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Festival culturel Dogon ‘’Ogobagna’’ à Bamako : Pardon, on ne peut pas danser aux masques sans boire de l’eau potable chez nous !

C’est génial ! C’est salutaire ! Organiser un festival en pleine crise sécuritaire au pays dogon peut constituer un espoir que la culture peut encore sauver. Paix à l’âme de Monsieur Theodore Somboro de segué grand guerrier des guerriers, tombé sur le champ d’honneur entre Bankass et Segué. Où étaient les organisateurs du festival pour faire face à cela ? Le pays dogon ou la falaise de Bandiagara, classé patrimoine universel de l’UNESCO est dans l’agonie. Où sont les organisateurs du festival pour valoriser cette culture à la base ?

 danseurs traditionnelles dogon mali

Avec la pesanteur terrestre (conflits), il vaut mieux continuer de commencer à construire une maison même avec les pierres du pays dogon par la base. Oui, on me dira que l’insécurité ne permet pas d’organiser le festival au pays dogon, mais a-t-on réfléchi un tout petit peu à comment le faire ? NON ! Alors, arrêtons d’instrumentaliser la culture dogon pour des fins peut être culturelles pour certains comme Seydou Natoumé, de bonne volonté, qui a d’ailleurs a organisé un autre festival des métiers à Kamma. Il a donné de l’eau à boire, il a offert des salles de classes pour la connaissance, il rend spirituel ses interventions en passant par la construction de mosquées aux fonds fins des villages….

Mais les autres ressortissants ne savent même pas comment leur commune d’origine fonctionne, ni le contenu des plans de développement de ces collectivités, encore moins le poids du sous-emploi des jeunes, qui sont souvent récupérés par les extrémistes religieux.

Ce qui est encore plus grave dans cette situation est le fait que le pays dogon a soif de la simple eau potable. Il est encore à l’heure d’un puits des pères blancs pour plus de 200 habitats. Les populations continuent à boire dans les marigots insalubres, après l’arrêt des premières pompes d’eau. Un peuple qui a soif de l’eau potable peut-il résister de la tentation de récupération des extrémistes religieux ? Donc aller voir au pays dogon, les jeunes se replient et de l’autre côté, on dira qu’ils sont en voie de radicalisation. Ces jeunes n’ont pas réussi la formation culturelle des parents sans force de faire perpétuer la très grande, riche, universelle, spécifique, culture dogon, n’en déplaise aux cousins proches et lointains.

Face à cette situation, les solutions ne viendront pas en organisant des festivals dits « modernes » qui vont effectivement attirer du monde un peu curieux d’un pays dogon premier fournisseur en « aides ménagères », de gardiens mal payés et mal sécurisés, exploitants de sable dans le djoliba mortel, candidats à « Damanda » pour mourir à gogo, de vendeuses de bananes en détail, des trieuses de décharges publiques, de syndicalistes avérés prêts à prendre la rue,…

L’exode au pays dogon est en train de détruire son  tissu social et culturel. Dans peu de temps, on ne saura plus conter au clair de lune, on ne saura plus danser aux masques, on saura ne plus faire la divination du renard pâle, on ne saura plus chanter aux « Koroba » et le « Badj Ni », on ne saura plus fêter le « Sigui » (fête qui se tient chaque 60 ans) liée au mouvement de l’Etoile Sirius A, B et C. Bientôt, le pays dogon sera à Bamako. Peut-être, c’est le retour au Mandé comme l’a prédit Abirè Goro ! Même si c’est le retour, celui-ci peut être un retour sans déplacement. C’est un retour aux valeurs fondamentales culturelles du pays dogon face à l’agression des autres cultures ou religions. Les villages se vident, les filles à marier sont moins nombreux surtout dans les villages où l’eau potable manque, dans les villages où on continue de cultiver à la petite daba, dans les villages où il y a plus de légumes pour faire des bons repas comme en ville, dans les villages où pour aller au marché, il faut encore faire plusieurs jours à pieds…

Oui à la culture, mais donnons d’abord les moyens de subsistances à ces populations gardiennes de cette culture. A ce festival, on va vendre un peu de tissus traditionnels dogon, un peu sculptures dogon, un peu de… Mais, il est beaucoup plus judicieux d’avoir la compassion pour ces femmes qu’on fait danser sous le soleil et le froid de Bamako en :

– Donnant à boire de l’eau potable à 100% des populations du pays dogon ;

– Construisant un micro barrage par village au moins pour libérer leur génie d’agriculteur hors pair ;

– En évitant aux femmes de mourir dans les accouchements en parcourant par charrette des centaines de kilomètres ;

– Donnant aux moins un médecin par CSCOM ;

– Renforçant leurs capacités de résilience face aux agressions extérieures.

S’il vous plait, ne dites pas que ce sont les rôles de l’Etat ou des autres après, on peut faire un peu de folklore à Bamako ou à Paris car la base est sauvée. Juste un petit calcul : Le festival va coûter environ 200 millions de francs CFA, sans calculer les frais indirects non pris en compte comme les frais de déplacement des petits politiciens dogon qui pensent récupérer en leur faveur tout ce marché d’illusion. Alors, juste 200 millions peuvent faire au moins 15 micro barrages qui peuvent nourrir les populations de 15 villages pour au moins 25 ans ou ces 200 millions permettront de financer au moins 40 forages pour donner de l’eau potable au moins à 10 000 personnes. Oui on ne se nourrit pas seulement de pain, mais aussi d’esprit et de culture comme dit la bible. La cuisine est plus veille que la mosquée dit-on.

Alors, donnons à boire à ce peuple, il fera le reste comme il l’a fait depuis des siècles, depuis l’Egypte antique en passant par le Mandé.

Je demande pardon si j’ai juste écorcé les bonnes initiatives, mais c’est du fond du cœur que j’exprime que danser au bord du Djoliba n’est possible que lorsque le Djoliba contient de l’eau. Et l’eau, c’est la vie et elle manque au pays dogon comme peut être ailleurs.

« Anba Ku galanda ! »

SDF

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