Le Festival international du M’Bolon se tient du 13 au 15 mai à Kolondiéba, dans la région de Bougouni. Cette 4ème édition, placée sous le signe de la paix et de la cohésion sociale, est célébrée en marge de l’inscription en décembre dernier de cet instrument de musique traditionnel sur la liste du Patrimoine culturel immatériel mondial nécessitant une sauvegarde urgente. Le Président du Festival est l’ancien ministre de la Communication, le Dr. Sidiki N’fa Konaté.
Selon l’Unesco, le M’Bolon est « un instrument de musique composé d’une grande caisse de résonance faite d’une calebasse recouverte de cuir de vache, surmontée d’un manche en bois arqué muni de cordes», dont le nombre indique l’usage. Il est utilisé pour animer les événements populaires et les célébrations, accompagner les rituels et cérémonies religieuses, les louanges des chefs traditionnels, célébrer les hauts faits des rois, encourager les agriculteurs dans les champs et galvaniser les guerriers.
Cependant, cet instrument de musique traditionnel est aujourd’hui en péril, à cause de « changements dans les modes de vie et de facteurs tels que l’urbanisation, l’exode des jeunes des zones rurales, l’introduction de religions qui interdisent les rites et pratiques initiatiques traditionnels, (…) le vieillissement de la population et des pratiquants et le mépris des règles, pratiques et rites associés au M’Bolon en faveur de la génération de revenus », prévient l’Unesco, qui exhorte à une prise de mesures rapides.
C’est cela la raison d’être du Festival M’Bolon, initié des années avant son inscription sur la liste du Patrimoine culturel immatériel mondial. L’initiative vise à intéresser la jeune génération à cet instrument de musique traditionnel, patrimoine culturel de Kolondiéba, mais aussi de plusieurs autres cercles de Sikasso et de Bougouni. « Nous nous sommes dit que pour que cet instrument ne puisse pas disparaître, avec ses chants, il fallait arriver à intéresser les jeunes. Mais il fallait aussi un évènement incitateur. C’est le Festival international du M’Bolon, qui permet aussi à ces jeunes d’apprendre à connaître cet instrument de musique à côté des anciens. Parce que l’âge de tous ceux qui jouent du M’Bolon aujourd’hui varie de 60 à 80 ans », explique Abdoul Berthé, Président de la Commission d’organisation du festival.
Il poursuit en disant que l’inscription du M’Bolon sur la Liste du patrimoine culturel immatériel mondial nécessitant une sauvegarde urgente est une conséquence du combat que porte le Festival depuis sa première édition. « Après la première édition, il y a des étudiants du Conservatoire Balla Fasseké Kouyaté qui ont commencé à venir faire leur thèse sur le M’Bolon. On nous a même appelés pour faire un exposé sur le festival au Conservatoire et parler de cet instrument en présence de cadres du département de la Culture. Cela veut dire qu’il y avait déjà un combat qui était mené depuis des années sur la façon de restaurer cet instrument au niveau du département de tutelle. Mais le fait d’initier un festival autour du M’Bolon a été un événement déclencheur quant à son inscription au Patrimoine immatériel de l’Unesco ».
En raison de récurrents conflits communautaires dans le cercle de Kolondiéba, le festival a décidé de placer cette 4ème édition sur le thème « Conflits communautaires, paix et cohésion sociale ». Le but étant de prêcher les valeurs du vivre ensemble entre les communautés du cercle. « Il y a eu des conflits entre les déplacés du Centre du pays qui sont à Kolondiéba et les populations locales. Cela a même débouché sur la mort d’hommes. Sans compter les conflits entre les éleveurs et les paysans, mais aussi entre des jeunes et des paysans pour l’exploitation de champs agricoles à des fins d’orpaillage. C’est tout cela qui nous a amenés à nous dire que si l’on ne faisait pas quelque chose face à ces conflits communautaires, cela pourrait déboucher vraiment sur une catastrophe un jour, d’où le choix du thème ».
Le programme de cette 4ème édition s’étend sur trois jours et est gratuit. Il comprend entre autres une course cycliste, qui mettra aux prises cent jeunes du Cercle de Kolondiéba sur une distance d’à peu près cent kilomètres, des conférences-débats, une exposition-vente, des prestations artistiques, des visites touristiques et un match de football.
Boubacar Diallo
Source : Journal du Mali