Les chefs d’état du G5 Sahel se sont réunis le dimanche dernier à Bamako pour acter la création de leur force anti-terroriste conjointe.
Principal soutien à sa mise en œuvre, la France a voulu envoyer un signal politique fort, incarné par la présence du président Macron, qui souhaite qu’elle puisse mener ses premières actions dès l’automne. Sur le volet militaire, la France a promis 8 millions d’euros sur 5 ans, plus des équipements et un soutien renforcé de Barkhane.
Côté africain, chaque pays s’est engagés à hauteur de 10 millions d’euros. Si les autorités maliennes, burkinabè, nigériennes et tchadiennes se sont déjà plusieurs fois exprimées publiquement sur leur vision de la force G5 Sahel, la Mauritanie s’est peu fait entendre.
Toutefois, lors du sommet, le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz a eu un tête-à-tête avec son homologue français, Emmanuel Macron.
Pour le président mauritanien, si l’intervention Serval en 2013 a été « un coup d’arrêt vital » à la progression terroriste au Mali, la situation actuelle est plus inquiétante qu’alors : « La menace s’est étendue géographiquement, complexifiée avec de nouveaux groupes à connotation ethnique et la détresse croissante de certaines populations, là où l’État reste absent, les rend de plus en plus inféodées aux terroristes qui contrôlent leur zone, par les armes comme par l’argent », estime-t-il.
Le président Aziz affirme avoir les hommes nécessaires pour déployer un bataillon à la frontière mauritano-malienne pour la force G5 comme le prévoit le dispositif envisagé. Mais pas question pour lui de s’engager sans les moyens financiers et en équipement nécessaires, non pas pour « seulement harceler ponctuellement les terroristes » comme cela a pu être le cas lors de précédentes opérations conjointes avec le Mali, mais bien pour les neutraliser durablement; ce qui prendra plusieurs années, pense-t-il. Avant d’estimer : « La différence avec le régime malien précédent, c’est qu’il y a eu une vraie prise de conscience. Tout est question de volonté. S’il y a une réelle volonté politique du G5 et de ses partenaires, et que les moyens sont mis, alors la force conjointe pourra devenir opérationnelle ».
Sur ce point, Mohamed Ould Abdel Aziz dit apprécier la vision de la situation du nouveau président français Emmanuel Macron, « une vision plus pragmatique et réaliste » que son prédécesseur, indique-t-il.
Cyrille Coulibaly