En janvier 2013, lorsque les groupes armés terroristes ont franchi la frontière de la zone occupée pour progresser vers le sud. Pour contrecarrer cette menace de trop, le Pr. Dioncounda Traoré, ancien Président par intérim, a jugé nécessaire de demander l’aide aérienne de la France en soutien aux forces armées du pays.
Pour des raisons de politique intérieure, l’ancien Président français, François Hollande, a privilégié une solution de grande ampleur en envoyant dans la foulée un contingent de 4000 soldats au nord du Mali par voie terrestre. Depuis lors, la France demeure présente au Mali. De l’opération Serval à l’opération Barkhane, la sécurité est toujours délétère, gangrenée par le terrorisme.
L’opération Serval libère Tombouctou et Gao, mais pas Kidal
La France avec les troupes de la mission « Serval » parvient en peu de temps à libérer les villes de Tombouctou et de Gao avant de repousser, en l’espace de trois mois, une grande partie des quelque 2000 combattants djihadistes vers le Sahara ou la frontière algérienne. À Kidal, la seule région du Mali à majorité touareg, l’objectif officiel de la mission, à savoir rétablir l’intégrité de l’État malien, a été relégué au second plan pour des motifs tactiques.
L’opération « Serval » a permis au Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) de prendre tacitement le contrôle militaire de Kidal. Ce qui lui a permis de recruter ses combattants experts des lieux, pour la recherche d’otages français détenus dans les positions isolées des terroristes. Une décision aux conséquences graves.
L’intégrité de l’État malien n’est pas encore assurée à l’heure actuelle et la France est accusée par plus d’un Malien d’avoir contribué en grande partie à une telle situation. L’intervention militaire de la France, avec l’Opération Serval, n’a pas pu enrayer le terrorisme du Mali jusqu’à sa transformation, en 2014, en opération Barkhane.
Barkhane n’a pas réussi à éradiquer le terrorisme
Comme son devancier, l’Opération Barkhane qui a adopté une approche régionale n’a pas pu faire face efficacement au phénomène du terrorisme dans la région. Elle couvre cinq pays (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), d’une superficie de près de 5 millions de kilomètres carrés représentant 7,6 fois le territoire français (9 fois le territoire métropolitain). Si cette régionalisation est rendue nécessaire par la nature même de la menace à contrer, elle pose, cependant, un certain nombre de difficultés susceptibles d’obérer l’efficacité générale de Barkhane. Il apparait que l’élongation du théâtre des opérations induit des contraintes en matière de logistique, de gestion des ressources humaines, de planification, d’évacuation sanitaire, de respect des délais d’acheminement entre les différents sites, de maintenance ou encore de communication.
En l’occurrence, il apparait que Barkhane souffre, comme la plupart des opérations françaises, d’une carence de moyens ne permettant pas d’exploiter l’opération à son plein potentiel. Au final, il semble que l’armée française est pénalisée au plan stratégique. Et ce, malgré d’indéniables succès tactiques.
Compter sur soi-même pour sa souveraineté
En conséquence du coup d’État du 24 mai dernier, la France a décidé dans un premier temps de suspendre ses opérations militaires conjointes avec les forces maliennes avant d’annoncer finalement, jeudi 10 juin en fin d’après-midi, la fin de l’opération Barkhane, pour laquelle 5100 soldats sont déployés au Sahel depuis 2014.
L’objectif de la France est de sortir la présence française au Mali du cadre strict d’une opération extérieure de forces conventionnelles, pour la basculer le plus possible vers celui d’une coopération multilatérale. Cependant, ne serait-elle pas loisible que le Mali prenne à bras-le-corps sa propre sécurité ?
En tout cas, s’il est vrai que le Mali ne peut à lui seul assurer sa propre sécurité, faudrait-il encore que les intervenants internationaux agissent de bonne foi dans le cadre de leur intervention. Malheureusement, les États n’agissent que pour leur intérêt propre. Le Mali ne doit compter que sur lui-même pour préserver sa souveraineté.
SALIF SACKO, Enseignant chercheur à l’université des sciences juridiques et politiques de Bamako.
Source: malivox