Comme en juin 2021, les décideurs politiques des deux côtés de la scène où se joue le mélodrame diplomatique franco-malien ne semblent pas encore tenir compte de l’avis, de la posture, des hommes en première ligne de la lutte contre le terrorisme au sahel.

Une fois de plus, ils ont tenu des discours et pris des décisions qui cadrent avec les impératifs de politiques intérieurs. Sur le terrain, primauté du politique commande, les deux armées sont obligées de suivre, d’obéir et de s’adapter.

Sommée de se retirer du Mali «en bon ordre», l’armée française ne veut pas se retirer en donnant l’image d’une force en déroute face à un ennemi encore à combattre avec ses alliés et ses partenaires africains au nombre desquels les forces armées maliennes, les FAMa.
Dans une note adressée aux hommes et femmes engagés au Sahel notamment le Chef d’État-Major des armées françaises salue le partenariat renforcé que Barkhane avait avec les FAMa au combat contre l’ennemi commun. Avant de saluer «leur courage et leur engagement » et louer les liens «de confiance et de respect mutuels, de ces liens qui naissent des combats menés côte à côte et du sang versé ensemble. »

Sacrifiant à la séculaire et traditionnelle élégance de l’officier, dans son message aux hommes daté du 17 février 2022 et relatif à la situation imposée par la décision des autorités françaises de retrait de la force Barkhane du Mali, le Général Oumar DIARRA, Chef d’état-major des armées maliennes demande à toute la chaîne de commandement militaire de «faire prévaloir l’esprit de frères d’armes » envers les militaires français et de «continuer la lutte contre le terrorisme au bénéfice des deux armées».

Autrement dit les FAMa et la force Barkhane, et en son sein la force Takuba, ont obtenu des succès militaires remarquables et reconnus se plient à la décision politique, mais restent déterminés à combattre résolument le terrorisme, pour l’honneur et l’intérêt des deux armées : que les terroristes soient vaincus.

Les militaires, maliens et français, s’ils obéissent aux ordres politiques font peu de place à la politique sur terrain. Leur mission sacrée de défense et de protection des populations leur interdit les calculs politiques et les zigzags diplomatiques. Ce qui les guide, c’est la fraternité d’armes et la hargne de détruire l’ennemi commun.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : Info-Matin