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Fakara Faïnké, président de l’UNAJOM : « La réussite du dialogue national et la réconciliation nationale passeront par la presse, mais à condition…. »

L’évolution de la presse Malienne de 1991 à nos jours, les conditions d’exercice du métier par les journalistes, le rôle que peut jouer la presse dans le dialogue national inclusif et le processus de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, ont été entre autres questions sur lesquelles le président de l’Union nationale des Journalistes du Mali, Fakara Faïnké s’est prononcé.

M. Le président de l’UNAJOM, en tant qu’une des associations faitières des journalistes du Mali, pouvez-vous nous présentez cette organisation ?
Merci, Faman Coulibaly pour m’avoir donné la parole. L’UNAJOM (union Nationale des Journalistes du Mali) est la première association faitière du Mali. Elle a été créé par des grands journalistes vers les années 1989, du temps en tout cas de l’UDPM (Union Démocratique du Peuple Malien) du président Moussa Traoré. Parmi ces grands journalistes, on peut citer quelques-uns comme (feu) le doyen Boukadary Diarra, ancien ambassadeur du Mali en France, (feu) Baba Daga, Daouda, N’diaye, Djibril N’bodj, Saouti Haïdara, actuel, directeur du journal « l’Indépendant », Ousmane Traoré, dit Pelé, ancien directeur de l’Essor », (feu), Ibrahim Famakan Coulibaly etc. Je présente mes excuses à toutes ces femmes et tous ces hommes dont je n’ai pas pu faire mention de leurs noms. Seulement, c’est pour vous dire qu’il faut rendre hommage à tous ces doyens qui ont pensé qu’il fallait créer une association de journalistes à un moment où le contexte était difficile pour la profession. Vous vous rendrez compte que tous ces grands étaient presque de la presse d’Etat. C’est quand (feu) le président Ibrahim Faman Coulibaly, journaliste à l’ORTM, ancien vice-président de la Maison de la presse, a élargi l’association aux privés, il l’a transformé sous forme de syndicat avec un récépissé. Dès lors l’UNION Nationale des Journalistes du Mali, s’est donné comme Objectif : la formation, la défense des intérêts moraux et matériels des journalistes. Nous considérons que tous les journalistes du Mali sont dans cette association même s’il y a d’autres faitières avec lesquelles nous nous retrouvons ensemble dans la famille mère que constitue la Maison de la presse. L’UNAJOM est d’ailleurs membre de cette Maison de la presse et nous sommes partie prenante de toutes les activités de grande faitière. Sur le plan extérieur, l’UNAJOM est membre de l’UJUAO (l’Union des Journalistes de l’Afrique de l’Ouest), membre de la FAJ (Fédération Africaine des Journalistes), membre de l’Union des journalistes Africain du Caire et la FIJ (fédération Internationale des journalistes) dont le siège Afrique se trouve à Dakar au Sénégal et le Siège mondial à Bruxelles. Nous collaborons avec toutes ces organisations dans le cadre de la formation, de la défense des intérêts matériels et moraux des journalistes. L’UNAJOM paye ses cotisations chaque année à la Fédération Internationale des journalistes(FIJ) qui nous soutien à chaque fois qu’il y a atteinte aux droits des journalistes dans notre pays et nous appui dans le cadre de la formation. Il en est de même pour l’Union des journalistes Africains du Caire qui nous octroie chaque année une bourse de formation pour nos journalistes.

