Le président de la Fondation ADP‐Maliba a procédé, le samedi 26 mars dernier, au lancement du Festival Kayes Kan Fuga, une initiative destinée à réunir les représentants de toutes les communautés et groupes ethniques vivant sur le territoire malien.
L’événement, qui s’est tenu à Kayes Médine, visait à réfléchir et proposer des solutions aux multiples crises intercommunautaires qui ensanglantent le Mali depuis plus d’une décennie.
Le modèle calqué, rappelle Aliou Boubacar Diallo, est l’assemblée générale de Kuru Kan Fuga qui, en 1236, après la victoire sur Soumangourou Kanté, avait été convoquée par le nouvel empereur Soundjata Kéita, pour poser les fondements sociologiques de l’empire du Mali naissant.
Comme plus de 7 siècles plutôt, l’initiative de Kayes kan Fuga propose la concertation entre toutes les composantes sociologiques et ethniques du Mali, en vue de restaurer les fondements du vivre ensemble multiséculaire né depuis donc la victoire de Kirina et qui avait perduré jusqu’à ces derniers années.
Le président de la Fondation ADP-Maliba avait tenu à battre le rappel des Peulhs, Bambaras, Dogons, Soninkés, Senoufos, Miniankas, Bobos, communautés sédentaires ou nomades du nord, autant que les peuples du monde des eaux, du pastoralisme et des champs et des villes, etc. Le Mali des grands ensembles ethniques et communautaires avait été convié à ce rendez-vous du vivre ensemble et du brassage des peuplements qui ont durablement assis la réputation de vieille terre de tolérance, de solidarité communautaire et de paix qui ont constitué le socle de ce terroir du partage et de l’unité.
Pour Aliou Boubacar Diallo, les éminents chercheurs et traditionnalistes invités, devaient plancher sur les raisons de cette situation qui a détruit les repères solides qui depuis des siècles, avaient fixés les différents rapports entre les hommes.
L’homme d’affaires et important mécène, connu aussi pour son engagement politique, vient donc d’ajouter à son arc la carte de la réconciliation nationale.
Kuru Kan Fuga a constitué un moment clé pour l’histoire universelle, au-delà des frontières du vaste empire naissant, hégémonique par son impact multipolaire dont d’autres peuples d’autres contrées se sont inspirés de maints aspects pour asseoir les fondements de leurs pays.
L’assemblée générale de Kuru kan Fuga, rappelle Aliou Boubacar Diallo, a codifié dans le marbre les cadres régissant les rapports et relations d’échanges entre groupes ethniques, communautés, au sein d’une même communauté depuis la cellule de base familiale jusqu’à la hiérarchie de la gestion du nouvel État.
Le Mali et même d’autres pays de la sous-région doivent aux codes de Kuru kan Fuga des concepts rassembleurs et de paix entre les groupes sociaux comme le ‘’Sinakounya”, ou cousinage à plaisanterie mais aux termes duquel les rapports d’intercession et de facilitation avaient force de loi et devoir entre les groupes sociologiques avec exigence de s’y conformer.
De telles exigences avaient permis le brassage entre différentes communautés ethniques, dans la paix et la coexistence indispensables pour assurer le vivre-ensemble.
C’est la restauration de ces valeurs perdues qu’Aliou Boubacar Diallo appelle de tous ses vœux.
Le Président de la Fondation ADP-Maliba fait le constat amer de la situation actuelle où les communautés et les groupes ethniques sont engagés dans des affrontements fratricides qui ont ensanglanté et déstructuré les lieux de vie, détruisant durablement les repères sociétaux.
Les causes sont multiples, mais leur inanité, manifeste dans l’ignorance même des protagonistes, ne saurait expliquer, encore moins justifier les massacres et les horreurs commis par des individus qui sont dans l’incapacité d’en expliquer une seule motivation fondée.
Kayes Kan Fuga, concept novateur en ces temps troublés mais reposant sur une somme d’expériences multiséculaires, vise à restaurer les gestes simples pour des rapports apaisés entre groupes sociaux qui ont toujours été engagés dans les mêmes relations d’échanges depuis les temps immémoriaux.
Concept de rassemblement, pour son initiateur, Kayes Kan Fuga est aussi un moment privilégié de refondation de la dynamique unitaire qui a toujours caractérisé ce pays.
Correspondance particulière
Source: La Preuve