La population de Fana et environnants ont tenu ce vendredi 24 octobre un grand meeting dans la Mairie de la dite localité pour demander le départ de leur juge, Moussa Samaké au motif qu’il couvre les voleurs et autres criminels de la ville. Cet appel n’a pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Car depuis plusieurs jours le juge concerné a quitté la ville, sans bruit.
Ils étaient des centaines, voire des milliers, ces hommes et femmes de Fana et environnants à investir la Mairie de leur Commune pour un meeting d’indignation contre les propos du Syndicat Libre de la Magistrature (SYLMA) qui a récemment tenu une conférence de presse pour soutenir le juge de Fana dans ses actions.
Cette conférence de presse des hommes en robe, a eu lieu juste après le passage du Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Me Mohamed Ali Bathily. Un ministre qui a eu le malheur de tomber au bon moment et au bon endroit, lorsque la tension sociale était à son comble, à cause des cas avérés et non punis de vols de bétails et d’autres crimes et délits par la justice locale.
Mais l’affaire, qui aurait le plus suscité le courroux, et qui fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est bien celle relative au vol de bœufs à quelques jours avant la fête par un certain Mahamane Cissé dit Diop, boucher de son état. Selon nos informations, la tête et la peau d’un bœuf volé ont été trouvés sous la table du boucher Diop. Sans attendre, ont fait appel à la gendarmerie pour arrêter le voleur. Au lieu d’agir comme il le fallait, les gendarmes ont prié le voleur pour qu’il les accompagne à la gendarmerie.
Après 72 heures à la gendarmerie, il a été mis à la disposition de la justice. Comme par enchantement, le voleur a été relâché à peine mis à la disposition de la justice. Ce qui n’est pas resté sans effet, car les victimes connaissant bien les intentions malsaines du juge se sont préparées en conséquence en arrêtant leur voleur (Diop), juste après sa libération par le juge Moussa Samaké ,pour le donner au Chef de village.
C’est ainsi que l’affaire a pris une autre tournure sur fond de forte mobilisation pour demander le départ du juge dans un délai de 48 h et l’implication du Ministre de tutelle pour calmer la situation.
Arrivé sur place, le Ministre a demandé aux manifestants de revoir leur délai afin de lui permettre de voir au clair la situation. Interrogé par son Ministre de tutelle sur la raison de la libération du voleur de bétail, le juge dira que c’était pour qu’il aille fêter chez lui.
C’est ce passage du Ministre qui a été vu par le Syndicat Libre de la Magistrature (le syndicat affilié au juge) comme une autre sortie médiatique contre les juges et l’institution judiciaire.
La sortie du SYLMA jette de l’huile sur le feu !
Ainsi, au cours de leur conférence de presse (choisie) du jeudi 16 octobre, le Sylma s’est brusquement remis de sa belle mort, pas pour réclamer une condition descente de traitements aux magistrats du pays, mais pour tirer à boulets rouges sur le ministre qui répond aux sollicitudes du bas peuple. Et en ces termes : « le ministre de la justice, c’est l’imposture et la démagogie drapées du vernis républicain. Bathily n’est ni un ministre compétent, ni un partenaire loyal ».
C’est à la suite de cette sortie médiatique de soutien total au juge de Fana, que la grande indignation a gagné la population de Fana.
D’où l’organisation par elle d’un grand meeting d’informations avec d’autres pour parler non seulement sur les raisons de divorce entre le juge, Moussa Samaké et sa population, mais aussi de ce qu’en pense la population de Fana sur la conférence de presse du Sylima.
D’ailleurs par rapport à cette conférence de presse du SYLIMA, un responsable de la société civile de Fana, Lamine Dembélé réplique avec véhémence en ces termes : « le syndicat devrait avoir honte en soutenant un tel juge. Nous craignons qu’ils ne soient pas tous un autre Moussa Samaké dans leur localité de compétence, car un syndicat qui agit ainsi peut difficilement avoir en son sein de meilleurs juges».
