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Fonds COVID-19: après la dilapidation, place aux justifications

La Justice malienne est aux trousses de ceux qui ont été impliqués dans la gestion des fonds COVID-19. Dans la journée du mercredi 7 janvier, plusieurs cadres ont été placés en garde à vue par la brigade du Pôle national économique et financier. Les faits qui leur sont reprochés sont entre autres : atteinte aux biens publics, faux et usage de faux et complicité dans la gestion des fonds COVID-19.

Un fonds dont le rapport 2021 du Bureau du Vérificateur général a décelé des dizaines de milliards non justifiés. En recevant le rapport du VGAL, le Président de la transition, le Colonel Assimi GOÏTA, avait promis des actions décisives. Avec ces interpellations nous osons croire que les responsabilités seront situées et que les coupables rembourseront l’argent du contribuable jusqu’au dernier centime.

Dans son rapport 2021, le Bureau du Vérificateur général souligne que des gestionnaires des fonds COVID-19 se sont octroyés des avantages indus, ont payé des dépenses inéligibles, irrégulières et fictives, réglé des marchés publics sans l’acquittement des droits d’enregistrement et de la redevance de régulation et utilisé de faux contrats et de fausses factures pour justifier des opérations de dépenses.
Le rapport révèle que les irrégularités financières dans la gestion des fonds COVID-19 s’élèvent à 50,733 milliards de FCFA.
Pour faire la lumière sur cette affaire, la brigade du Pôle national économique et financier a mis en garde à vue, le mercredi 7 février 2024, pour atteinte aux biens publics, faux et usage de faux et complicité certains cadres. Il s’agit de Bouréima Mamadou DIARRA, ancien régisseur spécial auprès du ministère des Maliens de l’extérieur ; Akory Ag Iknane, ancien DG de l’INSP ; Ousmane Attaher, ancien DG de l’hôpital du Mali ; Abdoulaye SANOGO, DG du CHU Gabriel TOURÉ ; Ilo Bella DIALL, ancien DG du Point G, Mounirou BABY, DG du Centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose ; Ousmane FAYE, DG de l’hôpital dermatologie ; Almoustapha OUATTARA, ancien DG de l’hôpital de Kati ; Moussa COULIBALY, Ancien DG de l’hôpital de Ségou ; Dade Ben Sidi Ben Bouillé HAIDARA, DG de l’hôpital de Sikasso ; Nathan SOGOBA, comptable matières à l’hôpital de Sikasso.

