Le Mali un pays post-conflit, est sous tension politique et sociale à l’approche depuis quelques années. Pour débloquer la situation, un « dialogue national » est en cours de préparation. La majorité au pouvoir et ses alliées, initiateurs de ce « dialogue national entre les partis politiques et la société civile », pensent qu’en organisant ce forum politique, il sera possible de dégager un compromis le plus large possible sur la paix, la réconciliation et la cohésion sociale.
Cependant, la majeure partie de l’opposition refuse pour l’heure de participer à un tel forum. Elle perçoit ce dialogue comme un « piège » pour procéder à la révision constitutionnelle et partant, de lui imposer la conduite à tenir. Le refus des membres de l’opposition de participer au dialogue national inclusif tel que voulu par la majorité présidentielle au pouvoir, leur vaut d’être qualifiés de subversifs et de « comploteurs contre la république ».
Malgré l’Accord de paix issu du processus d’Alger, les massacres continuent de plus belle sur le terrain. Autant de cas d’insécurité grandissante sur le territoire national en dépit de la présence de l’armée nationale, et des forces de la Mission des Nations unies présentent au Mali depuis plus de quatre ans avec un mandat qui oblige les soldats de la paix à protéger les civils. Une chose est sûre ; la situation sécuritaire du pays paraît complexe et susceptible d’en compromettre l’avenir.
Les principaux défis à l’heure actuelle, sont à la fois ceux de la paix et du développement. Ils se posent avec acuité pour autant que le peuple malien aspire à une protection contre l’insécurité telle que l’insatisfaction des besoins vitaux, les violences, le chômage et l’extrême pauvreté.
La bonne gestion des deniers publics (la gestion des impôts et taxes de l’État), l’amélioration du climat des affaires et l’assainissement de l’environnement économique sont autant de défis également à relever mais qui ne peuvent pas favoriser la promotion du développement communautaire sans des préalables sécuritaires. Le persistant déficit sécuritaire a fait reculer le pays de plusieurs décennies comme en témoignent les actions militaires au Centre. Elles démontrent qu’en l’absence de paix, rien n’est possible en termes de développement des peuples et de leur nation.
Les dialogues politiques comme vecteur de paix durable
En principe, les dialogues politiques et les concertations entre acteurs socio-politiques sont inhérents à la vie d’une nation civilisée. Ils ont la vertu de « rassembler des personnes pour les aider à surmonter leurs différences et à résoudre leurs problèmes. Ils apparaissent comme étant la meilleure façon de résoudre des questions politiques telles que le processus de gestion des conflits et de réconciliation ainsi que les problématiques électorales ou autres matières spécifiques aux parties.
Afin que les dialogues politiques aient des retombées positifs, ils devraient avoir une structure et un contenu, et se dérouler dans un espace bien protégé favorisant une expression et un débat libres et sereins afin d’arriver à un compromis sur des mesures de réforme politique ou sur d’autres questions d’intérêt national.
S’agissant du dialogue en vue entre les partis politiques et la société civile au Mali, les matières à discuter semblent relever plus des compétences institutionnelles. Elles sont plus techniques que politiques et risquent d’accoucher des résolutions difficilement applicables à l’image de recommandations issues des dialogues ou concertations antérieures sur la vie du pays.
Or de tout ce qui précède, la paix dans l’esprit idéal de la plupart de Maliens est encore à rechercher. Et les matières retenues pour le dialogue excluent cette denrée rare qu’est la paix pour se concentrer seulement à la sécurisation des régions Nord et Centre du pays. Ce qui semble réduire au minimum l’importance de la tenue du dialogue national.
Assi de Diapé
Source: Le Point