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« Fémicides » au Canada : Disparition de 600 femmes autochtones, ont-elles été assassinées?

L’ombre de plus de 600 femmes autochtones disparues ou assassinées au Canada entache la célébration de la journée internationale de la femme le 8 mars 2014 dans le pays. Le rapport d’un comité parlementaire spécial sur les meurtres et les disparitions de plus d’un demi-millier de femmes et de filles autochtones au Canada, déposé à la Chambre des communes vendredi 7 mars anéanti les espoirs de justice, de protection des familles de victimes et des communautés autochtones. En effet, le rapport ne recommande pas la tenue d’une commission d’enquête publique comme le recommande le rapporteur spécial de l’ONU sur les peuples autochtones et comme le souhaite les assemblées de premières nations et  l’Association des femmes autochtones du Canada. Les familles des victimes et les femmes autochtones se sentent abandonnées par le gouvernement et voient ce refus comme un affront.

Faits divers

 

Plus de 600 femmes autochtones disparues ou assassinées dans l‘indifférence

Plus de 600 femmes autochtones ont été portées disparues ou assassinées au cours des vingt dernières années au Canada. Les données de Statistiques Canada indiquent que les femmes autochtones sont trois fois plus exposées que les autres femmes à la violence et  le taux de d’homicide est plus élevé que la moyenne dans cette population (2009, 2011). Il est donc compréhensible  que l’Assemblée des Premières Nations s’inquiète de la disparition de centaines de femmes et de filles autochtones au cours des vingt dernières années.

La situation préoccupe la communauté des autochtones au point ou l’Association des femmes autochtones du Canada, qui a documenté plus de 582 cas de femmes et de filles disparues ou assassinées a saisi le Comité des Nations Unies sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes (Comité CEDAW) afin qu’une enquête soit menée pour faire toute la lumière, établir les responsabilité et stopper cette « épidémie de violence  (qui) continue de prendre plus de vies et de causer un tort irréparable à plus de familles chaque mois ».

Les données officielles sur la criminalité permettent d’établir sans l’ombre d’un doute qu’au Canada, le taux de violence est 3,5 fois plus élevé envers les femmes autochtones que les femmes non autochtones, et les jeunes femmes autochtones sont cinq fois plus susceptibles de mourir d’une mort violente. L’Association des femmes autochtones du Canada estime que le nombre de femmes des Premières Nations disparues ou assassinées pourrait être plus élevé.

Le Comité des Nations Unies sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes (Comité CEDAW) a officiellement lancé l’enquête sur les meurtres et la disparition de femmes et de filles autochtones au Canada en 2012.

Homicides ou Fémicides ?

La disparition de ces centaines de femmes a fortement contribué à altérer le sentiment de sécurité chez les femmes et les filles autochtones, d’une part, et, d’autre part, à provoquer une crise de confiance entre les communautés autochtones et le gouvernement au regard de la violence faite aux femmes et aux filles autochtones. Les Assemblées des premières Nations considèrent que le gouvernement ne prend pas de mesures efficaces à propos de ces meurtres et de ces disparitions.

Ces meurtres et ces disparitions qualifiés par le gouvernement d’homicides, sont considérés par les milieux féministes comme des génocides ou des fémicides.

Pour l’organisation mondiale de la santé, la définition généralement admise du fémicide est l’homicide volontaire d’une femme, mais il existe des définitions plus larges qui incluent tout meurtre de filles ou de femmes au simple motif qu’elles sont des femmes. Le fémicide se distingue des homicides masculins par des particularités propres. Par exemple, la plupart des cas de fémicide sont commis par des partenaires ou des ex-partenaires, et sous-entendent des violences continuelles à la maison, des menaces ou des actes d’intimidation, des violences sexuelles ou des situations où les femmes ont moins de pouvoir ou moins de ressources que leur partenaire. Diana Russell, créatrice de ce néologisme, écrivaine et activiste sud-africaine considère que des centaines de milliers de femmes sont victimes chaque année de fémicide, qu’il s’agisse de crimes d’honneur, de violence conjugale ou d’assassinats à des échelles variées.

Pour l’ l’Association des femmes autochtones du Canada « ces meurtres et ces disparitions résultent de la discrimination systémique et du déni de droits fondamentaux sur le plan économique et social ». L’organisme estime que les forces de l’ordre, les représentants des gouvernements n’ont pas réagit à temps et ont une attitude dédaigneuse face à la disparition d’une femme autochtone. Il s’agit d’un sexisme systémique et d’une discrimination des femmes autochtones à peine voilée. De plus, le Comité des Nations Unies sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes (Comité CEDAW) a considéré que la disparition et l’assassinat des femmes autochtone au Canada est la manifestation de violations très graves de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Une fin de non recevoir

L’Assemblée des Premières Nations et d’autres groupes revendiquent depuis 2012, une commission d’enquête nationale au sujet de la disparition de plus de 600 femmes et filles autochtones. En octobre 2013, le rapporteur spécial de l’ONU sur les peuples autochtones a demandé au Canada d’agir pour mettre fin a ce qui est désormais considéré, au vu des résultats de l’enquête, comme une grave violation de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. James Anaya a demandé au  gouvernement du Canada de créer une commission d’enquête nationale sur les femmes autochtones disparues ou assassinées au pays.

 

Dans le même ordre d’idée L’AFAC estime qu’une enquête publique nationale est nécessaire pour améliorer la sécurité des femmes autochtones et arrêter la violence qui leur est faite. Selon l’organisme, une enquête publique nationale permettrait au gouvernement de mener une enquête nationale exhaustive sur la violence envers les femmes et les filles autochtones du Canada, en plus d’établir les failles et les responsabilités dans les mécanismes de protection des femmes autochtones.

 

Le gouvernement fédéral leur a opposé une fin de non recevoir. La pétition contenant plus de 23 000 appuis que l’Association des femmes autochtones du Canada a présentée à la Chambre des communes pour exiger de nouveau une commission d’enquête publique nationale sur la disparition et l’assassinat de plus de 600 femmes autochtones, les conclusions et les recommandations du Comité des Nations Unies sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes (Comité CEDAW), les pressions de l’Assemblée des Premières Nations, les protestations des partis d’opposition n’ont pas réussi a convaincre le gouvernement conservateur de la nécessité de créer une commission d’enquête pour établir les responsabilités et mettre fin à la tragédie silencieuse qui frappe les communautés autochtones du pays. Il n’y aura pas de création d’une commission d’enquête nationale sur la disparition ou l’assassinat de plus d’un demi-millier femmes et filles autochtones.

 

Selon radio Canada, le gouvernement estime travailler à régler le problème en finançant une base de données qui permet aux autorités policières  de partager des informations sur ces cas de femmes disparues ou assassinées. Certaines provinces dont celles de l’Ouest ont manifesté le désir de s’attaquer à la violence faite aux femmes autochtones.

BOULAN

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