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Fermée depuis des mois : La Clinique Pasteur accuse le ministère de la Santé

La fin de la maladie d’Ebola dans le pays annoncée conjointement par le Mali et l’OMS le dimanche 18 janvier 2015 ; le rapport de l’Inspection de la santé qui ne reproche pratiquement rien à la clinique et lui-même Ousmane Koné, ministre de la Santé a eu à blanchir la même clinique à l’Assemblée nationale ; des milliers de malades qui sont dans l’attente des soins et 300 emplois hypothéqués à la Clinique à cause de cette fermeture illimitée ;  plusieurs correspondances de l’avocat de la Clinique à lui envoyée pour solliciter la réouverture de l’établissement, mais malgré tout le ministre de la Santé, persiste et signe étrangement dans son refus de lever la mesure de fermeture de la Clinique Pasteur. Un entêtement qui risque fort de lui coûter cher puisque des plaintes seront introduites au niveau de la justice malienne et de la CEDEAO pour condamner cette attitude ministérielle.

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La Polyclinique Pasteur a été fermée par une décision du ministre de la Santé, Ousmane Koné, après qu’un cas d’Ebola eu été découvert. C’est un patient guinéen, Ousmane Koïta, qui y a été traité du 25 au 27 octobre 2014 avant de perdre la vie. L’homme est mort d’Ebola et son traitement a occasionné malheureusement la contamination et la mort de deux agents de la Clinique (Salihou Diarra, infirmier et Hassane Diomandé médecin). La faute à qui ? C’est là toute la problématique aujourd’hui.

Dans la foulée de l’évènement, des voies se sont élevées pour condamner la clinique par rapport à sa responsabilité, mais par la suite, plus d’un s’est ravisé.

D’abord, l’accusation selon laquelle c’est la Clinique qui a envoyé son ambulance en Guinée pour chercher le patient a été démenti par un rapport de l’OMS. Le patient a passé 5 jours dans une clinique à Kourémalé-Guinée et 2 jours dans une autre à Kourémalé-Mali avant de franchir la frontière malienne, où il y a pourtant un cordon sanitaire de veille, pour se retrouver à la clinique Pasteur par le soin de ses parents. Après la mort du patient (le lundi 27 octobre), 2 médecins de la Direction régionale de la santé (Dr. Réné Diarra et Evarice Dembélé), sont venus le même jour à la clinique vers 17 heures pour s’entretenir avec le directeur médical adjoint, Dr. Hamet Pierre Touré puis avec les médecins traitants (Dr. Harouna Doumbia et Dr. Modi Sidibé). Ils ont conclu qu’il y a une suspicion d’Ebola chez le patient guinéen décédé. De ce fait, l’ambulance et la chambre occupée par le malade ont été aussitôt pulvérisées.

Ce 27 octobre, les deux agents de la Direction régionale de la santé avaient promis de donner la suite, c’est-à-dire la confirmation, en appelant après. Mais la clinique a attendu avec impatience la suite et son directeur administratif a même téléphoné le 28 octobre aux deux agents en question pour la suite. Ils ont répondu qu’ils n’ont pas vu le corps qui serait parti déjà en Guinée.

Il faut dire que si ces deux agents avaient pu donner la confirmation ce jour-là, cela aurait permis de prendre les mesures qui s’imposaient, c’est-à-dire la mise en quarantaine de la clinique depuis ce jour. Mais eux, ils n’ont rien fait après leur passage et la clinique a continué à fonctionner jusqu’au 8 novembre quand l’infirmier Salihou Diarra, qui s’était occupé du patient guinéen à son arrivée, s’y est présenté avec des signes d’Ebola. Là, avec cette preuve évidente, la clinique l’a immédiatement isolé, mais il ne sera pas guéri. Son cas a été suivi par la suite de celui du médecin Hassane Diomandé lequel est aussi décédé.

C’est ainsi que l’alerte a été donnée et la clinique a été mise en quarantaine. Une enquête a été menée par l’Inspection de la santé sur ordre du ministre de la Santé.

 

La clinique a-t-elle une responsabilité dans le scandale?

 

C’est ce que les enquêteurs ont tenté de souligner quand ils ont conclu que : « la responsabilité médicale de la clinique Pasteur est engagée pour avoir pris en charge, comme patient ordinaire, un malade présentant un tableau infectieux et venant d’une zone d’épidémie à fièvre Ebola ».

