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Fonds d’Aide à l’Industrie Cinématographique (FAIC) : Le parcours, plus complexe que prévu

Dans quelques semaines, le Fonds d’Aide à l’Industrie Cinématographique (FAIC) fêtera les 3 ans de sa création par le conseil des ministres du jeudi 22 décembre 2016. Comme le temps passe !


Confrontés à la réalité du terrain, les initiateurs et applicateurs du projet se rendent compte qu’entre son enfantement sur papier et sa mise en pratique, le parcours s’avère plus complexe que prévu.
Comme contribution au FAIC, l’Etat a annoncé l’allocation de la somme de 6 milliards de FCFA. Depuis, le temps se fait long pour sa disponibilité. Ce qui nourrit des supputations. Tout compte fait, si l’on se réfère aux textes régissant le fonctionnement du Fonds, il semble que cette allocation n’est pas faite pour être renouvelée, même si on ne sait jamais de quoi sera fait l’avenir.
La somme, importante aux yeux du profane, ne peut suffire à obtenir des résultats plausibles au regard du caractère onéreux du cinéma. Il appartient donc au Directeur Général du Fonds, Bréma Moussa Koné, qui sera bien inspiré de s’entourer d’un staff bien étoffé de spécialistes du cinéma, de trouver les voies judicieuses pour se donner les moyens de sa politique. Car, le chemin étrenné est loin d’être balisé pour une pratique toute nouvelle de financement du cinéma de façon organisée et pérenne au Mali.
Il est donc évident que le FAIC ne peut se limiter à la gestion de cette allocation. Cette certitude semble être partagée par le département de la culture et la direction du Fonds qui ont entrepris une première démarche pour trouver, en plus des promesses de l’Etat, les ressources nécessaires à la réalisation de ses objectifs.
Le colloque sur « La problématique de financement du cinéma », organisé les 12 et 13 novembre à Bamako, est une première approche bien pensée en vue d’élargir l’horizon et profiter de l’expertise de professionnels maliens et de compétences du Burkina Faso, de la Guinée, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal qui y ont participé.

Veiller à l’effectivité de la dotation initiale du Fonds, c’est-à-dire jouer des coudes pour le versement des 6 milliards promis par l’Etat, est une des recommandations essentielles de ce colloque. Cette allocation permettra de procéder à quelques financements de projets. Mais, elle ne pourra pas suffire à réaliser les principaux objectifs confiés au FAIC. Pour la pérennité de l’entreprise, la solution recommandée au gouvernement est de soutenir le FAIC à réaliser des prélèvements fiscaux et parafiscaux. C’est une bonne et vaste source qu’il faudra savoir gérer judicieusement. Pour mieux coordonner cette action, il est préconisé la création d’un outil pour la mobilisation des ressources financières.
Afin d’élargir encore plus l’horizon, le recours direct des opérateurs du cinéma au financement des banques et autres institutions financières est suggéré. Mais, comme les bosses de ces nobles institutions dorment tout près de leurs sous, leurs exigences de garantie bloquent bien des initiatives. Pour contourner cet obstacle, les têtes pensantes du colloque ont recommandé la création d’un fonds de garantie. Cela devrait calmer les réticences et générer des initiatives.
Pourquoi tout ce branle-bas de combat autour du cinéma malien ? C’est que les lauriers qui ont fleuri la tête de nos cinéastes commencent à flétrir, à défaut d’être renouvelées. Les pionniers – que je ne citerai pas pour ne pas en oublier et faire des jaloux – ont hissé bien haut la barre. La nouvelle vague qui pointe le bout du nez n’a pas les carnets d’adresses bien fourni de leurs devanciers. Alors, ils ne savent pas trop comment tirer les ficelles pour assurer la production de leurs projets de films sur un continent largement dépendant de l’aide financière étrangère, notamment de l’Occident.
Les propos du journaliste français Olivier Rogez sont édifiants lorsqu’il affirme qu’« en Afrique francophone pendant trois décennies, la France a financé le cinéma. Apparemment généreuses, les mamelles de l’ex-puissance coloniale ne donnent pourtant rien gratuitement ».
Il est conforté dans son dire par le constat fait par ce spécialiste français de l’économie du cinéma africain, Claude Forest, selon qui « Toutes les aides étaient des aides liées à une condition.
On donnait de l’argent, mais il fallait qu’une partie de cet argent, la moitié en général, soit dépensée sur le pays donateur, c’est-à-dire la France. Donc, grosso modo, on a empêché une filière de se construire parce que, justement, l’argent allait principalement aux techniciens français ».
Alors, freinés dans leur élan par ce handicap majeur, les Maliens ouvrent maintenant les yeux et tentent de se tirer de ce mauvais pas en initiant le FAIC. Que la charge soit légère pour nos frêles épaules, amen !

Source: L’Essor-Mali

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