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Face à Face Salva Kiir et Riek Marchar : La rencontre de la dernière chance ?

C’est en principe demain vendredi 9 mai que devrait se tenir, à Addis-Abeba, le premier face-à-face entre les deux figures de proue du conflit sud-soudanais. Ce devrait être l’occasion pour le président Salva Kiir et son rival Riek Machar, entré en rébellion, de se dire les quatre vérités.

 

soudan sud président Salva Kiir ancien vice-président Riek Machar

 

Ce rendez-vous tant attendu pour espérer faire bouger les lignes, n’est pas totalement acquis

Mais quand on sait la haine viscérale que se vouent ces deux héritiers de John Garang, la figure emblématique de la lutte pour l’indépendance du Soudan du Sud, l’on se demande si ce rendez-vous entre ces frères ennemis aura vraiment lieu, d’une part, et d’autre part, si ces derniers pourront parvenir à un accord, eux qui ont juré chacun d’avoir la peau de l’autre. En effet, même si Machar qui montrait des réticences, a confirmé sa disponibilité à rencontrer le président Salva Kiir, ce rendez-vous tant attendu pour espérer faire bouger les lignes, n’est pas totalement acquis parce qu’il faut, pour cela, que le premier, de sa brousse où il s’est réfugié depuis l’attaque de son fief le week-end dernier, puisse rejoindre la capitale.

Cela dit, il y a lieu de saluer l’initiative des Américains qui ont pesé de tout leur poids pour que la possibilité d’une telle rencontre soit une réalité. Cette position américaine est d’autant plus compréhensible que ce sont eux qui ont porté à bout de bras ce pays jusqu’à ce qu’il accède à l’indépendance le 9 juillet 2011. Voir donc cette œuvre avorter après seulement presque trois ans, peut être ressenti, quelque part, comme leur échec personnel.

Cependant, depuis lors, ce pays qui est le plus jeune Etat au monde n’arrive pas à amorcer son décollage, englué qu’il est dans une guerre de leadership entre le président Salva Kiir Mayardit et son rival Riek Machar. Pire, en très peu de temps, cette querelle d’individus a évolué en guerre ethnique entre Dinka et Nuer. Eu égard à l’ampleur que cette guerre a prise, en seulement cinq mois, avec de nombreux morts, il est impératif d’arriver à un face-à-face entre les deux leaders pour espérer avancer. Ce d’autant plus que des rencontres précédentes se sont déjà tenues dans cette même capitale éthiopienne, entre délégations des deux camps, mais n’ont rien donné de concret. L’on espère donc que cette fois-ci sera la bonne pour faire bouger les lignes sur les questions de fond. Mais là aussi, toutes les difficultés sont loin d’être aplanies, tant les uns et les autres ne semblent pas avoir le même agenda, ni les mêmes priorités.

On attend de voir si ce face-à-face se tiendra, et ce qu’il en sortira

En effet, pendant que les Américains espèrent obtenir de cette rencontre, l’application de l’accord de cessez-le-feu et lancer l’idée d’un gouvernement de transition, Machar, lui, parle de discussion préalable d’un accord de paix et d’une nouvelle Constitution.

Comme on le voit, avec ces protagonistes de la guerre au Soudan du Sud, rien n’est encore gagné. Demain n’est certainement pas la veille de l’arrêt des combats, encore moins le bout du tunnel pour une sortie de crise dans ce pays. Fondamentalement, cette guerre est une guerre de légitimité. Et le plus grave, c’est que les deux protagonistes se connaissent bien et de longue date. Chacun sait ce sur quoi et sur qui l’autre s’appuie, toute chose qui rend la situation encore plus difficile. Et après deux décennies de guerre contre le Soudan, l’on peut dire que les protagonistes ont la culture de la guerre.

En tout cas, l’on en vient à se demander si le Soudan du Sud était vraiment prêt pour l’indépendance. Peut-être que Béchir, le président soudanais, avait raison lorsqu’il s’obstinait à refuser la partition de son pays. Pour l’heure, il faut admettre avec Hervé Ladsous, secrétaire adjoint de l’ONU, que « ce qui est important, c’est de démarrer un processus et de sortir de cette spirale sanglante ».

Mais comment faire pour y parvenir ? Sur la question, en plus de travailler à un dialogue direct entre Kiir et Machar, l’ONU veut user de sanctions ciblées qu’elle voudrait dissuasives dans les deux camps. Mais ces sanctions produiront-elles les effets escomptés ? Rien n’est moins sûr. A l’analyse, il s’avère tout aussi important de mener des actions du côté des parrains de cette guerre, tapis dans l’ombre, et qui supportent tout l’effort de guerre. Le retour de la paix au Soudan du Sud passe aussi par la mise à l’écart des deux ennemis jurés.

Dans tous les cas, on attend de voir si ce face-à-face se tiendra, et ce qu’il en sortira.

© Le Pays — Outélé KEITA

 

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