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Feuille de route des négociations d’Alger

Ce qu’en-pensent les Mopticiens : « Non à un statut particulier pour Kidal ! »

 

 

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En prélude aux négociations qui se tiendront au Mali entre les groupes armés du Nord du Mali et le gouvernement, une feuille de route vient d’être adoptée. Son contenu  arrangerait, semble-t-il,  les deux camps.

Des deux côtés, chacun vise un objectif bien déterminé. Mais, force est de reconnaître que les représentants  maliens dans ce dialogue inclusif n’ont pas su bien préparer leur feuille de route et on a tendance à penser que les groupes armés sont plus stratèges que tout un Etat.

Ainsi, le seul fait  qu’ils aient pu apposer  le nom « Azawad » dans le document en question peut être considéré comme une victoire pour eux. Dans une enquête que votre bimensuel préféré  a menée  dans la Venise malienne sur les clauses de cette feuille de route, une unanimité est de mise : « Non à un statut particulier pour Kidal ». Lisez-donc !

Adama Togo, pharmacien à Djenné

J’ai été surpris de voir le gouvernement, en train de négocier, de gré à gré avec les bandits armés. D’abord, ils n’ont aucune légitimité à mon avis, ensuite, l’Etat se rabaisse jusqu’à leur niveau pour pouvoir accepter leurs conditions. Plusieurs ministres pour discuter avec des bandits. Je pense que ce n’est pas ce que le Président de la république nous faisait croire au moment de la  campagne présidentielle  tout comme  au début de son mandat.

Aujourd’hui, je pense que les groupes armés sont en position de force et sont capables d’obtenir  tout ce qu’ils veulent. On (le Gouvernement)  ne les égale pas en matière de diplomatie. Ils ont, en conséquence, le soutien de la communauté internationale. En tout cas je ne serai jamais d’accord  pour  un statut particulier pour Kidal ou  l’existence d’un quelconque Azawad sur le territoire national.

Mamadou Tréta, Enseignant à Mopti

Comment le Mali est-il tombé si bas ? D’abord, on accepte de signer un accord de défense avec la France pour permettre  le retour de l’armée  française, laquelle  s’était  retirée le 20 Janvier 1961, sous Modibo Kéita.  Ensuite, on s’assoit sur la même table que les  « diables » (rebelles) pour négocier comme sous l’ancien Président Amadou Toumani Touré. Je pense que le Mali ne mérite pas cela  de nous. Aussi, rien n’est jusque-là clair à mes yeux,  car tout le monde semble satisfait.

Là où tout le monde rit, peut-on connaitre le malheureux ? Que NON !  Nous sommes une grande Nation qui regorge plusieurs compétences. Et ces compétences ne sont pas exploitées. C’est pour tout cela que nous souffrons aujourd’hui. Le gouvernement actuel, à part quelques ministres, laisse à désirer. Ce sont des amateurs qui sont aux affaires !

Si l’on n’y prend garde,  le tout risque de nous échapper. Car,  on se retrouve  piégé  et par le MNLA et par la communauté internationale. S’il faut un statut particulier pour Kidal, alors il le faudra  pour Mopti aussi et les autres régions du Mali.

Abdoul Kader Traoré, Informaticien à Sévaré

Tous ces problèmes dont nous vivons aujourd’hui sont purement politiques. Le peuple regarde ses dirigeants et les dirigeants regardent le peuple. Les maliens ne sont pas actifs pour tenir des révolutions car chacun s’est, à la base, désintéressé de la chose publique. Ces genres de pourparlers ne doivent pas se tenir sans une concertation nationale au préalable. Mais comme le peuple a tendance à faire confiance aux dirigeants dans toutes leurs prises de décision, ils font cavaliers seuls.

Je pense que,  si l’on n’y prend garde, le Mali sera divisé comme le Soudan. Je faisais beaucoup plus confiance à nos dirigeants de la transition que ceux qui sont présentement aux affaire car, aujourd’hui, on ne parle pas de technocrate  mais de famille ou de parti politique. On a des ministres qui ne craignent que leurs postes, dans la plupart des cas.

