La communauté chrétienne célèbre ce dimanche 4 avril la fête pascale, après 40 jours de jeûne, de prières et de partage. Contrairement à l’année dernière où cette fête a coïncidé avec le début de la Covid-19, les chrétiens pourront la célébrer dans les églises tout en respectant les mesures barrières
La fête de Pâques est la plus importante dans la religion chrétienne et elle commémore la résurrection de Jésus-Christ, trois jours après sa mise à mort. Pâques est le jour le plus saint du calendrier chrétien.L’abbé Timothée Diallo, curé de la paroisse Sainte Monique de Badalabougou, a d’abord précisé qu’il y a deux sortes de pâques, à savoir la pâque juive sans «S» et la pâques chrétienne avec «S».
Il a expliqué qu’à l’origine, les Israélites qui étaient dans les liens de l’esclavage en égypte ont quitté ce pays afin de recouvrer leur liberté. Cette Pâque est appelée la pâque juive et marque le passage de l’esclavage à la liberté. Et la pâques chrétienne est celle que les chrétiens fêtent chaque année et qui désigne la résurrection du Christ, donc le passage de la mort à la vie, pour dire que Jésus est mort sur la croix et ressuscité.
Il faut rappeler que les chrétiens sont déjà dans la semaine sainte depuis le dimanche des Rameaux (dimanche dernier). Cette Semaine sainte marque une étape importante dans la vie du chrétien. L’abbé Timothée explique que la Semaine sainte est un temps où on médite davantage sur la passion de Jésus, dont ses souffrances. Cette passion, ajoute-t-il, commence par l’entrée de Jésus à Jérusalem où il va être arrêté. Il portera sa croix, pour ensuite être crucifié, mourir et enseveli. Au cours de cette même Semaine sainte, les catéchumènes suivent une préparation intense pour être baptisés pendant la nuit pascale. Le baptême a un lien étroit avec la mort et la résurrection de Jésus.
Selon l’abbé, cette semaine est aussi marquée par trois jours importants dans la préparation de Pâques. Il s’agit, dit-il du jeudi saint, qui est l’institution de l’eucharistie et le lavage des pieds des disciples par Jésus ; le vendredi saint marqué par l’arrestation de Jésus et le samedi saint qui est un temps de silence et de méditation car, Jésus est au tombeau.
Des mesures contre la Covid-19-Parlant spécifiquement du vendredi saint, l’abbé Timothée a développé que c’est au cours de cette journée que les chrétiens méditent sur la mort du Christ et son ensevelissement. C’est aussi pendant cette journée que les fidèles catholiques suivent un itinéraire appelé chemin de croix avec des arrêts pour méditer sur toutes les souffrances que le Christ a enduré au cours de cette épreuve jusqu’à sa résurrection. Le chemin de croix selon le curé de la paroisse Sainte Monique, est une vielle tradition. «Depuis le début du christianisme, à chaque fête de Pâques, beaucoup de fidèles allaient en pèlerinage à Jérusalem pour suivre les traces de Jésus au cours de sa passion.
Pour ceux qui ne pouvaient pas faire ce pèlerinage, on a instauré ce parcours pour qu’ils puissent vivre en pensée le chemin parcouru par Jésus jusqu’à sa mort», a détaillé l’abbé avant d’ajouter qu’en plus du chemin de croix, le vendredi saint est aussi marqué par un acte important qui est la vénération de la croix par les chrétiens catholiques. «Les chrétiens vénèrent la croix parce que c’est le symbole de notre salut, car Jésus est mort sur la croix pour nous sauver et par cet acte, ils rendent hommage au Christ», nous confie le curé avant de préciser que c’est dans la nuit du samedi au dimanche qu’il y a une grande cérémonie appelée veillée pascale. Au cours de cette soirée, les chrétiens célèbrent le Christ ressuscité, et le dimanche est considéré comme le jour de la résurrection de Jésus.
