En cette fin décembre, les médias africains rejouent leur « marronnier » : la vie chère en période de festivités. Et cette année, le Covid-19 s’invite à la fête…
« Pour les fêtes, cette année, tout est plus cher ». Entendue à tous les coins de marchés, à l’approche de Noël et de la Saint-Sylvestre, la phrase semble du même acabit que « y a plus de saison » ou « tout fout le camp, ma bonne dame ». Vaines incantations de nostalgiques qui semblent découvrir, avec une naïveté sans cesse renouvelée, que la rugosité des prix est intrinsèquement liée à la spéculation elle-même liée aux célébrations de fin d’année ? Une revue de presse rétrospective édifierait. Mais qu’importe. Puisque l’esprit des travailleurs n’est déjà plus à leurs taches, les médias appuient là où ça fait mal : la dèche de janvier – fameuse « janviose » – pourrait débuter avant même le passage à l’année nouvelle…
De façon générique, des reportages évoquent, par exemple, la flambée des prix en Côte d’Ivoire, à l’approche de Noël, et ceci dans des secteurs de consommation assez différents. La fête de la nativité rimant largement avec son dérivé commercial en mode « papa Noël », des articles évoquent le marché des jouets réservés à des enfants qui ne manqueront pas de comparer ce qu’ils ont reçu avec les présents offerts à leurs camarades. Des émissions s’attardent, elles, sur le renchérissement des « sapes » des adultes, sans lesquelles une fête ne saurait être une fête…
EN CÔTE D’IVOIRE, AU CAMEROUN ET AU SÉNÉGAL, ON OBSERVE UNE ENVOLÉE DES PRIX DE LA VIANDE DÉPASSANT 10 %
Pénurie de poulets ?
En matière de denrées alimentaires – une festivité se doit de malmener la sous-ventrière –, l’Institut national de la statistique ivoirienne (INS) observe, entre 2020 et 2021, une envolée des prix dépassant les 10 % pour les chairs animales. Même son de cloche, du Cameroun au Sénégal. Le gallinacé, en particulier, deviendrait-il un Graal ? Au pays de la Teranga, la hausse des prix de la volaille pourrait même laisser la place à une pénurie de poulets, si l’on en croit le site senenews qui a interrogé des vendeurs du marché Castor qui soutiennent, eux, que « les prix restent toujours les mêmes », entre 2 500 et 3 000 francs CFA pour des poulets de chair.
La menace de la pénurie n’est-elle que le leurre brandit par des commerçants qui garderaient des gallinacés sous le coude, jusqu’aux derniers instants d’une éventuelle spéculation tarifaire ? La nouveauté de 2021 pourrait être l’impact de la crise sanitaire et le tassement économique induit. Là encore, le ressenti plus moins objectif des acteurs de bout de chaîne mériterait une analyse macro-économique plus pointue. Et si le secteur des poulets a survécu à la grippe aviaire, il devrait surmonter une maladie associée aux chauves-souris et aux pangolins…
Et puis, après tout, Noël ne fait pas référence à l’épisode biblique des noces de Cana et la bombance exubérante d’un miracle de Jésus. La fête de la nativité renvoie à l’extrême dénuement dans lequel ledit Jésus est venu au monde. Le berceau du Messie était une mangeoire, mais vide. Par solidarité, les croyants du XXIe siècle devraient-ils se contenter d’une aile de poulet ? Pas très réjouissant, quand on constate déjà que les deux fêtes du 25 décembre et du 1er janvier tombent, cette année, des samedis. Même dans les pays où l’État accorde un lundi férié, en cas de festivités dominicales, il n’y aura aucun repos à grappiller…
Source : Jeune Afrique