Le directeur du Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM) tire le bilan de la participation du Mali à la 27è édition du Fespaco et annonce le chantier de la coproduction
L’essor : Quel bilan tirez-vous de la participation du Mali à cette 27ème édition du Fespaco ?
Modibo Souaré : D’abord, je voudrais vous rappeler que le Mali avait sept films en compétition et un film en panorama à cette 27ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Vous savez le fait d’être sélectionné à une compétition de niveau constitue pour moi déjà un prix. Car, sur plus de mille films candidats, seulement 239 représentants 50 pays d’Afrique et de la diaspora ont été projetés. Je saisi cette occasion pour féliciter tous les réalisateurs qui ont représenté notre pays à ce plus grand rendez vous cinématographique du continent.
Cette année, les jeunes réalisateurs, en majorité en cinéma ont pris part à la formation dite « Yennenga académie », une nouvelle formule du rendez-vous avec les professionnels qui donne la chance aux jeunes d’aborder avec sérénité le métier du cinéma et de l’audiovisuel. Aussi, les responsables de cinéma ont eu la chance de participer au « Fespaco-Pro », un espace dédié aux structures de productions d’être en connexion avec les guichets de financement. Une chance extraordinaire quand on sait que les bailleurs ne se bousculent plus devant le 7ème art ces derniers temps.
Mon équipe et moi avons également participé à un atelier d’information et d’échanges des archivistes. Un volet qui est d’un grand intérêt pour nous étant donné que nous sommes à la recherche de solutions pérennes pour l’importante archive filmique. La conservation de ces documents, assez sensibles, requière des conditions spéciales. Après l’ancienne Yougoslavie, où ils étaient entreposés pendant longtemps, une bonne partie est mise en sécurité au Maroc.
Toujours à Ouaga, l’Uemoa a saisi cette occasion pour réunir les directeurs généraux de la cinématographie de son espace autour du thème : « États de mise en œuvre des directives sur la production et la circulation de l’image dans l’espace UEMOA ». Ce fut une rencontre très enrichissante pour chacun de nous dans le sens de l’intégration dans le cadre de l’harmonisation de nos textes respectifs.
En terme de distinction, notre pays a été cité dans le palmarès officiel du Fespaco à travers le premier prix des films des écoles de cinéma. Notre compatriote Sagou Banou avec son film «Mon jour de chance» est l’heureux élu. Toujours dans cette catégorie, le jury a décerné « Une mention spéciale » à Balkissa de Youssouf Doumbia, étudiant du Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté (CAMM- BFK).
Cette année, quarante artisans ont été pris en charge par le ministère et ont pu exposer dans 20 stands de la Rue marchande du Fespaco. Ils ont ainsi montré une large gamme de l’artisanat malien à travers leur savoir-faire et leur créativité.
Il faudrait également signaler que notre compatriote, non moins cinéaste Salif Traoré était président du jury des films d’écoles. Ce qui est une consécration pour le cinéma malien. Un cinéma, qui a déjà remporté trois Étalons du Yennenga : deux remportés par Souleymane Cissé et un par Cheick Oumar Sissoko.
Je profite pour remercier le gouvernement à travers le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Andogoly Guindo pour sa présence effective aux côtés des festivaliers maliens à Ouagadougou.
L’essor : Quelles sont les perspectives du cinéma malien ?
Modibo Souaré : Comme perspectives, nous voulons améliorer l’équilibre de la formation des ressources humaines, la formation de toutes les chaînes de valeurs des métiers du cinéma. C’est dans ce cadre que nous ré-ouvrirons bientôt le studio école le Bourgou du CNCM, où les anciens viendront donner des masters class, ou enseigner des modules, sur la scénarisation, la réalisation et la gestion des productions.
Il y a de nos jours la nécessité de montrer nos films et d’autres africains à nos compatriotes dans un espace dédié. D’où la nécessité d’organiser une rencontre comme la Semaine nationale du film africain de Bamako (SENAFAB). Notre ambition est de réveiller cette importante manifestation qui permettra de renforcer la nouvelle dynamique créée par la jeunesse autour de cet art.
Dans le cadre de la collaboration entre les structures nationales, nous travaillons avec le Fonds d’appui à l’industrie cinématographique (FAIC) et l’ORTM afin de proposer de nouvelles productions aux cinéphiles.
Source : L’ESSOR