Cette pratique mafieuse sur le Certificat d’origine (CO) d’un groupe d’opérateurs économiques chinois basés au Ghana qui prive l’Etat malien de dizaines de milliards interpelle le Premier ministre, ministre de l’Economie et des Finances et le Directeur général des Douanes.
Pour bénéficier des avantages de l’espace communautaire de la Cedeao et de l’Uemoa, un groupe de cinq hommes d’affaires chinois ont installé des petites unités industrielles au Ghana. Sous le couvert de ces unités, les cinq hommes d’affaires font venir des produits de la Chine qu’ils se content de frapper du sceau « Made in Ghana ». Ainsi, obtiennent-ils des certificats d’origine sur des produits non fabriqués au Ghana. En attestent, les échantillons de carreaux – sur la photo – selon un spécialiste. « Ça fausse les règles du jeu. Ce sont les pays de l’Hinterland qui souffrent beaucoup », nous confie un ancien ministre de la République.
Ce vaste réseau, qui a des complicités internes, se cache derrière le vrai faux Certificat d’origine (CO) pour envahir le marché malien de toutes sortes de marchandises. Au niveau des services douaniers, ils déclarent les carreaux dont le poids du container varie entre 60, 80 et 90 tonnes. Nos sources sont formelles : lesdits containers contiennent d’autres produits différents de ceux figurant sur le Certificat d’origine.
Etablir une équilibre entre les produits CO et ceux sans CO
Ces Certificats d’origine douteux permettent ainsi à des opérateurs chinois de couvrir leurs pratiques frauduleuses qui tuent non seulement l’économie locale mais aussi empêchent les services douaniers d’atteindre leurs objectifs. Traumatisés par cette autre forme de concurrence déloyale, de nombreux commerçants maliens ne parviennent plus à importer de marchandises.
Ce groupe d’opérateurs économiques chinois est soupçonné de faire du lobbying pour réduire l’attribution des visas aux commerçants maliens désireux se rendre en Chine. Il nous revient que ce groupe a non seulement donné à 8 opérateurs économiques maliens l’exclusivité de leurs produits mais aussi ambitionne d’ouvrir des magasins à Bamako, notamment vers le stade du 26 mars.
Il revient maintenant au directeur général des Douanes de prendre ses responsabilités afin de trouver un équilibre entre les marchandises avec des Certificats d’origine frauduleux et ceux sans CO.
La Plateforme pour la lutte contre la corruption dirigée Pr Clément Dembélé avec la bénédiction du patron des patrons Mamadou Sinsin Coulibaly, appelle à des actions vigoureuses contre les faux CO. L’Organisation patronale des industriels du Mali (OPI) présidée par Cyril Achcar dans son « Libre blanc de l’Industrie » réclame « l’application du tarif extérieur commun (TEC) aux produits frauduleusement originaires de l’UEMOA et de la CEDEAO dont l’agrément TPC est contestable ». La mise en œuvre diligente d’une telle mesure permettra aussi aux gabelous d’atteindre leurs objectifs de mobilisation de recettes conformément aux exigences du Fonds monétaire international (FMI).
Chiaka Doumbia
Le challenger