Ce qui est balayé d’un revers de main par la clinique laquelle à travers le DGA, Dramane Maïga dans sa réponse au rapport en question explique dans une véritable leçon de pratique clinique que le diagnostic d’une maladie repose essentiellement sur l’interrogatoire et l’examen physique. Les examens complémentaires ne sont qu’une aide au diagnostic. La terminologie « tableau infectieux » n’est plus utilisée. On parle plutôt d’état infectieux. A en croire M. Maïga, le patient guinéen, Ousmane Koita, a présenté un syndrome de réponse inflammatoire systémique et non un tableau infectieux en raison de la fréquence respiratoire à 26/mn et de l’hyperleucocytose à 27 700/mm3.

Dramane Maïga d’ajouter que s’agissant de cas suspect, une commission nationale d’experts le définit comme suit : ‘’Cas suspect de FHV (Ebola) selon CVD-Mali/ CNAM/ ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, Mali, 18 Aout 2014 : signes typiques : fièvre, céphalées, douleur articulaire et musculaire, faiblesse, diarrhée, vomissement, douleur abdominale et anorexie ; Signes possibles: éruption cutanée, yeux rouges, hoquet, toux, pharyngite, douleur thoracique, difficulté respiratoire, difficulté d’avaler, saignements’’.

Le DGA de la clinique d’indiquer que ‘’dans toutes ces définitions, la fièvre est au premier plan. Il n’y avait pas de fièvre (température mesurée= 36°8) chez ce patient guinéen qui avait séjourné 5 jours à Kourémalé (côté guinéen) et 2 jours du côté malien (voir rapport préliminaire du cas présumé EBOLA de l’OMS du 10/11/2014)’’.

A la clinique Pasteur, on estime que le refus du ministre Ousmane Koné de lever la mesure de fermeture de l’établissement ne se justifie plus compte tenu d’un certain nombre de faits:

Primo, l’enquête commanditée n’a pu démontrer la responsabilité évidente de la clinique.

Secundo, lui-même, Ousmane Koné, a confirmé cela à l’Assemblée nationale quand il disait aux députés : « La personne admise et morte à la Clinique Pasteur n’était pas connue comme un malade d’Ebola. Les documents n’évoquaient nullement de cas Ebola quand il venait, quand il mourrait ou encore quand son corps repartait vers la Guinée ». Le ministre a même ajouté qu’il ne disposait pas de certificat d’évacuation sanitaire sur le Mali.

Tertio, il y a le fait que le Mali et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont annoncé conjointement le dimanche 18 janvier 2015 la fin de l’épidémie de la maladie à virus Ebola dans le pays, 42 jours après la négativation des tests de contrôle au laboratoire du dernier cas en date du 6 décembre 2014.Ce jour-là, le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, a même dit que le Mali est libéré de l’épidémie de la maladie à virus. Il a salué les efforts des acteurs nationaux et internationaux, et remercié particulièrement le représentant de l’OMS qui a mené la lutte contre Ebola avec les Maliens au quotidien.

Quid des 300 emplois et des milliers de patients victimes de cette fermeture inexplicable ?

A en croire le secrétaire général du comité syndical de la clinique, Dr. Souhel Moulaye Haïdara, suite à la découverte du cas d’Ebola (le patient guinéen) au sein de l’établissement suivie de sa fermeture, la Polyclinique Pasteur, a payé un lourd tribut car, après la mort de 2 des leurs, 300 travailleurs se sont retrouvés dans un chômage technique avec des conséquences dramatiques.

«Cela fait environs trois mois que la Clinique est fermée et nous trouvons ça dommage. Nous pouvons être utiles encore pour les populations. Ainsi, nous attirons l’attention des autorités sur la situation afin qu’elles viennent nous dire pourquoi la Clinique reste toujours fermée», a expliqué Dr. Touré Hamed Pierre, médecin chirurgien à la Polyclinique Pasteur. Considérant que la fermeture de l’établissement met près de 300 travailleurs en chômage, le Comité syndical a sollicité du gouvernement à travers une conférence de presse, la levée de la mesure conservatoire de fermeture de la Clinique afin de permettre à ces nombreux chefs de famille de reprendre service pour le mieux-être des milliers de patients, lesquels souffrent beaucoup de cette situation.

C’est devant tout ce drame qui se joue que l’avocat de la clinique, Me Ismaël Konaté, a adressé autant de correspondances au ministre de la Santé, Ousmane Koné, pour solliciter la réouverture de l’établissement. Malheureusement, le ministre Koné est resté sourd à ses appels.

Conséquence, il s’expose à des poursuites judiciaires dans les jours à venir au Mali et devant le Tribunal de la CEDEAO à Abuja au Nigeria.

Source: Notre Printemps

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