A l’instar des autres pays du monde, le Mali a célébré hier, mardi 8 mars 2022, la journée internationale de défense des droits de femmes. Au Mali, les femmes du milieu rural, celles-là qui parcourent des dizaines de kilomètres pour l’accouchement et les servantes qui, à Bamako, sont payées généralement à 10000 f le mois, sont les oubliées dans la célébration de cette journée. Il y a donc une nécessité que les autorités en place et les défenseurs des droits de femmes redonnent espoir à ces millions de femmes pour qui le 8 mars n’a pas même de sens.
Depuis 1977, Le 8 mars est célébré la journée internationale des droits de la femme. L’origine de cette journée s’ancre dans les luttes ouvrières et les nombreuses manifestations de femmes réclamant le droit de vote, de meilleures conditions de travail et l’égalité entre les hommes et les femmes, qui agitèrent l’Europe et le monde occidental, au début du XXe siècle. C’est en 1977 que les Nations Unies officialisent la Journée internationale des femmes, incitant ainsi tous les pays du monde à fêter les droits des femmes.
Pour l’ONU Femmes, « les femmes et les filles subissent les plus forts impacts de la crise climatique, car celle-ci amplifie les inégalités existantes entre les sexes et met la vie et les moyens de subsistance des femmes en danger. Dans le monde entier, les femmes dépendent davantage des ressources naturelles, bien que l’accès à celles-ci soit moindre ; par ailleurs, elles portent souvent une responsabilité disproportionnée dans l’obtention de la nourriture, de l’eau et du carburant ».
Ces femmes pour qui le 8 mars n’a pas de sens au Mali
Célébrer la femme est plus qu’une nécessité, car la vie n’a pas de sens sans elle. C’est tout le sens de la célébration de la journée du 8 mars, une journée dédiée à la défense des droits de femmes. Au Mali, ce sont généralement les femmes instruites qui connaissent l’importance de cette journée. C’est-elle qui célèbrent cette journée, car ce sont encore elles qui bénéficient de la liberté et du respect que méritent les femmes. Ce sont leurs droits qui sont respectés.
Pour les femmes du milieu rural, en majorité d’ailleurs, le 8 mars n’a pas de sens. Les raisons ? Les droits de ces femmes sont violés en longueur de journée. Certaines sont battues par leur époux, d’autres n’ont pas accès au dispensaire pour accoucher. Nombreuses sont de ces femmes qui n’ont pas accès à l’eau potable. Elles sont obligées de parcourir des kilomètres pour procurer la famille en eau. La liste de la souffrance de ces femmes est beaucoup plus longue.
Les servantes à Bamako et dans les autres grandes villes du Mali ne célèbreront pas, pour la plupart, la journée du 8 mars. Pourquoi ? Parce que la défense des droits de femme est sélective pour elles. Rares sont des familles à Bamako qui paient leurs servantes plus de 10.000F sachant même que le smic au Mali est à 40000f. Et même les défenseurs des droits de femmes gardent un silence assourdissant sur cette violation des droits de certaines femmes.
Redonnez espoir à ces femmes aussi
Malgré les difficultés, le chemin épineux, il y a des femmes émancipées, des défenseurs des droits de femmes qui se battent pour que les droits de toutes les femmes soient respectés. Il faut rendre hommage à ces personnes. Mais il reste beaucoup à faire. L’État, la faitière des femmes du Mali et les organisations de défense des droits de femmes, chacun à son niveau, doit redoubler d’efforts. « Chères femmes Maliennes, vous représentez 50,42 % de la population, vous êtes le socle du fondement de notre pays, alors la refondation ne se fera pas sans vous, vous serez les actrices de première ligne du changement. Ainsi, je lance un appel à toutes les femmes de Kayes à Kidal pour la mobilisation générale en vue de préserver les droits de nos enfants et nos familles à vivre dans un pays en paix » avait déclaré le premier ministre Choguel Kokalla Maïga. La femme joue donc un rôle plus qu’important dans l’avènement d’un Mali nouveau.
Il faut donc, au-delà des femmes instruites, redonner aussi espoir à ces femmes qui souffrent en longueur de journée à cause du manque de soins de santé, d’accès à l’eau potable, dans les zones rurales. Tous les efforts doivent être fournis pour que ces femmes aussi bénéficient des retombées de la journée internationale de défense des droits de femmes. Il revient à l’État, aux faitières des femmes du Mali, aux organisations de défense des droits de femmes de se donner la main pour redonner espoir à toutes ces femmes dont les droits sont violés en milieu rural comme les grandes villes du Mali.
Boureima Guindo