Concernant les mesures prises par la hiérarchie chrétienne catholique contre la Covid-19, le curé a annoncé que la fête de Pâques sera célébrée dans le strict respect des mesures barrières. Il sera exigé, précise-t-il, aux fidèles de laver les mains avant d’entrer à l’église, de porter des masques et de respecter la distanciation. Dans les églises où il est impossible de respecter la distanciation sociale, il est recommandé que les membres des familles s’asseyent ensemble.
Aussi, les fidèles sont invités à renoncer à certains gestes au cours de cette fête notamment le lavage des pieds le jeudi saint. Il est aussi recommandé aux chrétiens de ne pas toucher la croix pendant la vénération mais de s’incliner tout simplement.
Concernant l’insécurité, l’abbé Timothée a rappelé que depuis 2012, la hiérarchie demande aux églises et communautés de prendre contact avec les commissariats de police pour la sécurité des lieux de culte. Il est aussi demandé aux célébrants de raccourcir les prêches et aux choristes d’écourter les chants de la messe pour ne pas trop prolonger la cérémonie et permettre aux fidèles d’être chez eux avant 00h.
Anne-Marie Kéita
LA GÉNÉROSITÉ LÉGENDAIRE DE LA FAMILLE DEMBÉLÉ
Dans la famille Dembélé à Magnambougou, c’est la joie et l’enthousiasme qui règnent le jour de Pâques. Et cela depuis 37 ans. Parents, amis, voisins, musulmans et chrétiens, tous s’impliquent pour que la fête soit belle.
Mme Dembélé Maria José Samaké peut être considérée comme un bon exemple de femme chrétienne. Cette femme de bon cœur organise avec joie et énergie chaque année cette fête qu’elle estime comme celle de tous. Pour elle, Pâques est une grande fête pour les chrétiens, car la résurrection de notre seigneur Jésus, doit être célébrée avec joie et enthousiasme. C’est aussi, assure-t-elle, une fête où on doit partager ce qu’on a avec les autres pour manifester sa joie.
La singularité réside dans le fait que dans cette famille chrétienne, la Pâques est célébrée avec les amis, les voisins et parents de toutes confessions religieuses pour montrer la fraternité qui existe au Mali. Dans la famille Dembélé, pour que la fête soit belle, Mme Dembélé s’implique personnellement dans la préparation du repas. Pour l’occasion, la maîtresse est aux petits soins de ses invités. Pour ne point décevoir ses invités, elle pose une marmite de plus grande dimension qui peut cuire 50 kg de riz ou de fonio assaisonnés avec beaucoup de viande.
«En plus de distribuer la viande crue aux familles voisines, les plats préparés sont prévus pour tout le monde même les passants et les inconnus», a précisé Mme Dembélé. Avant de compléter que les repas de fête sont envoyés aux boutiquiers, coiffeurs, tailleurs, aux fidèles de la mosquée voisine, tous les voisins sans oublier les mendiants. «Souvent, il arrive que je pose une deuxième marmite dans la journée, si les plats de la première sont épuisés avant la fin de la journée, car il peut y avoir des imprévus.
Au delà des voisins, les amis de la famille notamment les enfants viennent passer la fête avec nous. à ceux-là, s’ajoutent les parents venant d’autres quartiers», détaille-t-elle. «On se régale, on danse et chante pour exprimer notre joie», assure Mme Dembélé qui organise depuis 37 ans la fête de Pâques en famille. Elle assure accueillir les chefs de quartier musulmans qui viennent fêter avec nous du matin jusqu’au soir. Les femmes du quartier ne restent pas en marge de l’organisation de cette fête.
«Elles viennent nous épauler pour la cuisine et commencent à arriver depuis la veille pour certaines. Selon elle, le nombre d’invités augmente d’année en année au point qu’il est difficile de déterminer à l’avance le nombre exact de convives et de calculer le budget consacré à l’organisation. Mais l’essentiel, affirme-t-elle, est qu’on arrive à satisfaire tout le monde et que chacun reparte avec la joie aux lèvres. Si jamais il m’arrive d’oublier quelqu’un, ce dernier vient me réclamer sa part. Elle voit en ce geste l’expression de la solidarité fraternelle qui a toujours existé chez nous et est perpétuée par nos parents.
A. M. K.
Source : L’ESSOR