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Faits divers : LA CUPIDITÉ FAIT CHUTER O.

La restauratrice avait une affaire qui marchait très bien. Elle a choisi de trahir la confiance d’un homme qui lui voulait du bien

manger preparation cuisine condiment nourriture riz foyer menage« En voulant trop gagner, on risque de tout perdre ». Cette maxime, une ressortissante étrangère installée dans notre pays l’a expérimentée à ses dépens lors d’une cuisante leçon qui lui a été infligée il y a quelques semaines. Les faits se sont produits à Magnambougou et suscitent encore des commentaires passionnés dans le voisinage.

O. a atterri à Bamako voilà environ quatre années. Originaire d’un pays frontalier du nôtre, elle a choisi de s’établir dans un créneau que de toutes apparences elle connaissait bien, celui de la restauration. L’héroïne de cette histoire n’avait pas choisi la facilité. En effet, la spécialité dans laquelle elle s’était installée la mettait en concurrence avec des centaines de braves femmes qui officient soit devant une grande table installée dans un espace passant, soit dans un kiosque placé à un coin de rue.
O. fit ses débuts dans un quartier populaire de la rive gauche en Commune II où elle demeura près de deux ans. Ceux qui la connaissaient bien soulignent unanimement que notre dame avait assez rapidement percé dans le milieu des tenanciers de mini restos. Son atout ? La qualité et la variété de la nourriture qu’elle proposait. Elle avait réussi à s’attirer une nombreuse clientèle composée non seulement de Maliens, mais aussi de ses compatriotes. Les menus concoctés par O. comportaient bien sûr les produits demandés par les adeptes de la restauration rapide (brochettes, sandwiches divers, frites). Mais aussi les plats typiques du pays natal de la cuisinière et qui avaient fini par être très prisés par nos compatriotes.
Si vous interrogez aujourd’hui un ancien client de la dame, il louera sans réserve le professionnalisme de la restauratrice : accueil jovial, cuisine soignée et environnement salubre. A certains moments de la soirée, il fallait faire la queue pour être servi. Deux catégories de clients se succédaient en effet au resto. Les premiers arrivaient vers le petit soir soit pour prendre un repas, soit pour acheter un plat à emporter. Ils étaient suivis des clients de la deuxième partie de nuit. Eux, qui étaient des noctambules invétérés, venaient chercher de quoi se caler l’estomac au terme de leurs pérégrinations nocturnes.

LA MORT DANS L’ÂME. O. fut cependant obligée de quitter un emplacement où elle réussissait très bien. Les conditions de ce départ fait à son corps défendant ont été des moins banales. A l’époque, la restauratrice vivait avec un de ses compatriotes. Ce dernier avait un très grave défaut, c’était un consommateur immodéré de boissons alcoolisées. Chaque fois qu’il se présentait au resto de sa compagne, il était invariablement « dans les vapes », comme on le dit. Or l’homme avait le vin belliqueux. Il n’hésitait pas à apostropher de manière inconvenante les clients présents et provoquait une bagarre lorsque la tête d’un consommateur ne lui revenait pas. Ne pouvant plus supporter les frasques de l’ivrogne, certains clients s’étaient même résolus à faire des mises en garde à O. Malheureusement, cette dernière ne parvenait pas à canaliser son encombrant compagnon.
Le propriétaire du local qui servait de restaurant finit par être informé des troubles occasionnés par le perturbateur. Dans un premier temps, lui également demanda à O. de mettre fin au comportement inacceptable de son compagnon. Face à l’incapacité de la dame à trouver une solution à ce problème, le propriétaire finit par demander à la restauratrice de quitter son local. Car le buveur devenu intenable avait étendu son rayon d’action et s’en prenait désormais aux habitants du voisinage. La mort dans l’âme, O. dut chercher un autre lieu pour y installer son restaurant. Elle prit la décision de larguer toutes les amarres avec le passé en allant s’établir sur la rive droite, à Magnambougou.
Repartir pratiquement à zéro ne fut pas facile pour notre dame. Mais elle fut servie par un coup de chance. Ses recherches la firent aboutir à une villa appartenant à K., un de nos compatriotes installé en Europe. Ce dernier peinait à trouver un occupant qui accepterait de louer son bâtiment. C’était la position de la villa qui posait problème. Cette dernière était très proche d’une voie publique extrêmement fréquentée et la principale porte d’entrée débouchait (presque) directement sur la rue bitumée. Les candidats à la location qui avaient été séduits par le confort des lieux avaient rapidement changé d’avis quand ils s’étaient aperçu que malgré les murs épais, les bruits de la rue résonnaient dans toutes les pièces. L’occupant de la maison ne pouvait donc s’attendre à aucune espèce d’intimité.
Mais ce qui était une gêne insupportable pour un locataire ordinaire représentait au contraire un atout pour la restauratrice. La position de la villa facilitait aux clients l’accès et le fait de se trouver au bord d’une voie de grande circulation donnait immédiatement une bonne visibilité à l’établissement. De son côté, K. était découragé de voir son bâtiment rester aussi longtemps portes closes. Venu pour des raisons professionnelles à Bamako, il reçut donc avec intérêt la proposition de O. L’expatrié et la restauratrice tombèrent d’accord sur les conditions de la location et fixèrent très rapidement le montant de celle-ci.

