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Femmes enceintes : Une plus grande sensibilité à l’infection au Covid-19

Du fait de l’immunodépression relative induite par les modifications physiologiques pendant la grossesse, les femmes enceintes pourraient être plus sensibles à l’infection au Covid-19. La prise en charge d’une femme enceinte portant le virus est particulière.
Pr Théra Augustin Tiounkani, chef du service de gynécologie obstétrique de l’hôpital du Point G, explique que de manière générale, la grossesse constitue une épreuve pour l’organisme de la femme. En effet, il y a beaucoup de bouleversements sur le plan hormonal, structurel et cardio-vasculaire. Le spécialiste explique que parmi ces bouleversements, on retrouve une baisse de l’immunité. Celle-ci va augmenter la probabilité de l’infection chez la femme.

Le praticien hospitalier du Point G soutient que le fait d’être enceinte va certainement exposer les femmes à développer le coronavirus et surtout à développer des formes graves.
Selon lui, les symptômes chez une femme enceinte contaminée ne vont pas varier. Elle peut présenter la fatigue, la toux, les difficultés respiratoires et certains signes qui ne sont pas très réguliers. Il signale qu’en dehors du coronavirus, ces signes apparaissent déjà chez une femme enceinte, en plus du volume de l’utérus qui va pousser les unités thoraciques vers le haut et qui vont comprimer le poumon. Mais aussi au troisième trimestre, des difficultés de circulation sanguine.
En clair, les mêmes signes vont se présenter chez la femme enceinte, mais à des proportions plus importantes. Au lieu d’une fatigue légère, elle va être très importante. Les difficultés respiratoires également vont être majorées ainsi que les courbatures et les problèmes cardio-vasculaires.
Sur la question de la transmission mère-enfant, le gynécologue exerçant au Point G souligne qu’il n’y a pas suffisamment d’études pour élucider la question parce que le Covid-19 est une maladie émergente. Pour cela, Pr Théra Augustin Tiounkani indique qu’il faudra d’abord des essais cliniques. Il révèle qu’actuellement toutes les études montrent qu’il n’y a pas de transmission verticale.

« La femme ne transmet pas le coronavirus à son enfant avant la naissance », précise le professeur. À en croire le toubib, au cours de l’accouchement, il y a des sécrétions de la mère qui vont être en contact avec l’enfant. Si les sécrétions de la mère contiennent le virus, certains experts préconisent un accouchement par césarienne en vue de séparer l’enfant de sa mère. Il est utile de préciser que, dans notre société, cette méthode pose problème. Car il est difficile de séparer un enfant de sa mère et de le priver de lait maternel. Le fait de ne pas téter peut favoriser le développement des pathologies carencielles. « Tout cela nous fait croire qu’il est possible d’accepter l’accouchement normal lorsque les conditions le permettent », souligne le spécialiste tout en précisant qu’il faudra faire une toilette adéquate de l’enfant et accepter l’allaitement maternel.
Concernant l’alimentation de l’enfant, il affirme que de nos jours la présence du virus Covid-19 n’a pas encore été mise en évidence dans le lait maternel. Le gynécologue soutient qu’il n’y a pas de contamination à travers le lait. Mais la contamination par le contact physique est possible.
À ce propos, il précise qu’un protocole de prise en charge du nouveau-né est en train d’être élaboré par les pédiatres. Sinon, il indique qu’il y a plusieurs possibilités pour éviter cette contamination soit par l’utilisation d’un tire-lait pour nourrir l’enfant ou que la mère applique les mesures de prévention.
Pour le traitement, il souligne qu’il est nécessaire que les femmes enceintes aient une unité différente des sites de prise en charge. C’est ce combat que mène le chef de service pour la mise en place d’un système de prise en charge mère enfant du coronavirus dans son établissement.
Il estime que cela est une nécessité absolue, car la grossesse répond à un emploi de temps fixe. Déjà, il estime que tout cela doit être mis en œuvre dès maintenant car l’accouchement n’attend pas. L’unité sera composée d’une salle pour les femmes enceintes et une autre pour l’accouchement. Les femmes enceintes positives au coronavirus ne seront pas prises en charge avec le même matériel que celles qui ne le sont pas.
Mais pour le traitement proprement dit, le médecin gynécologue révèle qu’avec les femmes enceintes, il y a beaucoup de difficultés. En dehors même du Covid-19, les femmes enceintes ne sont pas habilitées à prendre tous les médicaments. Mais heureusement, il soutient que les médicaments utilisés contre le coronavirus ne sont pas contre-indiqués chez ces femmes.
Par contre ça devient inquiétant, lorsque la femme développe des formes graves. D’après le toubib, les femmes enceintes ne doivent jamais être admises en réanimation. Pr Théra Augustin Tiounkani explique que la femme enceinte respire difficilement, elle ne peut donc pas être admise en réanimation. Mais si elle doit l’être, il faudra faire sortir le bébé sinon ça sera une surcharge pour le réanimateur. « Le réanimateur qui doit impérativement sauver la vie des personnes est habilité à utiliser tous les médicaments qu’il faut. Or dans ce cas, cela n’est pas possible », dit-il.
Il faut donc procéder à l’accouchement et amener ensuite la femme à la réanimation. Dans ce cas, si la grossesse est à terme, on enlève tout simplement l’enfant. Pour prévenir le coronavirus, le gynécologue recommande aux femmes enceintes de ne pas trop s’exposer. Normalement, il est recommandé 8 consultations chez les femmes enceintes mais du fait de la pandémie, cela n’est pas nécessaire, explique le praticien.
Selon lui, elles peuvent se limiter aux appels téléphoniques et suivre les conseils de leurs gynécologues. Si ces femmes ont d’autres maladies particulières, elles peuvent venir à l’hôpital. Mais même dans cette situation, elles peuvent avoir d’autres alternatives avec leurs médecins pour limiter les déplacements en milieu hospitalier. Mais quand les femmes enceintes présentent des complications ou entrent en travail, c’est une urgence. Il recommande de faire appel aux médecins gynécologues à l’expertise avérée.

Fatoumata NAPHO

Source : L’ESSOR

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