La deuxième et dernière journée du Forum de Dakar sur la paix et la sécurité se tient ce mardi 6 décembre dans la capitale sénégalaise. Près de 400 invités experts, militaires, représentants de la société civile, mais aussi une dizaine de chefs d’Etat sont annoncés. Au final bien peu ont confirmé leur présence, mais on n’est pas l’abri de surprises.
Après les débats et les discussions entre experts, cette dernière journée du Forum de Dakar va prendre une tournure plus politique. Lundi soir, bon nombre de chefs d’Etat étaient encore attendus dans la capitale sénégalaise, dont Muhammadu Buhari, le président du Nigeria. Idriss Deby, dont les amères critiques sur l’intervention occidentale en Libye avaient marqué le premier Forum de Dakar en 2014 ne devrait pas venir cette année.
En revanche, le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta pourrait faire le déplacement. Sa venue pourrait donner lieu à une réunion bilatérale avec Jean-Yves Le Drian. L’occasion d’évoquer la dégradation de la situation dans le nord du Mali. « L’armée française ne peut pas se permettre de perdre un soldat tous les trois mois », note un proche du ministre de la Défense, particulièrement à l’approche de l’élection présidentielle en France. Or, les explosions de mines et les attaques à la roquette sont devenues très courantes notamment dans la région d’Abeïbara où opère la force Barkhane. Au Mali, tout le monde doit assumer ses responsabilités, indique-t-on à la Défense : la Minusma, mais aussi l’Etat, qui doit tout mettre en œuvre en vue de la pleine application de l’accord de paix d’Alger.
L’Afrique de la défense définitivement multipolaire
Partenaires du Forum cette année, une trentaine d’entreprises privées, en majorité françaises, issues du secteur de la Défense, mais aussi des participations « étatiques », comme celle du Qatar, de l’Arabie saoudite, du Japon, de la Chine et de la Corée du Sud. A ceux qui reprochaient au Forum de Dakar d’être une tribune francophone élaborée à Paris avec la bienveillance du ministère français de la Défense, cette troisième édition du Forum est venue remettre les pendules à l’heure. Ce sont bien les Sénégalais qui sont aux manettes et ils invitent qui ils veulent.
En clair, on a vu et entendu lundi à la tribune des personnalités que les militaires français n’ont pas vraiment l’occasion de rencontrer. Comme Madame Xu Jinghu, la représentante pour l’Afrique auprès du président chinois, français impeccable et discours millimétré : « La communauté internationale doit traiter l’Afrique sur un pied d’égalité et régler les questions africaines par des solutions africaines au lieu d’imposer sa volonté aux Africains ou de s’ingérer dans leurs affaires intérieures. »
Cela fait bien longtemps que l’Afrique n’est plus notre chasse gardée, commente un industriel de la défense venu dans les bagages de Jean-Yves Le Drian. En matière d’armement, les Africains font des affaires avec tout le monde et se montrent parfois changeants, comme ce jour où le président sénégalais a décidé d’acheter des avions de chasse légers à la Corée du Sud, alors que le contrat était presque signé avec le Brésil.
■ Les structures de santé fragiles face à la violence
A Dakar, chercheurs, diplomates, militaires et chefs d’Etat viennent donc échanger sur les problèmes de radicalisation et d’extrémisme violent. Mais il y aussi des organisations internationales humanitaires, venues rappeler que les attaques terroristes et les conflits armés n’engendrent pas que des risques pour la sécurité, mais aussi des risques sanitaires.