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Fin de parcours pour El Kerouani

Ancien militaire dans les FAMa, le sergent-chef Sedan Ag Hita aura marqué les esprits de ses camarades en désertant les troupes armées. Lorsqu’il s’est illustré comme le commanditaire de plusieurs enlèvements, il a alors connu son heure de gloire chez les djihadistes. Déchainant désormais sa violence contre les gens de l’ « Azawad » même, il regarde autour de lui et réalise qu’il ne sera bientôt plus qu’un simple chef de secteur.

Tuaregs fighters of the Coordination of Movements of the Azawad (CMA) stand with weapon near pick up trucks with machine gun near Kidal, northern Mali on September 28, 2016, where rival groups have clashed in recent weeks over the country’s shaky peace deal.
The most recent fighting — between pro-government group GATIA and ex-rebels from the Coordination of Azawad Movements (CMA) — left around a dozen fighters dead on September 16 near the northeastern city. / AFP PHOTO / STRINGER

Avec l’enlèvement et l’assassinat de plusieurs personnes, Sedan Ag Hita a rapidement fait ses preuves dans la barbarie, ce qui lui a valu de belles promotions dans l’univers terroriste du nord Mali. Autrefois à la tête de la katiba Youssef Bin Tachfin, il essaye aujourd’hui désespérément de conserver sa part de gâteau et d’embrigader des jeunes, avec des méthodes violentes et fourbes qui n’encouragent pas de nouvelles adhésions. Il a placé ses pions au HCUA et les liens qu’il cherche encore à y exploiter lui permettent d’abuser de la crédulité des futures recrues.

Deux frères symbolisent cette dernière manœuvre : Zinedine et Attaher Ag Biga. Le premier, djihadiste chez Ansar Dine, et le second, qui se dit responsable de la jeunesse du HCUA. Mais Zinedine comme Ag Hita a des ambitions. Devenu le concurrent direct de celui qui se fait appeler El Kerouani, il s’affirme sur ses terres. Sur une vidéo on le voit réunir une matinée entière tous les hommes d’une localité du nord  pour les embrigader à son propre compte. Ag Hita comprend alors qu’il a perdu ses soutiens, d’en haut comme d’en bas.

Il en a pourtant besoin parce que son isolement est chaque jour plus grand. En mal de rassemblement à cause de sa différence ethnique des autres cadres d’Ansar Dine, il a  aussi été affaibli par la mort de ses deux neveux, le preneur d’otages Mohamed Ali Wadossène tué par une frappe et Haiba Ag Chérif assassiné l’an dernier. Dernièrement, des proches à lui ont fui. Les raisons qui ont motivé leur choix de l’abandonner demeurent encore troubles. Sedan Ag Hita redoute-t-il aujourd’hui que son frère, récemment emprisonné à Bamako, les trahisse lui et ses anciens frères d’armes, et qu’il leur porte le coup de grâce ?

Sa solitude et sa colère se ressentent à Kidal où la population ne cache plus son exaspération face à l’insécurité, aux exactions et aux menaces que leur adresse sur Whatsapp « El Kerouani ». Depuis les frappes de Barkhane de cette année, la désorganisation parmi les cadres du groupe terroriste apparait clairement. Les combattants n’hésitent plus à se déplacer sans ordres en ville et dans les mines d’or du nord en taxant arbitrairement la population. Ne seraient-ils pas, eux aussi, abandonnés par leur chef ?

Sedan Ag Hita, jusque alors présenté comme le potentiel successeur d’Iyad Ag Ghali à la tête d’Ansar Dine, ne fait plus l’unanimité. Son caractère violent, ses méthodes de recrutements autoritaires, son penchant pour la traitrise font de lui un homme fui par ses pairs. Quelle sera sa responsabilité future au sein de l’organisation terroriste : simple chef de secteur, sinon rien ?

Idrissa Khalou

La rédaction

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