Une très mauvaise nouvelle pour les Maliens : l’Algérie revient dans le dossier du nord. Ce pays voisin vient, en effet, d’abriter une rencontre (sur initiative des autorités algériennes) entre différents groupes armés qui combattent le Mali. Les Algériens veulent remettre ça, au mois de juillet prochain. .. Il est question d’ouvrir (à Alger) véritablement des pourparlers entre Bamako et les rebelles.
Mais le piège tendu par l’Algérie est là. Il fonctionne à merveille. De quoi s’agit-il. Après maintes tentatives, les autorités algériennes persistent toujours dans leur volonté de récupérer le dossier malien. Elles veulent tout simplement saboter la médiation de la CEDEAO, conduite par le Burkina Faso. Sinon comment comprendre cette précipitation algérienne à convoquer une réunion des groupes rebelles, au moment où la communauté internationale demande aux parties de relancer les négociations, conformément aux recommandations de l’accord de Ouaga. C’est le Burkina Faso qui est mandaté par la communauté internationale, pas l’Algérie. En réalité, ce pays, après avoir activement contribué à la déstabilisation du Mali, après avoir tout mis en œuvre pour empêcher une intervention militaire étrangère au Mali, après de nombreuses tentatives d’être médiateur, profite aujourd’hui des errements des autorités maliennes.
En effet, ce sont elles qui ont ouvert grandement la voie à l’Algérie, alors que le Burkina Faso est toujours considéré par la CEDEAO, comme seul médiateur de la crise malienne. Pourquoi, alors une médiation algérienne ? Pourquoi ce forcing de l’Algérie ? Est –ce pour l’intérêt du Mali ou pour la défense d’intérêts inavoués ? Mais l’opinion malienne n’est pas dupe. Elle sait tout des intentions de ce pays voisin qui excelle dans l’art de la duplicité : il est le pays « ami et frère », en même temps, le protecteur des groupes armés. Au delà de cette médiation forcée de l’Algérie, il est temps que le président de la République, se rende compte des dangers du pilotage à vue qu’il a instauré dans la conduite du dossier du nord. Visiblement, IBK (par son propre jeu) est pris au piège entre l’Algérie, le Maroc, la Mauritanie et la CEDEAO. Comment compte-t-il se tirer d’affaire ? Toute la question est là.
C.H. Sylla
SOURCE: L’Aube