La rencontre de Ouagadougou est une occasion propice pour les participants de partager leurs connaissances, leurs compétences et leur expérience en matière de renforcement de la démocratie et de création de l’environnement favorable aux affaires dans leurs pays respectifs
Le Forum international sur la gouvernance, la démocratie et les affaires s’est ouvert mardi à Ouagadougou en présence du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, invité d’honneur à ce grand rendez-vous où se côtoient responsables politiques, hommes d’affaires, dirigeants d’entreprises, universitaires, journalistes du continent et partenaires américains autour des problématiques liées à l’économie et aux investissements, à la promotion de la bonne gouvernance et à la démocratie. La cérémonie d’ouverture s’est déroulée dans la prestigieuse et scintillante salle de conférence de Ouagadougou décorée aux couleurs de l’événement. Le président Ibrahim Boubacar Keita était en compagnie de ses homologues du Burkina Faso, Rock Marc Christian Kaboré et du Niger, Mahamadou Issoufi.
La cérémonie d’ouverture a été marquée par une dizaine d’interventions. A commencer par celle du ministre burkinabé du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat qui indiquera que cette conférence de haut niveau vise à décloisonner les compartiments institutionnels entre les questions de bonne gouvernance démocratique et le monde des affaires dans nos pays en établissant des partenariats efficaces et raisonnables entre les entreprises et la société civile. «Sans démocratie réelle, il n’y a pas de liberté d’entreprendre. Et sans affaires florissantes, aucune démocratie moderne ne saurait se construire ; d’où le lancement du programme d’urgence pour le Sahel qui vise à s’attaquer aux causes profondes du terrorisme et de la pauvreté, le désœuvrement des jeunes», a ajouté Stéphane Sanou.
Pour le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina, cette rencontre est surtout une opportunité de partage d’expériences sur la construction de la gouvernance participative. Selon Mahamadi Savadogo, elle met en évidence le rôle important du secteur privé dans la construction d’une nation démocratique, de paix et de développement.
Ainsi tour à tour, le directeur du Mouvement mondial pour la démocratie au Japon, Ryota Jonen, le président de la Chambre de commerce des Etats-Unis, Greg Lebedev et le Commissaire au commerce, à la douane, la libre circulation et au tourisme de la CEDEAO, Laouali Chaibou, se sont succédé à la tribune pour rappeler l’opportunité et surtout les objectifs de cette rencontre. Pour le président de la Chambre de commerce des Etats-Unis, Greg Lebedev, le renforcement de la gouvernance démocratique, à travers la création de nouvelles voies de participation et de liberté économique, permettra d’améliorer les économies de marché existantes dans les pays en voie de développement.
Cette initiative, selon lui, vise surtout à cultiver l’intérêt mutuel entre les entreprises, la société civile et les décideurs politiques et à encourager la collaboration consultative en vue de développer les opportunités d’affaires en Afrique, de façonner un développement démocratique durable et de construire une société prospère et libre.
L’ambassadeur des Etats-Unis au Burkina Faso, Andrew Young et le représentant de l’US-Africa Business Center, Simon Tiemtoré, ont salué le leadership des chefs d’Etat présents à cette rencontre et surtout leur engagement à promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance dans leurs pays respectifs.
Le diplomate américain a ainsi révélé la vision de son pays dans le cadre de la promotion des valeurs démocratiques en Afrique et partout dans le monde. La gouvernance, a-t-il dit, se présente comme le versant social du principe de développement durable suivant lequel les citoyens participent au débat démocratique à divers niveaux, notamment au niveau local pour décider de ce que sera leur vie quotidienne. Mais pour qu’il y ait un vrai débat démocratique, il importe que tous les citoyens, notamment les élus et le monde des affaires, puissent réellement en appréhender les enjeux de développement du pays, a-t-il ajouté.
La rencontre de Ouagadougou, plus qu’un forum, est une occasion propice pour les participants de partager leurs connaissances, leurs compétences et leur expérience en matière de renforcement de la démocratie et de création de l’environnement favorable aux affaires dans leurs pays respectifs.
Au cours de la réunion, les participants apprendront de l’expérience des pays émergents en matière de promotion du dialogue entre les secteurs et leur implication. A travers diverses tables rondes et ateliers participatifs de haut niveau, ils examineront également des études de cas de partenariats intersectoriels réussis, concevront des idées et identifieront des points d’entrée pour la collaboration. En outre, la réunion de Ouagadougou se penchera sur des points de discussions, notamment sur comment établir des partenariats efficaces et raisonnables entre les entreprises et la société civile, le rôle du secteur privé dans les transitions démocratiques et les réformes et règlements : créer un environnement propice aux affaires et faire face aux obstacles au leadership des femmes et à leur participation au développement politique et économique.
Dans son intervention, le président du Burkina Faso a souligné que la problématique de la gouvernance est devenue une préoccupation commune aussi bien en Afrique que dans le monde entier. Pour Roch Marc Christian Kaboré, elle n’est plus l’apanage des seuls hommes politiques en ce sens que le monde des affaires et les partenaires sociaux se sont progressivement investis dans la promotion de la bonne gouvernance. Il a illustré son analyse par l’insurrection populaire de 2014 dans son pays où le peuple a rejeté une gouvernance devenue peu vertueuse au fil du temps et s’est résolument engagé à asseoir les bases d’institutions démocratiques fortes et d’une gouvernance transparente.