Les nominations à des postes de responsabilité sont devenues un problème de casting favorable à un clan. Même pour effectuer le déplacement pour Alger, beaucoup s’y sont précipité à cause des primes et du voyage, sinon, pas avec une seule idée en tête. Dans une telle impréparation, comment peut-on être satisfait ?

Le Mali a besoin d’une grande révolution. Mais pour cela, le leader du changement doit remobiliser le peuple d’abord. Quand j’ai vu le nom Azawad dans la feuille de route, je me suis immédiatement dit que les groupes armés ont eu gain de cause sur tout un Etat.

Amadou Soumah, historien et instructeur à Bankass

Le peuple malien doit être fier de des avancées  obtenues. Quand on sait que les armes n’ont jamais mis fin à une guerre et que c’est la négociation qui met toujours fin aux différends, nous devons saluer nos gouvernants. Aussi, nous sommes dans la mondialisation.

Donc, chacun se mêle des affaires de l’autre. Les minorités sont très souvent soutenues aussi par la communauté internationale. Donc, je pense qu’il n’est pas encore temps de préjuger  quoi que ce soit dans cette affaire. Ce n’est qu’une feuille de route. Même si les groupes armés continuent leur propagande comme ils l’ont toujours fait.

Aïssata Samassékou dite Saré Mabo, femme leader à Konna

Je suis au parfum de l’actualité comme bon  nombre  de maliens qui se soucient de la destinée de notre pays. Je sais que c’est la communauté internationale qui nous pousse à dialoguer avec les rebelles. Vu ce que nous avons vécu ici à Konna, en Janvier 2013, je pense aussi qu’une solution négociée  vaut mieux que la guerre.

Mais ici, beaucoup de nos amis, parents, concitoyens, etc. ne sont pas contents des dernières évolutions de la situation. Pour certains, Kidal aura son indépendance et par la suite, ils reviendront reconquérir le reste de « l’Azawad » (entendez toutes les zones réclamées par les rebelles).

Aussi, je pense comme beaucoup dans notre ville que le nom « Azawad »  ne devrait pas figurer dans la feuille de route. Je ne dis pas que c’est un échec pour le gouvernement. Mais c’est une victoire pour les groupes armés. Nous devons faire attention de ne pas tomber dans leur piège.  Car, l’appétit vient en mangeant. Nous osons espérer  que l’on ne parlera pas de statut particulier pour aucune région. Sinon, cela nous poussera à  en réclamer  tous si une région venait à l’avoir.

Lazare Karambé, militaire à la retraité à Mopti

 

Je suis très déçu par tout ce qui se passe actuellement au sujet de la rébellion. Nous, nous avons toujours gérés la crise du Nord par les armes. S’il faut des dialogues infructueux ou l’Etat est en position de faiblesse, c’est vraiment regrettable de vivre ces moments.

Nous avons fait tellement de belles choses dans l’armée. Mais aujourd’hui, avec tous les moyens, on ne parvient plus à sécuriser une bonne partie de notre territoire. Si le gouvernement donne l’autonomie à Kidal, il doit le donner à Mopti, à Gao, à Kayes, etc. Ils vont nous dire d’intégrer les rebelles dans notre armée maintenant au moindre coup de feu encore, ce sont ces éléments imposés qui vont trahir  l’armée. Et, vont  vendre les secrets militaires aux ennemis.

Comme on n’a pas le choix, la négociation s’impose.  Mais, je pense que le gouvernement n’a pas bien préparé sa feuille de route. Depuis le début de cette crise, le MNLA a toujours été plus cohérent que le gouvernement malien. J’espère que le Mali continuera à être une nation plurielle laïque mais surtout  unitaire. Même si certains leaders rebelles comme Mahamadou Djeri Maïga continuent de moter les enchères pour reclamer l’autonomie de « l’Azawad ».

Source: Le Canard de la Venise

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