UNE SOMME PLUS QUE MODIQUE. Ce montant était très modique, si on prend en compte la taille de la maison. Mais K., qui passe la majeure partie de son temps à traiter des affaires en Asie et en Europe, cherchait avant tout un locataire qui entretiendrait sa villa. Il demanda donc à la dame de lui payer 70.000 FCFA par mois. Cette somme devait être versée à un parent qui résidait non loin de la maison. O. se montra très prompte à exploiter l’aubaine. En quelques mois seulement de travail, elle était parvenue à se constituer une solide clientèle, encore plus importante que celle qui était la sienne sur la rive gauche. Le temps passant, et sur la suggestion de certains clients, elle améliora l’aménagement de ses nouveaux locaux. Elle fit installer une sono et avec l’accord du propriétaire fit construire dans la cour quelques cases rondes pour accueillir les amateurs de repas en plein air.
En réalité, O. avait des projets en tête qu’elle se gardait de partager. Ses nouveaux aménagements venaient d’un échange qu’elle avait eu avec une Béninoise qui l’avait approchée. Sa nouvelle « amie » avait suggéré à la restauratrice d’ajouter une autre corde à son arc et lui avait fait une proposition alléchante à laquelle la tenancière du restaurant n’avait pas pu résister. La Béninoise avait demandé à O de lui louer la partie inoccupée du bâtiment. Elle se proposait d’y aménager des chambres de passe. Les deux dames discutèrent du loyer à payer pour cette nouvelle « activité ». O demanda à la Béninoise 200.000 francs CFA par mois. Ce que l’autre accepta sans discussion.
A aucun moment, la tenancière du restaurant ne pensa à l’imprudence qu’elle commettait en rompant le contrat de confiance qui la liait à K. et qui lui avait valu de louer la villa à une somme plus que modique. Elle baignait donc dans une totale euphorie lorsqu’un coup de fil de K. la ramena à la réalité. Le propriétaire appelait O. pour lui faire savoir qu’il était en route pour Bamako pour des affaires. Il annonçait aussi qu’il ferait un crochet pour jeter un coup d’œil sur la maison et sur les aménagements qui y avaient été faits. Ce coup de fil plongea O. dans la confusion et dans la panique. Elle se rendit compte de la gravité de la faute qu’elle avait commise en sous-traitant la location d’une partie du bâtiment avec la Béninoise.
SANS POSER DE PROBLÈMES. Elle se rua donc chez son « associée » et lui demanda de libérer les lieux avant l’arrivée de K. Elle promit à la Béninoise de lui restituer l’usage des locaux après le départ du propriétaire. Mais l’associée ne l’entendait pas de cette oreille. Elle entra dans une vive colère et fit comprendre à O. qu’elle ne s’en irait nulle part La dame avait d’autant moins de raison de se montrer accommodante que la restauratrice lui faisait chaque fois payer à l’avance le prix de la location. Durant des heures, les deux dames tentèrent de trouver un terrain d’entente. La Béninoise resta en fin de compte figée sur sa position et refusa de concéder le moindre arrangement.
Des bonnes volontés s’impliquèrent alors dans la négociation et finalement la Béninoise accepta de se retirer à condition que O. lui restitue ce qu’elle avait payé. Ce à quoi la restauratrice s’engagea. Mais le jour où elle devait remettre la somme en question à son associée, O. disparut dans la nature et demeura totalement introuvable. La Béninoise ne se donna même pas la peine de faire chercher celle qui était devenue sa débitrice. Elle se savait en position de force e jugeait qu’elle n’avait rien à perdre, quelle que soit l’issue de cette affaire. Elle disposait en effet de documents nécessaires pour convaincre qui de droit et devant toute autorité qu’elle avait passé un contrat en bonne et due forme avec O.
L’expatrié est arrivé à Bamako comme annoncé. Il se rendit à sa villa pour y rencontrer O. et fut désagréablement surpris de constater que le local était occupé par d’autres locataires avec qui il n’avait jamais traité. K. choisit d’approcher calmement les inconnus pour comprendre ce qui avait changé en son absence. La Béninoise et ses collègues se firent un plaisir d’expliquer à l’homme d’affaires et dans les plus petits détails le deal passé entre eux et la restauratrice. K. ne voulut pas embrouiller davantage une affaire déjà très décevante pour lui. Il paya intégralement ce que O. devait à la Béninoise. Il demanda courtoisement à celle-ci de libérer immédiatement les lieux. La dame, qui avait obtenu ce qu’elle voulait, obtempéra sans poser d’autres problèmes.
Le propriétaire ne s’est même pas donné la peine de chercher à savoir où O. pouvait se trouver. Il décida de récupérer son bien sur lequel la restauratrice n’avait plus aucun droit après sa conduite inqualifiable. Il mit des ouvriers à repeindre sa villa et lui redonner la même apparence qu’elle avait avant que la tenancière ne la détourne à d’autres fins. La semaine dernière, la maison était fermée et le propriétaire serait retourné en Europe pour ses affaires. Quant à la dame O, elle demeurait toujours introuvable. Victime d’une boulimie pécuniaire dont elle aura certainement le plus grand mal à se remettre.

MH.TRAORÉ

source : Essor

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