Dans cette interview exclusive, le directeur du Fonds d’appui à l’industrie cinématographique les raisons du retard à l’allumage de sa structure. Nous l’avons rencontré lors du dernier Fespaco
L’essor : Le FAIC était très présent à cette 27ème édition du Fespaco à travers une délégation conduite par vous-même et un stand au Marché international du cinéma et de la télévision (MICA). Qu’est ce qui a motivé cette présence ?
Bréhima Moussa Koné : C’est incontestable que le Fespaco est un grand rendez-vous cinématographique de l’Afrique auquel, toutes les structures dédiées au développement et à la promotion de l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel en Afrique se doivent de prendre part.
Particulièrement pour cette 27ème édition, la présence du FAIC, avec à sa tête son DG accompagné d’une forte délégation avec un stand à animer, répond à un besoin programmé depuis l’élaboration et l’adoption de son plan d’actions 2021 lors de sa 3ème session ordinaire de son conseil d’administration en mars 2021. Notre participation à cette 27ème édition s’est consolidée avec la signature d’une convention de soutien financier entre le FAIC et le Fespaco en vue de l’accompagner dans l’organisation de ses activités.
La principale motivation de la participation du FAIC, en plus du caractère élargie et de la nouvelle vision de cette 27ème édition, c’est l’engagement contractuel que le FAIC se doit d’honorer à travers la convention de soutien financier appelée « Convention de sponsoring » signée le 29 septembre 2021 pour un montant de dix millions de Fcfa.
À la suite de ce partenariat, la Délégation générale du Fespaco a accordé au FAIC un stand de 9 mètres carrés que le FAIC devait animer.
Le FAIC, pour une meilleure représentativité du cinéma malien, a associé l’ensemble des structures en charge de la cinématographie et l’audiovisuel malien qui ont participé à l’édition. Il s’agit du FAIC, du CNCM, de l’UNCM, du CAMM-BFK, et l’ORTM.
L’essor : Pouvez-vous nous parler des retombées de cette participation à ce grand festival du cinéma ?
Bréhima Moussa Koné : En termes de retombées de la participation du FAIC aux activités de la 27ème édition du Fespaco, il y a lieu de souligner avec force le caractère de coproduction retenu dans les engagements du Fespaco pour l’utilisation de l’appui financier accordé par le FAIC.
La coproduction est un critère essentiel pour les jeunes fonds lorsqu’ils souhaitent postuler auprès des guichets internationaux pour lever des fonds. Par exemple, au cours de l’année 2020, l’ACP-UE a ouvert une ligne de crédits pour soutenir le financement des structures nationales de soutien financier au cinéma, mais en Afrique francophone aucune structure de soutien ne répondait à cause du critère de coproduction. Seul le Fonds de soutien de la Côte d’Ivoire (FONSIC) a pu postuler en partenariat avec l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Le FONSIC avait une expérience de coproduction pour un film sénégalais.
Le Fespaco en sollicitant l’appui financier du FAIC a indiqué un certain nombre d’engagement pour l’utilisation des ressources. On peut citer le financement des projets cinématographiques en coproduction. C’est véritablement ce critère qui nous intéresse pour combler nos argumentaires lors des appels à financement auprès des bailleurs internationaux.
Donc, c’est dire que le FAIC vient de franchir une étape importante en termes de capitalisation de son portefeuille relationnel et de consolidation de son expérience au plan international cinématographique. Désormais, le critère de coproduction ne sera plus un handicap pour nous permettre de postuler auprès des guichets internationaux.
L’essor : Crée depuis quelques années, le FAIC manque apparemment de moyens pour financer l’industrie cinématographique afin de lui permettre de décoller ?
Bréhima Moussa Koné : C’est une lapalissade d’évoquer le manque de financement du FAIC. Depuis sa création en 2017, c’est vraiment là où le bât blesse.
La dotation initiale accordée au FAIC est même consacrée dans sa loi de création pour six milliards de Fcfa mobilisables en trois années d’exercice budgétaire. Malheureusement, la position dominante de certains acteurs majeurs favorables à la non mobilisation, notamment, le ministère de l’Économie et des Finances constitue une véritable entrave.
Cette manne financière est indispensable pour permettre au FAIC de poser les véritables jalons du développement de l’industrie cinématographique au Mali. Le FAIC pour se donner les opportunités d’un décollage du développement de l’industrie cinématographique et audiovisuelle au Mali a initié un programme intitulé « Programme de développement de l’industrie cinématographique et audiovisuelle au Mali » assorti de son Plan d’Actions sur cinq ans.
Le programme comporte cinq composantes : le renforcement de l’accès des opérateurs cinématographiques et de l’audiovisuel aux financements ; l’appui à la professionnalisation des acteurs du secteur du cinéma ; le renforcement des infrastructures de l’industrie cinématographique ; l’appui aux actions de promotion du sous-secteur cinéma ; la gestion et le suivi évaluation du programme.
En 2018, ce programme a été soumis au Budget spécial d’investissement (BSI) pour son Financement mais malheureusement, les responsables de l’économie et des finances ne l’ont pas accepté au motif que le FAIC joue le même rôle que le CNCM, en un mot le FAIC est une structure de trop dans le secteur du cinéma.
La mise en œuvre de ce programme nécessite des ressources financières énormes et sans la mobilisation de la dotation initiale il est impossible au FAIC de le démarrer.
Ledit programme s’il était mis en œuvre et correctement suivi, devrait participer à la pérennisation du financement du cinéma et de l’audiovisuel au Mali. À termes, il générera un montant de près de 34 milliards de Fcfa.
Source : L’ESSOR