Le rapport 2021 du VGAL souligne que le Directeur Général de l’Institut National de Santé Publique (INSP) a autorisé le paiement de 300 000 FCFA de perdiems, par mois, aux membres de la coordination, de la commission et sous-commission technique, aux superviseurs, sans que cela ne soit lié à des missions de terrain.
De plus, ce taux de perdiems est supérieur à la prime spéciale COVID-19 de 207 500 FCFA accordée aux personnels en service au Ministère de la Santé et du Développement Social et au Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile. Le montant des per diem indûment payés s’élève à 129,57 millions de FCFA. Il a également autorisé le paiement de frais de communication indus à 16 agents volontaires et à 31 agents de l’INSP pour un montant de 15,06 millions de FCFA. Le montant total des dépenses indues s’élève à 144,63 millions de FCFA.
le rapport reproche au Régisseur Spécial d’Avances du Ministère des Maliens de l’Extérieur d’avoir utilisé de faux contrats et de fausses factures pour justifier des sorties d’argent pour un montant total de 344,04 millions de F CFA. Les bénéficiaires mentionnés sur les documents de paiement n’ont pas reconnu les contrats et les factures émis en leur nom et n’ont pas, non plus, perçu les décaissements correspondants. Par ailleurs, il a justifié auprès du Payeur Général du Trésor, le règlement de la facture fournisseur l’Hôtel Micasa, d’un montant de 58,93 millions de FCFA TTC, alors que ledit fournisseur n’a perçu aucun paiement.
Nous pouvons lire dans le rapport du VGAL que le Directeur Général de l’Hôpital du Mali a autorisé le paiement d’avantages indus sur le fonds COVID-19. ‘’Il a payé, sur la base des prévisions ou programmations de garde, des primes d’astreintes et de garde au personnel fonctionnaire, notamment le Coordinateur, des membres de la cellule technique et de l’Administration de l’hôpital pour leur implication dans la gestion de la pandémie de COVID-19 pour la période de mars à décembre 2020. Il n’a pas fourni les preuves de l’effectivité des prises de garde. Le montant total de ces irrégularités s’élève à 53,41 millions de FCFA’’, décèle le Rapport.
Quant au Directeur Général du CHU du Point G, les enquêteurs du Bureau du Vérificateur général découvrent qu’il n’a pas justifié l’utilisation du montant de 20,25 millions de FCFA du mandat de paiement n°1000 du 10 décembre 2020 relatif à la fourniture de carburant destiné au personnel traitant, à la commission technique, à l’ambulance, au groupe électrogène et autre moyen de déplacement, dans le cadre de la lutte contre la COVID-19, pour la période allant du 1er octobre au 31 décembre 2020.
Ce n’est pas tout, le DG de l’hôpital du Point G a également payé aux membres de l’équipe d’appui administratif un montant indu de 4,07 millions de FCFA à titre d’indemnités forfaitaires. Le montant total des irrégularités est de 24,32 millions de FCFA.
Le Directeur Général du CHU Gabriel TOURE est accusé d’avoir autorisé le paiement des dépenses irrégulières sur le fonds COVID-19. Le rapport informe qu’il a payé aux 12 chefs de département de l’hôpital le montant de 21,81 millions de F CFA au titre des « primes doubles » de garde et de forfait d’astreinte aux membres du Comité COVID-19 pour la période allant du 4 mai au 2 octobre 2020, à raison de 10 000 FCFA par jour.
Par ailleurs, il a aussi dépensé le montant de 78,74 millions de F CFA du mandat de délégation n°3159 portant prise en charge des primes de garde dans le cadre de la prévention et la riposte contre la pandémie de la COVID-19 pour une période de cinq (5) mois, pour payer les primes de garde des autres unités de l’Hôpital. Le montant total des irrégularités est de 100,55 millions de FCFA.
Pour sa part, le rapport indique que le Directeur Général du Centre de Recherche et de Lutte contre la Drépanocytose a autorisé le paiement des dépenses irrégulières sur le fonds COVID-19. Il a autorisé le paiement de la somme de 3,15 millions de F CFA pour la prise en charge de 10 membres du comité de crise pour la gestion des catastrophes et des épidémies 126 dudit centre pendant la période allant d’avril à septembre 2020 soit six (6) mois. Il a aussi payé le montant de 750 000 FCFA à titre d’appui à trois (3) agents du centre qui ont été testés positifs à la COVID-19. Le montant cumulé des irrégularités est de 3,90 millions de FCFA.
La liste des irrégularités financières décelées est loin d’être exhaustive. Le rapport dévoilé que les médecins-chefs et les comptables de plusieurs centres de santé ont effectué des dépenses indues. Le montant total des irrégularités financières s’élève à 50,733 milliards de FCFA.
Il est déplorable de constater que le fonds COVID-19 constitue une source d’enrichissement illicite pour certains responsables. En tout cas, cette pratique honteuse nous rappelle les années 1973-1974, avec la grande sécheresse qui a frappé notre pays. Lors de cette grande famine dont le souvenir est un calvaire inoubliable pour les populations maliennes, le monde entier s’est porté au secours du Mali, en mobilisant des aides alimentaires. Cette catastrophe avait été l’occasion pour certains cadres du pays de s’enrichir de façon illicite. À l’époque, des responsables de haut niveau ont été soupçonnés d’avoir détourné des quantités importantes de ces dons à des fins personnelles et ont construit des villas, autrement appelées « les châteaux de la sécheresse ». Heureusement que la Justice malienne s’est saisie du dossier et situera les responsabilités afin que les coupables remboursent l’argent volé.

PAR MODIBO KONÉ

Info Matin

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