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Fonds spécial Covid-19 au Mali : Les damnés de la République

Suite aux premiers cas de Coronavirus détectés au Mali, les autorités ont pris des mesures exceptionnelles, telles que la limitation de la circulation des personnes, de la limitation des commerces, des regroupements, ainsi que la fermeture des bars, des restaurants, le tout chapeauté par un couvre feu de 21h du soir à 6h du matin. Ces mesures jugées nécessaires par les autorités politico-sanitaires, ont considérablement affecté le secteur de l’économie.

 

Pour limiter les conséquences socio-économiques, le président de la république a lancé un fonds spécial de lute contre le covid 19 doté d’un budget initial de 500 milliards FCFA dont les 100 milliards affectés aux ‘’familles les plus vulnérables’’.

Pourtant selon les chiffres de l’Office Nationale des Statistiques, on compte au Mali, un taux de 41,1% de la population qui vit sous le seuil de la pauvreté. Ainsi la prise en charge « que » de 41,1% de la population comme annoncée par le président IBK, a laissé sur le carreau plus de 90% des populations précaires.
Ces oubliés de la République sont de plus en plus nombreux à vouloir se faire entendre. Car leur situation s’est davantage détériorée avec la fermeture de certains commerces et l’instauration du couvre-feu. Beaucoup d’entre ces pauvres qui vivaient de petits boulots ou de la restauration la nuit, se sont retrouvés au chômage sans aucun filet de secours.

Malgré les opérations de distributions organisées par l’État, certains de ces précaires – pour ne pas dire beaucoup d’entre eux – sont passés entre les mailles du filet de la solidarité gouvernementale. Ces silhouettes qu’on feint de ne pas voir, entassé dans des habitations précaires, font la nique à la communication politique. Au-delà des statistiques, ces oubliés de la République ont des noms, des visages, des trajectoires de vie et surtout une histoire.

La pudeur et la dignité qui est la leur cache des angoisses qu’ils ne veulent étaler.

Qu’il s’agisse de Tidiane Koné, de Broulaye Konaté, de Fatoumata Sacko où de Bintou Samké, les témoignages sont unanimes, ils ne comptent pas!

S’ils portent en eux les stigmates de la misère et le poids d’une fatalité à laquelle ils semblent ne pouvoir échapper, la bravoure et la dignité ne les ont pas quitté. Ils ne rêvent pas de sortir de la précarité, non, ils s’activent ardemment pour améliorer leur quotidien.

Fatoumata, la vendeuse de brochette au bord du goudron à Djicoroni-Para ne travaille pas en cette période de limitation des interactions sociales et de couvre-feu. Mère de 4 enfants son mari malade ne travaille pas. Elle dénonce par ailleurs les conditions de recensement des familles qui ont bénéficié de l’aide du gouvernement et s’insurge contre le détournement de cette aide par certains intermédiaires. Fatoumata fonde son espoir sur son cadet de 18 ans qui est au lycée. Mais faute de cours, son espoir risque de s’enliser dans la lourdeur administrative de la reprise des cours.

Tidiane Koné, victime d’un accident du travail se retrouve au chômage, sans indemnité ni accompagnement social. Malgré la précarité de sa situation, il affirme n’avoir reçu aucun soutien des autorités. Des dons alimentaires venant de l’État, il n’a absolument rien obtenu. Pourtant le quinquagénaire ne se plein pas. Il a foi en Dieu et s’en remet à la générosité de jeunes donateurs venus soulager sa peine.

Parmi ces oubliés de la république qu’en est-il des réfugiés maliens en cette période de pandémie et de soudure qui pointe à l’horizon? Qu’en est-il des maliens bloqués par les autorités à nos frontières, leur refusant assistance et secours?

Cependant, il n’est jamais trop tard pour que le gouvernement rectifie le tir pour donner sens à la république et à nos valeurs.

Car comme le rappelait Jean Bédard, la grande pauvreté est une maladie du lien social de solidarité, elle résulte de l’illusion que la cité peut s’en sortir malgré l’injustice faite à « quelques individus ». Dans cette maladie, tout se passe comme si le sacrifice d’une personne n’avait pas d’effet sur l’ensemble. Peu importe que la coque du navire se fende à un endroit, pourvu que les mieux nantis s’en sortent. C’est une pure illusion, car le luxe d’une cabine n’apporte aucune sécurité si la coque est brisée.

Alors ne les laissons pas à la berge, car la République ne doit damner aucun de ses fils au nom de notre devise : Un Peuple, un But, Une Foi.

Mariam Konaré

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