Pour ce qui concerne les raisons qui poussent cette population à réclamer le départ de leur juge, elles sont nombreuses, prouvées et bien argumentées par elle. Au-delà de cette affaire de vols de bœufs, il y’ en a d’autres, comme des cas de viols de mineurs mal jugés par le même magistrat.
La population désavoue le juge !
Selon Aliou Traore, sa fille de 14 ans a été violée par 6 hommes et qu’au lieu de punir conforment à la loi, les auteurs de cet acte horrible contre sa fille, le juge, après 2 mois de prison seulement, a accordé de la liberté aux coupables en contrepartie d’une somme de 1.500.000f. Et l’un des auteurs selon lui, continuait de menacer à mort sa fille au point qu’il était obligé de la ramener à Bamako.
Une autre affaire de viol dont celle de la fille de 10 ans par un homme qui a été libéré aussi par le juge après avoir payé 3000f seulement. Cette accusation nous a été révélée par la mère de la victime, Assitan Dialo qui pleurait à peine sous l’effet de l’indignation. Elle n’était pas seule, notre confrère de l’Indépendant, Kassim Thera a failli voir ses larmes coulées lorsque la malheureuse dame racontait le sort tragique de sa petite fille de 10 ans qui a fait selon elle, 2 jours pleins avec son violeur sans aucune défense.
En plus de ces cas, le juge a été accusé par les manifestants dans d’autres affaires. Selon Binafou Diarra, un vieux âgé d’une quatre vingtaine d’années, le juge a envoyé chez lui, un émissaire l’accusant d’avoir gardé dans son troupeau de bœuf, un bœuf volé ou perdu sans qu’il n’y est à son actif, même un bœuf. Pour se tirer d’affaire, le juge lui aurait proposé de payer plus d’un million après 3 mois de captivité. « Seul Bathily peut nous sauver de ce juge », s’indigne un imam d’une mosquée de Fana.
« Le juge, Moussa Samake a failli mettre mon village en conflit avec Fana lorsqu’il a voulu démolir mon magasin qui se trouve au marché de Fana. La situation pouvait dégénérer mettant nos villages à dos à cause de cette affaire, car je pouvais me venger aussi en m’attaquant à des ressortissants de Fana de Markakoungo », affirme Nouhoum Sissoko, conseiller municipal à Markakoungo.
Malick Dembele présent au meeting, n’a pas pu se faire la souffrance du silence. « Le vol de bétail à Fana prend de plus en plus de l’ampleur et a une grande répercussion dans les localités environnantes comme Dioila » affirme-t-il. Avant de souligner que les malfrats sont de deux types. A savoir, ceux qui utilisent les gaz pour assommer l’animal pour l’égorger sur place et ceux qui jouent le berger en amenant l’animal volé à l’abattoir. « Le propriétaire a plus de chance de retrouver son bœuf avec les 2èmes qu’avec les premiers qui font toute leur opération sur place et en un laps de temps » précise-t-il.
Selon les manifestants, durant cette année, il ya eu plus de 1047 vols de bétails dans la ville de Fana et environnants. Et les auteurs sont connus. Mais jamais inquiétés.
Une chose qu’à même est sure, la tension est très vive et inquiétante et la population ne semble revenir sur ce nouvel ultimatum de 72 h qui expire ce lundi 27 octobre.
Heureusement, sans même attendre la fin de cet ultimatum, le juge Moussa Samaké n’a pas voulu se servir des propos du Sylma comme bouclier face à une population déchainée. Il ne s’est pas fait prier pour disparaître de tous les radars de Fana et environnants.
On annonce aussi, que le voleur de bœufs, Mahamane Cissé dit Diop est actuellement en prison et son vétérinaire complice qui l’aidait a quitté la ville de Fana comme réclamait la population de Fana.
Modibo Dolo
Source: Tjikan