La fistule obstétricale définit les situations dans lesquelles une femme perd permanemment les urines par les parties génitales à la suite d’un accouchement. Il peut y avoir une association de perte de selles. Cette perte de matières fécales peut être isolée.Selon le Pr Honoré Jean Gabriel Berthé l’adage : «Mieux vaut prévenir que guérir» convient mieux à la situation de la fistule obstétricale plus qu’à toute autre, en raison de ses multiples conséquences psychosociales et du traitement difficile de certains cas graves.Dans tous les cas, la fistule survient lors d’un accouchement le plus souvent difficile.
Pour être plus explicite, l’urologue dit que la fistule obstétricale est la conséquence d’une communication anormalement établie entre l’appareil génital et l’appareil urinaire ou entre l’appareil génital et l’appareil digestif, notamment le rectum. Comme rappel, il explique que la fistule obstétricale était à l’origine une question mondiale. Elle est aussi vieille que l’humanité parce que liée à l’accouchement difficile.
Il dit qu’avant que le suivi de la grossesse et de l’accouchement ne soient bien codifiés avec les progrès de la médecine, cette affection était courante à l’échelle du monde. à titre exemple, elle était encore rencontrée en France et ailleurs en Europe, il y a moins de 50 ans. Mais avec l’amélioration des moyens de suivi de la grossesse et de l’accouchement, cette maladie a pratiquement disparu dans les pays fortement médicalisés. Elle est donc restée un problème essentiellement d’Afrique subsaharienne et de certains pays asiatiques. Le spécialiste du Centre hospitalo-universitaire (CHU) du Point G ne donne pas de statistiques exactes sur le fléau, faute d’études dans notre pays.
Par contre, on estime à 4,5 millions le nombre de cas dans le monde. Il faut aussi intégrer que50.000 à 100.000 nouveaux cas surviennent chaque année dans le monde. Mais le spécialiste explique que notre pays enregistre beaucoup de cas et la situation sécuritaire contribue à aggraver le phénomène.
Quant à l’origine de la fistule obstétricale, il souligne que cette affection d’origine obstétricale survient lors d’un accouchement difficile qui a été non ou mal suivi dans un lieu non adapté et par un personnel, le plus souvent non qualifié. Elle apparaît en général lorsque la progression de l’enfant est bloquée pendant plusieurs heures ou jours sans possibilité d’extraction de l’enfant. Ainsi, une nécrose des tissus va être la cause de la fistule.
Les personnes les plus touchées sont les femmes qui n’observent pas de consultations prénatales. Mais aussi celles qui accouchent dans des endroits non adaptés et sans assistance adaptée. Il s’agit souvent de jeunes femmes mariées précocement, des femmes dont la taille du bassin ne permet pas un accouchement normal ou des femmes qui présentent des anomalies de taille et de forme du bassin. Pour le toubib, ces situations surviennent le plus souvent en milieu rural chez des personnes de faible niveau d’éducation et socio-économique et qui habitent loin des centres de santé.
La maladie se manifeste essentiellement par des fuites d’urine permanentes à travers l’orifice vaginal. En cas de fistule digestive (rectale), il s’y associe une fuite des selles à travers le même orifice. Cela contraint la femme au port permanent de garnitures comme les couches de protection. Par conséquent, ces couches souvent mal adaptées et mal entretenues causent des infections locales. Pour les victimes de fistule, l’odeur permanente des urines infectées et des selles représente un grand handicap. Ce qui pousse à dire que les conséquences liées à la maladie sont multiples.
Pour lui, les conséquences peuvent être d’ordre social car la fistule est une maladie d’exclusion par excellence. Du fait de l’odeur des urines et des selles, ces femmes sont exclues, divorcées, marginalisées dans leurs familles ou dans la communauté. Elles peuvent faire aussi de l’auto-exclusion. Ces conséquences sociales entraînent aussi un appauvrissement économique accru de la victime en raison de son impossibilité à mener des activités génératrices de revenus.
La prévention constitue le meilleur traitement de cette affection car elle permet d’éviter des conséquences psychosociales souvent irréversibles. Elle consiste essentiellement à assurer à chaque femme le bon suivi de la grossesse et surtout de l’accouchement. Il s’agira donc de rendre accessibles les soins prénatals et favoriser l’accouchement assisté.
Il s’agira notamment de modifier les attitudes par rapport aux mariages précoces. Il révèle que les petites filles se marient alors qu’elles n’ont pas la maturité du bassin. Ce qui signifie que le bassin n’est pas suffisamment large pour permettre un accouchement normal. «L’accessibilité universelle à la césarienne est un objectif à atteindre dans ce cas», préconise-t-il.
S’agissant du traitement, l’urologue estime que dans la grande majorité des cas, environ 80 à 90%, la guérison est possible. Sur ce point, il précise que la condition est que la prise en charge soit faite par un chirurgien. Donc, le traitement est chirurgical et doit se réaliser par un personnel qualifié. Plusieurs interventions chirurgicales peuvent être nécessaires pour atteindre l’objectif de guérison.
Fatoumata NAPHO