Depuis des semaines, les populations du district de Bamako préparent activement la fête de tabaski. La fête de tabaski ou la fête des moutons est une période où les moutons sont très recherchés par le commun des mortels. Parfois ces moutons deviennent insuffisants pour servir toute la population bamakoise et chers aussi comme à l’instar des années passées. Les vendeurs annoncent que ce ne serait pas le cas pour cette année. Il y en aura pour tout le monde à des tarifs moins chers aussi même si d’autres disent le contraire.
La fête de Tabaski est un moment spécial pour les chefs de famille, les tailleurs, les vendeurs de Bazin, de wax, de tissus, les teinturières et les coiffeuses qui sont pris ainsi d’assaut par les habitants de la ville aux trois caïmans.
Adama, tailleur à Kalabancoro, malgré qu’il soit débordé continue à recevoir les habits de ces clients. Nullement inquiet du fait qu’il ne pourrait pas exécuter toutes les commandes d’ici la fête. Il répète inlassablement à tous ces clients : « Je vais tout faire pour respecter le rendez-vous avec mes clients, car mon honneur en dépend. »
Ce n’est rien que des paroles, estime Safiatou Koné, une cliente venue s’enquérir du jour où son habit sera disponible. « Nous serons nombreuses à faire la fête sans nos habits neufs », indique, très pessimiste Koné.
Dans les salons de coiffure, le marché est lent pour le moment, affirme plusieurs coiffeuses à travers la ville.
Dans les boutiques du grand marché de Bamako, on constate une grande affluence avant cette « grande fête ». Les devantures des boutiques de vêtements de prêt à porter sont ainsi bondées. « Nos clients sont ceux qui veulent s’habiller à l’occidental. Il y a aussi ceux qui sont fatigués des tailleurs qui ne respectent jamais leur rendez-vous. Nos tenues sont à la portée de nos acheteurs», explique ce commerçant, assis derrière le comptoir d’une boutique de prêt à porter.
Dans les familles, les enfants sont à l’attente, pressés que le Papa amène leur mouton. Certains parents s’inquiètent déjà parce que le temps est dur. Bourama Konaté, chef de famille à Sebenikoro souligne qu‘il a pu trouver un mouton l’année passée mais que cette année, qu’il ne croit pas s’il pourra en avoir. « Bientôt, c’est la rentrée des classes. Je préfère préparer la rentrée que la fête car préparer l’avenir des enfants est une obligation pour les parents selon la religion donc cela me préoccupe que la fête » a-t-il souligné
Dramane Koné, chef de famille à Yirimadjo, s’inquiète déjà à cause des nombreuses dépenses qu’il doit faire à l’occasion de cette fête. « La fête sera surement belle malgré toutes ces dépenses que les hommes devront consentir. J’ai déjà acheté mes deux moutons. Il me reste des habits pour les enfants et leur maman. Par rapport à la rentrée scolaire, j’ai 6 enfants à la rentrée 200 milles FCFA pour le début de l’année c’est n’est pas facile mais on demande au Tout Puissant de nous aider pur ça», indique Koné
“Vraiment je suis très inquiet car si je ne trouve pas le moyen pour acheter le mouton, je vais fêter hors de la famille. J’ai une femme qui n’est pas facile, c’est l’incarnation de l’enfer. Même si je dois contracter une dette, je le ferais sinon je suis foutu” a expliqué ce chef de famille domicilié à Djicoroni Para.
Après un passage aux marchés de mouton à Faladiè, Kalabancoro-Tièbani, Lafiabougou et à Djicoroni-coura, on constate qu’à quelques jours de la fête, les « graals » sont remplis de moutons. Le prix minime commence à partir de 40.000 francs CFA et va au-delà de 100.000 francs CFA.
Certains vendeurs de moutons ont indiqué que les moutons seront suffisants, moins chers et que cela sera mieux que l’année passée. Même si d’autres déclarent le contraire. « Il y a suffisamment de moutons et j’espère que ça va servir toute la population Bamakoise et à tous les prix aussi. On a pour 40.000, 50.000, 60000 et 100.000 francs CFA, etc. La différence entre cette année et celle de 2016 est que les prix sont abordables par rapport à l’année passée », a affirmé Hamadi Diallo, revendeur de moutons à Faladiè.
Alfousseyni Bah, vendeur de moutons à Kalabancoro-Tièbani, a indiqué les moutons seront moins chers à Bamako. «Plusieurs moutons sont à destination de Bamako. Et cela peut encore rendre les prix moins chers. Mais, pour le moment, les moutons sont chers sur le marché. La cherté actuelle des moutons est due au fait que le prix d’achat est cher à l’intérieur du pays».
Par contre Siaka Mariko, un jeune vendeur de moutons, se plaint de la cherté des moutons. «Depuis la fête de Ramadan, le prix des moutons n’a pas baissé. Les moutons seront insuffisants pour les populations et ils deviennent de plus à plus chers. Les moutons qu’on pouvait avoir à 35.000 francs CFA, sont maintenant à 75.000 francs CFA. Et cela est dû à l’insécurité que traverse le pays depuis 2012. Ceux qui nous fournissent n’ont plus le courage pour aller en brousse pour nous les fournir à cause de l’insécurité. Le marché est ralenti et il y a moins d’acheteurs maintenant ».
Il est souhaitable, que les autorités à travers le ministère de l’Elevage et de la Pêche fassent en sorte que cette cherté des moutons baisse. Ce, en faisant en sorte que l’offre soit suffisante par rapport à la demande afin que le mouton soit à portée de toutes les bourses.
Nouhoum Dembélé
Le Pouce