Les Maliens connaissent depuis samedi l’architecture de la transition et le portrait robot des personnalités devant la conduire, au terme de trois jours d’assises à Bamako. Le document final opte pour une transition de 18 mois sous la direction d’un président désigné par un collège mis en place par le Comité Nationale pour le Salut du Peuple. Le M5-RFP s’oppose à ce point et dénonce un diktat des militaires.
Le Mali va bientôt entamer une transition depuis le renversement du pouvoir de l’ancien président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, par les militaires, le samedi dernier, les 500 participants aux assises sur la préparation de la transition en vue ont acclamé la lecture du document final adopté. Sa charte y prévoit une transition de 18 mois, composée de trois organes; à savoir : le Président de la transition, le Conseil National de Transition et le Gouvernement.
La présidence de cette transition sera dirigée par un militaire ou un civil qui sera épaulé par un vice-président, chargé des questions de défense et de sécurité. Ces deux personnalités seront toutes choisies par un collège de désignation qui sera mis en place par le CNSP. Cette partie du rapport final de la Concertation nationale ne fait pas l’unanimité au sein des participants surtout ceux qui se réclament du M5-RFP. Ils crient à une falsification des propositions faites par les Maliens. Dans les cinq groupes de travaux qui ont travaillé à l’adopter ce document, les délégués des partis et associations membres du M5-RFP se sont opposés au choix du Président de la Transition par un organe proche des militaires. Souvent les partisans du M5 et du CNSP ont failli en venir aux mains nécessitant l’intervention des militaires.
En majorité, le M5-RFP réclame un président civil qui bénéficie d’un large consensus. Et certains le font savoir. « Nous ne sommes pas d’accord avec ce choix et nous allons le combattre », proteste Mme Sy Kadidiatou Sow, membre du comité stratégique du M5-RFP, qui n’exclut pas des nouvelles contestations dans la rue. Le choix d’un président civil divise le mouvement du 5 juin. En effet, contrairement à d’autres organisations, la tendance CMAS-M5-RFP valide les conclusions de la concertation nationale. « Nous sommes d’accord avec les conclusions. Que la présidence de la transition soit dirigée par les militaires ou par les civils ne nous dérange pas. L’essentiel qu’on redresse le pays », indique le coordinateur de la CMAS, Issa Kaou N’Djim.
L’ancien premier ministre, Moussa Mara, dont le parti est resté en marge des contestations qui réclament du changement, relève des zones d’ombre sur le contenu du document adopté. « Il existe des zones d’ombre sur le collège de désignation qui sera mise en place par le CNSP », déclare le président du parti Yelema, qui pense qu’aucune disposition ne prévoit une fonction de vice-présidence.
Les conclusions de la concertation nationale prévoient la formation
d’un Gouvernement de 25 membres dirigé par un Premier ministre nommé par le Président de la transition et la création d’un Conseil National de transition qui sera composé de 121 membres répartis entre les sensibilités de la nation qui aura le rôle de législateur.
Quant à la feuille de route, elle recommande « le rétablissement de la sécurité, le renforcement de la bonne gouvernance, la refondation du système éducatif, des réformes politiques et institutionnelles, l’adoption d’un pacte de stabilité sociale et l’organisation des élections générales ».
Le colonel Assimi Goïta, qui a présidé les travaux de clôture, estime que ce qui les attend à présent est aussi ardu à savoir : la mise en œuvre des recommandations.
Lire la suite sur L’Indicateur du Renouveau