« Forum de début de campagne de commercialisation du sésame » : ainsi a été nommé l’espace thématique qui a réuni à Fana, les 25 et 26 novembre, les acteurs de la chaîne de valeurs sésame pour le lancement « des activités d’achat, de collecte, de transport, de traitement, de conditionnement et d’exportation ».
Cet espace thématique est organisé par le réseau « Bènè Yiriwali Bulon » qui est une plateforme de coordination et de gestion de la chaîne de valeurs sésame créée par certains acteurs de la filière dont PROSEMA (Promotion du sésame au Mali). Il regroupe, chaque année depuis 2013, en début de campagne de commercialisation, tous les acteurs de la filière.
Cette année, l’on notait la présence de nombreux acteurs de la filière dont le directeur national adjoint de l’agriculture, Jean Parfait Dakouo, le président directeur général de PROSEMA-SA, Soumaila Coulibaly, le conseiller agri-business à l’IFDC (Centre international pour le développement des engrais), Baba Togola. Un grand nombre de producteurs de sésame étaient venus des régions de Koulikoro, Ségou, Kayes, Sikasso, Mopti.
La première journée du forum a été consacrée à un espace d’échanges sur le réseau « Bènè Yiriwali Bulon » et le développement de la chaîne de valeurs sésame-PROSEMA. Le PDG de PROSEMA, Soumaila Coulibaly, a expliqué que « le premier challenge est un défi d’organisation des acteurs autour de la filière. Ensuite, il faut asseoir un mécanisme de fluidité d’informations entre les acteurs de la filière. Il faut également continuer à travailler sur les aspects techniques pour nous permettre quand même de faire du sésame de qualité ».
« L’importance de ce forum est donc prouvée d’autant plus que c’est un cadre de concertation entre les acteurs directs et indirects de la filière sésame afin de convenir à des solutions idéales sur les difficultés qu’on rencontre», a développé Soumaila Coulibaly.
Baba Togola, le conseiller en agri-business à l’IFDC, soulignera des problématiques comme la fluidité de l’information sur le prix du sésame sur le marché international, la mise en place d’un mécanisme transparent de définition et de partage de l’information sur le prix tout au long de la campagne de commercialisation, le renforcement de la confiance entre les acteurs de la filière. Le forum devrait, de son point de vue, prendre en charge ces problématiques car « il y va de la survie de la filière car ce sont des problèmes qui ont des conséquences sur les capacités de production, donc d’exportation du Mali ». « La bonne qualité du sésame ainsi que la capacité à satisfaire la demande font partie des exigences du marché international. La PROSEMA a une demande annuelle de 50.000 tonnes mais elle n’arrive qu’à collecter et vendre 5.000 tonnes », a-t-il indiqué.
L’ancien ministre de l’Agriculture, Seydou Idrissa Traoré, a jugé que « ce qui tue les producteurs agricoles au Mali ce sont les intermédiaires car en regardant la fourchette des prix, leur fixation ou même la commercialisation des produits agricoles, ce sont les intermédiaires qui empochent le maximum. Or le contraire aurait été mieux ».
Bécaye Samaké, producteur de sésame à Djitumu Zirakoro, a critiqué « le comportement de certains producteurs (qui) constitue un grand danger pour la filière ». Il a ainsi indexé ce producteur qui vend sa production au plus offrant alors même qu’un contrat le lie déjà à un exportateur. « Grâce à ce forum, grâce aux explications des organisateurs, pour ma part, je mesure le danger d’un tel comportement pour la filière sésame », a-t-il assuré. Ses propos ont été appuyés par Soumaïla Coulibaly qui estime que ce genre de comportement détourne les acheteurs de nos marchés. Selon lui, 95 à 98% du sésame produit chez nous est exporté.
Lors des débats sur la nécessité d’améliorer l’organisation de la filière, plusieurs intervenants ont prôné le regroupement de tous les acteurs au sein d’une interprofession. Certains ont fait remarquer qu’une telle organisation ne devait pas être dirigée par des personnes étrangères à la filière.
Lors de la deuxième journée, le forum a traité de la question difficile de la définition du prix du sésame à l’interne. A cet effet, un comité spécial composé de différents acteurs de la filière a été installé. Il a, pendant un an, la charge de la gestion de l’information sur le prix au cours de la campagne. Il se réunit chaque semaine pour définir le prix du sésame au kg sur la base de deux facteurs : les informations sur le prix à l’international et les charges cumulées de l’ensemble des acteurs. A cet effet, un mécanisme de diffusion de l’information à grande échelle sera mis en place. Le comité spécial se charge également du suivi des travaux du réseau Bènè Yiriwali Bulon.
Aussitôt mis sur pied, le comité a entrepris la définition du prix ainsi que la répartition de la marge entre les acteurs de la filière. Le prix du sésame a été fixé à 350 Fcfa sur l’ensemble du territoire. Sur ce prix, 65% vont aux producteurs et 35% aux exportateurs.
K. DIAKITE
source : Essor