Parlant du thème de la conférence «Gouvernance, démocratie et affaires», le chef de l’Etat burkinabé a indiqué que ce thème est assez interpellateur dans la mesure où il réunit des acteurs différents mais complémentaires que sont les pouvoirs publics, le secteur privé et les partenaires sociaux pour créer une interaction dynamique pour la bonne gouvernance, socle du développement économique et social durable. Roch Marc Christian Kaboré a, en outre, souligné que la gouvernance et la démocratie, tout comme le développement, se nourrissent de paix et de sécurité.
«C’est la raison pour laquelle nous avons engagé le gouvernement burkinabè à se doter d’une feuille de route visant à instaurer un système de sécurité efficace et d’une loi de programmation militaire. Et le G5 Sahel dont le président Ibrahim Boubacar Keita dirige la destinée, s’est engagé à construire un partenariat opérationnel adapté à la nature des nouvelles menaces que sont le terrorisme, les trafics illégaux et l’extrémisme violent», a t-il déclaré.
Il faut rappeler que cette rencontre internationale est organisée par le Mouvement mondial pour la démocratie, le Centre pour l’entreprise privée internationale (CIPE) et le U.S. Chamber of Commerce, Africa Business Center (ABC) qui ont lancé conjointement cette initiative en vue de renforcer la gouvernance démocratique à travers la création de nouvelles voies de participation et de liberté économiques, permettant l’amélioration des économies de marché existantes.
Envoyée Spéciale
Doussou DJIRÉ
AU RENDEZ-VOUS DU DONNER ET DU RECEVOIR
La bonne gouvernance et la promotion de la démocratie sont des éléments-cléś du développement. La réussite du développement est en effet indissociable de la bonne gouvernance démocratique. Nos gouvernants en sont conscients, c’est pourquoi ils sont de plus en plus favorables à l’intégration de cette approche dans les politiques de développement. Car, il est établi que la stabilité structurelle d’un pays n’est effective que moyennant une combinaison d’objectifs associés tels que la paix sociale, le respect de l’État de droit et des droits de l’homme, le développement social et économique. Ces processus ont plus de chance d’aboutir s’ils sont soutenus par des institutions politiques légitimes et représentatives en mesure de canaliser les changements et les conflits sans recourir à la violence.
A cet égard, la contribution de notre pays à ce rendez-vous du donner et du recevoir n’est pas moins importante en raison de son expérience démocratique et de sa situation politico-économique et même de son développement en constante croissance. Il s’agissait donc pour le Mali de partager son expérience mais aussi de s’inspirer de l’expérience d’autres pays pour renforcer sa gouvernance démocratique.
Pour le ministre de l’Economie et des Finances, Dr. Boubou Cissé, la participation de notre pays à cet événement est importante car c’est un forum où sont discutés des sujets d’importances capitales, notamment en matière de la promotion de la bonne gouvernance et du développement du secteur privé. «Le triptyque Gouvernance, démocratie et affaires nous révèle qu’un pays ne peut pas aujourd’hui développer fondamentalement le secteur privé sans un environnement politique, sécuritaire et même économique et financier favorable à son expansion. Pour cela, il faut également une culture démocratique qui met à l’aise les investisseurs. Nous sommes là pour partager avec le monde ici présent, l’expérience du Mali en matière de démocratie mais aussi d’investissement. Nous avons un climat d’affaires plus attrayant que nous allons exposer mais aussi nous allons tirer profit de l’expérience positive d’autres pays tels que le Vietnam que le président de la Chambre de commerce des Etats-Unis vient d’exposer pour voir dans quelle mesure nous pouvons renforcer les dispositifs déjà en place dans notre pays», a développé le ministre, en révélant que l’économie malienne se porte relativement bien malgré le contexte sécuritaire très fragile avec une croissance enviable qui avoisine 6%.
Après avoir salué l’organisation de cette rencontre de haut niveau, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, a rappelé que cet événement offre l’opportunité à notre pays de mieux se faire connaître mais surtout de faire connaître son ancrage démocratique. «Je voudrais savoir gré au président Rock Marc Christian Kaboré pour nous avoir associés (moi et mon frère Mahamadou Issoufi du Niger) à cette rencontre de haut niveau pour débattre d’un thème aussi fondamental pour nos pays, à savoir la démocratie, la bonne gouvernance et le développement des affaires. Cette rencontre qui réunit d’éminents experts venus de l’Afrique et des Etats-Unis pour discuter de l’enjeu fondamental pour notre pays qui a connu ces dernières années une crise politico-sécuritaire sans précédent avec son cycle de violence, est surtout une occasion pour nous de parler du Mali, de nos avancées en matière de culture démocratique mais aussi de s’imprégner de nouveaux savoir-faire», a déclaré le chef de l’Etat.
En outre, le président Keita a souligné que cette réunion a surtout été l’occasion pour le Mali de témoigner de sa volonté politique à promouvoir et renforcer la gouvernance dans notre pays. «Il s’agissait aussi de faire connaître les potentialités commerciales et les investisseurs à créer et maintenir des relations avec notre pays, à investir au Mali», a-t-il ajouté.
D.D
Source: L’Essor