Le président, pouvez nous parlé un peu de l’évolution de la presse Malienne de 1991 à nos jours
Ce sera très fastidieux, mais, on peut rappeler des grands moments depuis la lutte pour la démocratie au Mali de 1991 jusqu’à nos jours. Je peux vous citer le journal « Aurore» de l’ancien président de la Maison de la presse, Sadou Yattara, du journal « la Roue » avec (feu) le doyen Keita, les Echos, la Radio Tabalé etc. C’est pour vous dire que les journalistes, la presse dans son ensemble a été à l’avant garde du combat pour la démocratie dans ce pays. C’est pourquoi, la conférence Nationale a consacré la pluralité médiatique. Depuis lors, la presse malienne continue son évolution. Si je ne me trompe pas, il y a eu deux relectures des textes après la conférence nationale de 1991. Aujourd’hui, le besoin se pose. J’estime qu’il faut faire les Etats généraux de cette presse qui a beaucoup évolué. Nous avons nos jeunes qui ont embrassé cette profession très ouverte, des jeunes qui ont l’ambition de faire carrière dans cette profession. Mais, il faut le dire, l’Etat n’accorde pas encore l’attention qu’il faut à cette profession dont certains qualifient de 4ème pouvoir. Aujourd’hui, depuis 1992, les autorités ont accordé une subvention de 200. Millions de FCFA. Et, depuis lors nous sommes à ce stade et d’ailleurs, cette somme a été revue à la baisse à partir de la crise de 2012. Je suis sûr, qu’il n’y aura pas de stabilité dans le pays sans la presse. C’est elle qui est au début et à la fin de tout processus. Mais on a compris que les hommes politiques préfèrent maintenir des hommes de médias dans la précarité pour s’en servir à souhait afin d’accéder au pouvoir.
Mr le président, pourquoi, l’UNAJOM ne se bat pas pour obtenir ces droits des journalistes.
Merci. L’UNAJOM s’est toujours battu. L’ancien président avec ses pairs, j’ai nommé Sadou Yattara, ancien président de la Maison de la Presse et beaucoup d’autres, s’étaient organisés pour obtenir une Convention Collective pour les journalistes Maliens en 2009. Il Ya eu des experts qui ont travaillé sur ça en se basant sur les cas de nos confrères de la sous-région. Ce texte est encore à l’Assemblée et n’a pas été voté. J’ai toujours dis aux gens que le respect de l’Ethique et de la déontologie passera par l’adoption de cette Convention. C’est la Convention qui permettra de garantir le journaliste, de garantir sa stabilité et par-delà une rédaction. J’ai toujours dis que pour moi, il y a une école de déontologie mais pas d’école d’Ethique. Concernant cette dernière, il y a beaucoup d’aspect qu’il faut prendre en compte : l’éducation de l’individu lui-même mais aussi les conditions de sa vie. Bon nombre de nos camarades dont je tairais les noms sont devenus fous, de grands malades sans assistance aucune, ne bénéficiant d’aucune sécurité sociale. Certains sont morts dans des conditions difficiles. C’est pourquoi je dis qu’il n’y a pas d’école d’Ethique, car comme l’a dit le philosophe « on pense autrement dans un château que dans une chaumière ». Vous conviendrez avec moi, que le journaliste qui n’a aucune garantie est facilement manipulable et peux devenir un danger. Pour paraphraser l’ancien président : « un journaliste mal formé est comme un soldat ivre à son poste, tire sur tout ce qui bouge » Pour moi, comme l’a dit Corneille « sans argent l’honneur n’est qu’une maladie ». Ceci explique-t-il cela ? Je dis oui. Des milliards sont octroyés aux politiques qui ne font pas mieux que les hommes de médias dans la construction du pays. Maintenant pour mieux encadrés les médias aujourd’hui, je pense qu’il faut indexer 1% de l’aide public au budget de l’Etat comme à l’habitude de dire le doyen Hameye Cissé mais en fixant des critères comme l’application de la Convention collective comme une des conditions parmi les critères pour bénéficier de cette aide. C’est en cela que les hommes et les femmes de médias peuvent vivre dignement et il y aura moins d’atteinte à l’éthique et à la déontologie et la presse dans son ensemble pourra mieux accompagner le pays dans l’honneur et la dignité.
M Faïnké, quel rôle la presse peut jouer dans ce dialogue Nationale inclusif et dans la réconciliation nationale issue du processus d’Alger ?
