprise camerounaise Rebecca Enonchong, a estimé que c’était « indécent ». Cette dernière n’a pas manqué de rappeler que des pays qui n’utilisaient pas le franc CFA, notamment le Rwanda, connaissaient une forte croissance économique.
Les récentes déclarations du ministre des Finances, Bruno Le Maire, qui assurait que la France était ouverte à une réforme du franc CFA n’ont pas fait l’unanimité hier soir. Bon nombre d’intervenants s’étonnaient de constater que Paris avait encore voix au chapitre.