A Kidal, l’horreur et la barbarie ont atteint le seuil de l’intolérable avec l’assassinat de six administrateurs civils de la région, suite à l’occupation du gouvernorat et la prise d’otages qui s’en est suivie. Le sang a coulé (une fois de plus) dans cette localité martyre de Kidal. La horde de terroriste est passée à l’action.
Après tant d’horreurs, est-il nécessaire d’analyser sereinement la situation qui prévaut dans cette localité qui échappe totalement au contrôle des autorités maliennes.
Qu’est-ce qui a conduit à ce regain de tension ? L’affrontement était-il évitable ? Des mesures avaient-elles été prises pour sécuriser la visite du Premier ministre ? Si oui, lesquelles ?
Au vu de toutes ces questions, le déplacement de Mara à Kidal témoignait certes de la volonté du pouvoir d’affirmer la souveraineté de l’Etat sur cette région, mais il était porteur de risques. Au mois de novembre 2013, l’ancien Premier ministre, Oumar Tatam Ly et une forte délégation ministérielle avaient été contraints d’annuler leur voyage à Kidal. Auparavant, en septembre 2013, trois membres du gouvernement avaient échappé in-extremis à un lynchage, lors d’une visite dans la même ville.
A chaque fois, le pouvoir s’est réfugié dans un silence gênant, là où l’opinion attendait une fermeté de sa part.
Le comble ? Depuis son arrivée aux affaires, IBK, lui-même, n’a daigné effectuer le moindre déplacement au nord pour affirmer l’autorité de l’Etat et/ou conforter la souveraineté de la République.
En sept mois de gestion, quels sont les actes posés par le président de la République pour prouver que Kidal est et reste dans le giron de la République ? Presque rien. Là où on attendait des actes, IBK a multiplié les grands discours. Il se faisait passer pour Zorro, et il est apparu aux yeux de tous comme un chef d’Etat impuissant, sans vision claire et qui ne dispose d’aucun remède miracle pour Kidal et pour le Mali.
Ainsi, le tâtonnement a atteint son comble lorsque le président Ibrahim Boubacar Keïta a voulu impliquer des pays comme l’Algérie et le Maroc dans le processus de négociations. Alors que le Burkina Faso avait l’aval de la Cedeao et de la communauté internationale pour conduire la médiation après l’Accord conclu à Ouaga. Mais le drame, c’est que le pouvoir en place a toujours savamment distillé des contre-vérités pour satisfaire une opinion malienne qui a compris qu’elle a été trompée sur toute la ligne en ce qui concerne Kidal et la conduite des affaires de l’Etat.
Alors, qu’il s’agisse de Kidal ou des autres questions liées à la vie de la nation, il est temps qu’Ibrahim Boubacar Keïta dise la vérité aux Maliens.
CH Sylla