La presse est incontournable dans le processus. Je vous rappelle que lors de la rébellion de 1991, les hommes de médias ont joué un grand rôle avec la signature des accords de Tamanrasset. Les autorités de l’époque ont impliqué les hommes de médias durant tout le processus. De la sensibilisation, à la démobilisation jusqu’à la réinsertion des ex-combattants, la presse a été associée. Aujourd’hui je vois le contraire. On n’a l’impression que les hommes de médias accompagnent plutôt les acteurs, c’est- dire les hommes et les femmes qui parlent de la paix et non accompagné le processus lui-même. Je vous dis que très peu de journalistes ont eu accès au contenu de l’accord de paix issu du processus d’Alger. L’accord n’a pas fait l’objet d’explication au sein même de notre corporation. Les uns et les autres ont cherché en leur manière pour s’en approprier. C’est pourquoi, vous voyez que la presse comme d’autres couches de la société ont compris maintenant les vrais enjeux de cet accord d’où cette levée de bouclier que vous constaté et dont certains confères ne cessent de relayer le côté négatif de l’accord. Il y a plus de 700 radios, plus de 300 à l’intérieur du pays, plus de 200 titres de journaux, sans compté nos confères en ligne, les télévisions etc. Les autorités doivent mesurer l’enjeu de la presse aujourd’hui dans le développement économique comme une ressource. Dès lors, il faut des lois qui s’adaptent à l’évolution de la profession. Il n’y a aucune loi par exemple sur la presse en ligne même si nos confrères se battent pour mieux organiser cette presse qui est un enjeu exceptionnel par sa rapidité. Pour la réussite du Dialogue national inclusif, les autorités doivent prendre en compte les propositions des hommes de médias. Et, pour la réconciliation nationale, les hommes de médias doivent être associés sans exclusif, être les vrais acteurs et non accompagner les acteurs. Dans toutes les régions du Mali, les hommes de médias doivent être mobilisés, formés, motivés pour mener à bien le processus. Comme à l’habitude de dire un confrère « la communication à un coût ». Et, c’est à ce prix que le Mali retrouvera rapidement sa stabilité. Les ressources octroyées à la presse ne sont rien devant tout ce qu’elle peut apporter comme solution à ce problème. Mais dans la pratique, on a l’impression que les autorités n’ont pas encore compris que la stabilité du pays dépend des hommes de médias. Pour certains, on peut faire la communication à la place des spécialistes eux-mêmes. Cela est regrettable mais c’est ce qu’on voit. Les populations à l’intérieur ne savent rien des accords et ce sont les hommes de médias qui peuvent mieux sensibiliser, éduquer les populations de la nécessité de ce dialogue, de la réconciliation nationale, bref amener les populations à la tolérance, à l’acceptation de l’autre, à la paix. Par exemple, il y a 4 ans de cela grâce à une synchronisation de différentes radios à partir de la radio Mali à Ségou, on est arrivé à dissiper une crise qui portait sur le manque d’eau dans toute cette région et la région de Mopti, une des causes du problème du centre du pays. C’est pour vous dire que la presse est au début et à la fin du processus pour qu’on puisse trouver une solution à la crise. La rébellion de 1991 en est une parfaite illustration où les autorités de l’époque ont eu le génie d’associer les médias. Cela nous a donné l’opportunité de sillonner tout le nord du Mali, de discuter avec les populations, de comprendre ce qu’ils cherchent, leurs préoccupations. Mais je pense que c’est où c’est la volonté politique qui manque où ce sont les acteurs qui sont dans les processeurs qui pensent que c’est eux qui peuvent trouver la solution et que les hommes de médias doivent parler de leurs actions. Et, malheureusement, c’est ce qui se passe. Pour moi, la presse doit être le premier acteur du processus pur un retour du pays à la normale
Quel est votre mot de fin ?
C’est de vous remercier. Et, j’ai toujours lancé un appel à tous les confrères de se donner la main. C’est ce que j’ai toujours dis, il faut éviter les déchirures inutiles entre nous, chose que cherche beaucoup d’hommes politiques. Ils tirent profit de cela. Chacun de nous à une vision des choses, sinon peut avoir un penchant pour l’un ou l’autre, mais l’essentiel pour nous, c’est de partager cette confraternité, partager cette profession qui nous unis et sauver l’essentiel. Nous devons savoir que le malheur de l’un d’entre nous est le malheur de tous et que le bonheur soit la joie de tous. J’invite tous les confrères à l’unité et surtout les jeunes à plus de courage et d’abnégation. Notre métier est très difficile et il y a beaucoup d’embuches Enfin, je lance un appel à toutes les faitières à se donner la main pour obtenir cette Convention Collective qui est appliquée dans tous les pays de la sous régions sauf au Mali.

Réalisée par Abdoulaye Faman Coulibaly

mali24

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